Salomon dit non, pour combien de temps?


Confinement à Paris et en Île-de-France: Salomon dit non, pour combien de temps?
Malgré la hausse des indicateurs du Covid-19 et une pression hospitalière toujours forte, Paris et sa région ne sont pas menacés par un nouveau confinement, a assuré Jérôme Salomon, directeur général de la santé.

[Mis à jour le 9 mars 2021 à 11h06] Jérôme Salomon a pris une position détonante ce mardi matin, alors qu’il était interrogé sur RTL. Le directeur général a évoqué la situation brûlante en Ile-de-France, à la fois d’un point de vue sanitaire, avec la montée des indicateurs et la pression hospitalière, et politique, avec le rejet ouvert de la mairie de Paris des menaces de reconfinement exercées par le gouvernement. « Le confinement de l’Île-de-France n’est pas d’actualité », a tranché le directeur général de la santé, après un nouveau week-end lors de l’écoute des Parisiens et Franciliens ont encore été en nombre à se réunir dans les jardins ou sur les quais.

Selon Jérôme Salomon, le confinement le week-end reste une mesure « de dernier recours », qui « serait proposé au gouvernement et au chef de l’État si nous avions l’impression que l’hôpital ne pouvait pas tenir ». Si les tenir, selon lui, la marge reste très étroite. En Ile-de-France, le Covid-19 ne régresse pas, bien au contraire, et observe une courbe ascendante. En réanimation plus particulièrement, la situation est alarmante avec 973 malades du Covid-19 pour 1 050 lits disponibles, si bien que l’ARS a donné « l’ordre ferme » aux hôpitaux de déprogrammer 40% de leurs interventions pour libérer des lits. Les taux d’incidence, notamment à Paris, dans le Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis, dépassent allégrement les 300 cas positifs pour 100 000 habitants. Face à ce tableau inquiétant, comment faire face aux restrictions sans nouvelles?

Paris et sa région sont toujours en « surveillance renforcée », autrement dit toujours sous la menace d’un confinement, et sa situation sera réévaluée ce mercredi en Conseil de défense, a fait savoir le ministère de la Santé à l’AFP. Si l’étau se resserre, Anne Hidalgo fait bloc et s’oppose plus que jamais à la mesure. Sur France Inter ce lundi, la maire de la capitale a proposé une alternative en évoquant un couvre-feu adapté à sa ville et ses administrés, en fonction de leur mode de vie. Au niveau régional, l’hypothèse d’un reconfinement le week-end semble plus acceptée. « Il faut se préparer à des restrictions dans les semaines à venir, ce que nous souhaitons, avec Valérie Pécresse, c’est éviter absolument un reconfinement total », a fait savoir la vice-présidente de la région Ile-de-France Alexandra Dublanche , au micro de France Info, tout en attestant que des discussions étaient en cours avec le préfet de police, le préfet de région et l’Agence régionale de santé (ARS) pour se diriger « vers un reconfinement le week-end ».

La maire de Paris Anne Hidalgo a réitéré son opposition à la mise en place d’un confinement, qu’elle juge « difficile, dure, voire inhumain ». L’édile a fait des contre-propositions pour éviter cela (voir plus bas). La mise sous cloche stricte de trois semaines, évoquée par son adjoint Emmanuel Grégoire, ne fait donc pas partie des solutions sur la table.

Les propositions d’Anne Hidalgo pour éviter un confinement à Paris

La maire de la capitale a répertorié toutes une série de propositions, qu’elle a publié un communiqué en conférence de presse lundi et détaillé auprès de France Info. Voici ce que l’édile souhaite instaurer pour contourner la mise en place d’un nouveau confinement à Paris:

