Une des joies de l’Euro 2020 ? Regarder les fans de football occasionnels souffrir | Adrien Chilis


Fle football concerne le plaisir et la douleur, un jeu de balle à somme nulle. Le niveau de joie que nous ressentons devant un but ou une victoire se reflète précisément dans la douleur des autres. Cette douleur est, en un sens, au cœur du fandom de football ; car sans désespoir, il ne peut y avoir de joie.

Je me souviens de Colin Moynihan, en tant que ministre des Sports dans les dernières années du gouvernement Thatcher, disant quelque chose de bien intentionné, mais spécieux sur le football. C’était dans le sens du jeu étant une bonne chose pour l’économie car lorsque leur équipe gagnerait, la productivité de ses supporters s’améliorerait. N’avaient-ils pas des spads à l’époque ? Quelqu’un aurait sûrement dû expliquer que le contraire s’appliquerait également à la productivité des supporters du côté des perdants. S’il avait été un fan passionné d’un club, il aurait su que cela était vrai.

La valeur du tournoi de football, comme celui que nous vivons actuellement, est que les fans de beau temps peuvent goûter la saveur amère de la douleur que beaucoup d’entre nous traversent semaine après semaine pendant au moins neuf mois de chaque année. À ma honte et à mon discrédit, j’aime beaucoup voir ces gens souffrir.

Je parle du genre de « fan » qui vous dira qu’il n’a pas de club en particulier mais qu’il aime beaucoup le football et qu’il s’y met vraiment quand son pays joue. J’ai souvent observé mes équipes nationales, l’Angleterre et la Croatie, avec des exemples de cette espèce. Quand tout va mal, je ressens vraiment pour eux car il est évident que, n’étant pas habitués à ce sentiment horrible, ils n’ont pas les outils psychologiques pour y faire face. Mais il est toujours sombrement agréable de les voir en avoir un avant-goût.

J’espère au moins qu’ils ne me diront plus jamais – ni à personne d’autre en ces temps de douleur – qu’il faut se ressaisir car ce n’est qu’un jeu.

Adrian Chiles est un chroniqueur du Guardian

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