Veolia lance une offre hostile sur Suez


La bataille acharnée de Veolia pour acheter Suez a basculé dans une offre hostile, le groupe de l’eau et des déchets lançant une offre directement aux actionnaires de son rival après des mois de blocage par le conseil d’administration de la société cible.

Suez a farouchement résisté à une tentative de prise de contrôle qui a débuté à la fin de l’été et a traîné les deux parties devant les tribunaux.

Veolia a déclaré dimanche soir qu’il n’essaierait plus de convaincre le conseil d’administration de Suez, un engagement qu’il a confirmé en octobre en achetant une participation de 29,9% à Engie et en déclarant qu’il souhaitait récupérer le reste.

Il a offert 18 € par action pour le reste de la société, une prime par rapport au cours de clôture de 17,26 € de vendredi qui valorise les capitaux propres de Suez à plus de 11 milliards d’euros.

«Au cours des quatre derniers mois, Suez a multiplié les actions destinées à faire obstacle à l’offre de Veolia», a déclaré Veolia, qui tente de construire ce qu’il appelle un «champion du monde de la transformation écologique» avec un chiffre d’affaires annuel de 40 milliards d’euros.

Suez a déclaré que Veolia était «légalement empêché de déposer une offre publique d’achat en raison des engagements pris et qu’un tel dépôt serait illégal». Ses syndicats ont qualifié cette décision de «déclaration de guerre sans retour».

Un tribunal de commerce français a semblé soutenir la position de Suez lundi, suspendant l’offre publique d’achat, selon Suez. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré qu’il demanderait au régulateur du marché de se pencher sur la question.

Le Maire, qui a appelé à plusieurs reprises à des négociations entre les deux parties, a déclaré sur la radio française Europe 1 que «cette offre n’est pas amicale et qu’elle contrevient aux engagements pris à plusieurs reprises par Veolia».

Cependant, le directeur général de Veolia, Antoine Frérot, a déclaré lundi matin qu’il était confiant que son groupe pourrait surmonter tous les obstacles juridiques mis en place par Suez et que le régulateur français du marché avait un mois pour approuver l’offre.

Malgré le recul et l’intervention de l’État, l’escalade de Veolia est susceptible d’exercer une pression croissante sur le conseil d’administration de Suez dans la perspective de son assemblée annuelle des actionnaires cet été.

Le directeur général Bertrand Camus a refusé de s’engager avec Veolia mais a déclaré le mois dernier qu’il était prêt à ouvrir des discussions après avoir reçu une proposition alternative des fonds de capital-investissement Ardian et de Global Infrastructure Partners. Cependant, cette proposition repose également sur une issue amicale avec Veolia.

Pour gagner un effet de levier dans la lutte, Suez a créé une pilule empoisonnée en septembre, plaçant ses actifs français dans l’eau dans une fondation néerlandaise mandatée pour les protéger à moins que le conseil d’administration de Suez n’en décide autrement. Veolia avait l’intention de vendre ces actifs au fonds français Meridiam pour répondre aux problèmes de concurrence et a menacé d’essayer de renvoyer le conseil d’administration actuel lors de la prochaine AGA pour débloquer la fondation.

La dernière fois qu’il y a eu quelque chose de proche d’un accord acceptable pour Suez, c’était début octobre, lorsque Veolia a mis sur la table une exclusion élargie de l’activité eau française de Suez. Il représentait environ 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et pouvait être géré par la direction actuelle.

Frérot a semblé faire référence à ce plan en déclarant dans le communiqué de dimanche soir que «je suis plus que jamais disposé à discuter avec la direction de Suez du périmètre à renforcer autour de Suez Eau France que nous pourrions vendre».

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