Il est temps de nettoyer les normes de reporting climatique


La cause du changement climatique a été un vainqueur improbable de la pandémie de coronavirus. La crise sanitaire s’est avérée un signal d’alarme pour les gouvernements et les entreprises des dangers d’ignorer les risques externes et de sous-évaluer la résilience. Les experts ont longtemps mis en garde contre les conséquences du réchauffement climatique et on espère que 2021 sera une année charnière dans la lutte contre celui-ci. Les derniers mois ont vu une explosion du nombre d’entreprises promouvant leurs normes environnementales, sociales et de gouvernance. L’argent est également le moteur de cet agenda ESG. Larry Fink, le PDG de BlackRock, a utilisé sa lettre annuelle aux chefs d’entreprise le mois dernier pour avertir que le plus grand gestionnaire d’actifs au monde pousserait les entreprises à atteindre zéro émission nette d’ici 2050.

La montée de la rhétorique des entreprises masque cependant un écart important dans la manière dont les entreprises prennent en compte le risque de changement climatique. Une analyse récente du Financial Reporting Council britannique a révélé que si un nombre croissant d’entreprises fournissaient des «rapports narratifs» sur les questions liées au climat, seules six des 24 examinées faisaient référence au changement climatique dans leurs états financiers. Le secteur de la comptabilité peut être un allié improbable dans une lutte environnementale, mais un nombre croissant d’investisseurs soucieux du climat soutient à juste titre que si les entreprises ne précisent pas l’impact potentiel sur leurs bénéfices, l’investissement dans des activités à forte intensité de carbone est susceptible de se poursuivre, avec des conséquences tragiques. pour la planète.

En réalité, les normes de durabilité ne manquent pas. La Global Reporting Initiative, basée à Amsterdam, a été créée il y a plus de deux décennies pour mesurer l’impact externe des entreprises sur un large éventail de choses, notamment la société et l’environnement. Le Sustainability Accounting Standards Board fournit quant à lui 77 indicateurs de l’industrie qui suivent l’impact des problèmes environnementaux sur les comptes des entreprises. Plus récemment, Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, a lancé un cadre volontaire, le groupe de travail pour le système de divulgation financière liée au climat. Il n’est donc pas étonnant que les investisseurs se plaignent que la prolifération de normes qui sont en grande partie encore volontaires les empêche de pouvoir évaluer avec précision les risques dans différents secteurs.

La bonne nouvelle, c’est que la profession comptable a pris conscience du défi. Les quatre grands auditeurs ont annoncé en septembre dernier un nouvel ensemble de mesures ESG conçues pour rassembler les efforts des cinq principaux normalisateurs indépendants. L’objectif final: un système de reporting d’entreprise complet. La mauvaise nouvelle est que parvenir à un cadre comptable uniforme n’est pas une tâche facile. Une norme commune ne devrait pas seulement pénaliser les entreprises en première ligne du changement climatique, dont l’activité est dans les combustibles fossiles. Il devrait également être en mesure de démêler les sensibilités climatiques de ceux qui ne seraient pas automatiquement considérés comme vulnérables.

L’Accord de Paris de 2015 sur le climat est un moyen de mesurer le risque des entreprises. Il y a du mérite dans une récente proposition des investisseurs de demander aux entreprises de s’assurer que leurs états financiers sont conformes à l’objectif de l’accord de maintenir la hausse de la température mondiale depuis l’époque préindustrielle bien en dessous de 2 ° C. Et tout comme les entreprises estiment le coût futur du capital, les directeurs financiers devraient donc prendre en compte le coût futur du carbone. Un prix du carbone peut être incertain, tout comme la valeur temporelle de l’argent. La profession d’audit à elle seule ne changera pas le cours du réchauffement climatique; cela dépend des gouvernements et des régulateurs. Mais des normes comptables qui reflètent fidèlement les risques que prennent les entreprises ont un rôle essentiel à jouer pour accélérer la transition vers une énergie plus propre.

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