  • Dans les établissements scolaires, mis en place de cours sur les fenêtres ouvertes ou en extérieur avec mise à disposition des parcs et jardins. Des sessions de dépistage auraient été faites auprès des élèves tous les 15 jours dans les écoles.
  • Mise à disposition de lieux spécifiques dans les musées, théâtres mais aussi gymnases aux élèves de terminale dans le cadre de la préparation du bac.
  • Pas de fermeture des parcs et jardins avant 18h
  • Multiplicateur par 4 les quantités de vaccins acheminés dans la métropole parisienne
  • Donner un accès prioritaire au vaccin aux enseignants et aux agents municipaux
  • Renforcer le dispositif de dépistage et d’accompagnement des malades du Covid-19 à travers Covisan.
  • Renforcer les moyens dans les cliniques privées
  • Déploiement de « médiateurs anti-Covid » dans les quartiers les plus impactés par le Covid, pour veiller au bon respect des mesures de restriction.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France a également donné son avis sur le confinement le week-end et souhaite, si cette décision est prise, que des chiffres précis sont évoqués par le gouvernement avant d’expliquer qu’elle  » souhaite néanmoins que ce reconfinement ne s’impose pas aux marchés découverts ainsi que des lieux de culte. « Il faut aussi sans doute réétudier la liste des magasins dits essentiels qui pourraient rester ouverts en y incluant les coiffeurs ou les fleuristes » dans des propos cités par Le Parisien. La région veut également mettre l’accent sur les dépistages dans les écoles, « nous avons d’ailleurs clairement dit que nous étions prêts à donner un coup de main à l’Éducation nationale pour ces opérations dans les lycées . L’idée serait de commencer par les établissements situés dans les zones les plus touchées par l’épidémie.

Les chiffres dans la région ne sont pas bons et ont augmenté une augmentation régulière du taux d’incidence. Le dernier taux d’incidence mesure, pour la semaine glissante du 27 février au 5 mars 2021, était de 346,9 cas pour 100 000 habitants, soit 1,5 points de plus en 24 heures. Le R effectif mesuré le 4 mars 2021 dans la région était de 1,15.

Selon le dernier bilan du Covid en Île-de-France, le nombre de personnes hospitalisées dans la région était de 5586 patients le 8 mars 2021, avec 416 nouveaux admis dans les dernières 24 heures. 984 malades étaient en réanimation, avec 107 nouvelles entrées dans la journée. 15 355 personnes sont mortes du coronavirus depuis le début de l’épidémie dans la région, soit 81 de plus en 24 heures. Le taux d’occupation des lits de réanimation au 8 mars 2021, à l’échelle régionale, était de 85,8%.

A Paris, le 8 mars 2021, le nombre de personnes hospitalisées était de 1154 patients, avec 105 nouveaux admis dans les dernières 24 heures. 293 malades étaient en réanimation, avec 33 nouvelles entrées dans la journée. 3321 personnes sont mortes du coronavirus, soit 8 de plus en 24 heures. Le taux de positivité des tests mesuré à la date du 5 mars 2021 était de 6,4%, alors que le taux d’incidence était de 333,8 cas pour 100 000 habitants, soit 2,1 points de plus en 24 heures.

Dans un communiqué publié le 5 mars, la préfecture de police a confirmé la fermeture de tous les centres commerciaux de plus de 10 000 m2, sauf pour les commerces alimentaires. Autre mesure importante, l’interdiction de la vente et de la consommation d’alcool dans plusieurs points stratégiques de la capitale dont voici la liste:

  • Les berges de la Seine, sur la rive droite et la rive gauche (entre le pont des Arts et le pont de Sully, les berges de l’Île de la Cité et les berges de l’Île Saint-Louis)
  • Centre de Paris: place Joachim du Bellay, Fontaine des Innocents, place du Bourg-Tibourg, place du marché Sainte Catherine, rue des Hospitalières-Saint-Gervais, rue des Petits Carreaux
  • 5ème arrondissent: place de la Contrescarpe
  • 6ème arrondissement : rue de Buci
  • 7ème arrondissement: Esplanade des Invalides
  • 9ème et 18ème arrondissements: Place Lino Ventura, avenue Trudaine (entre la place Lino Ventura et la rue Turgot), rue des Martyrs (entre la rue La Vieuville et la place Lino Ventura), place du Tertre, rue Marcadet
  • 10ème arrondissement: Canal Saint-Martin (quais de Jemmapes et de Valmy), rue du Faubourg-Saint-Denis, cour des Petites-Ecuries
  • 11ème arrondissement: rue du Général Renault, rue du Général Blaise
  • 14ème arrondissement: Place Flora Tristan

Enfin, dernière mesure qui en est pas vraiment une, l’accélération de la campagne de vaccination. Tout au long du week-end et dans les prochains jours, de nouvelles doses et créneaux vont permettre aux habitants de la région de se faire vacciner plus rapidement afin de bénéficier d’une immunité collective « rapide ».



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