Opinion: L’interdiction des plastiques à usage unique proposée par Ottawa est un pas en avant, mais échoue


Lucas Harris est le directeur général de Surfrider Canada. Calvin Sandborn est le directeur juridique du Centre de droit environnemental de l’Université de Victoria. Adele DesBrisay est étudiante en alternance au VELC. Edith Barabash est stagiaire au VELC.

En décembre, le Canada a publié un projet de règlement proposant d’interdire certains plastiques à usage unique, notamment les sacs de caisse, les couverts, les pailles, les porte-anneaux, les bâtonnets à mélanger et les articles de restauration en polystyrène et en PVC. C’est l’une des interdictions les plus complètes au monde et c’est une étape positive, bien qu’incomplète, vers une économie circulaire des plastiques.

Après tout, notre économie de plastique inutile et jetable doit changer. Les déchets plastiques jonchent les communautés, submergent les décharges et pèsent sur les contribuables locaux. La production de plastique double tous les 20 ans, entraînant une production excessive de pétrole et de gaz, qui menace directement le climat mondial.

Pire encore, le plastique étouffe nos égouts pluviaux et nos océans. À l’échelle mondiale, la pollution plastique tue d’innombrables poissons, plus d’un million d’oiseaux marins et 100 000 mammifères marins chaque année. Les sacs en plastique empêtrent et noient les phoques et les dauphins, et sont mangés par les tortues qui les prennent pour des méduses. Les anneaux de six packs étranglent les oiseaux de mer. Les contenants alimentaires en polystyrène se fragmentent en petits morceaux qui étouffent les animaux. Les couverts et les pailles en plastique se décomposent également et sont mangés.

En conséquence, les particules de microplastiques sont désormais partout – dans l’eau et la bière, les fruits de mer et le sel, les fruits et légumes et l’air même que nous respirons. La Colombie-Britannique ne fait pas exception : une étude de l’Aquarium de Vancouver de 2014 a trouvé 3 000 particules de plastique par mètre cube d’eau de mer dans le détroit de Géorgie, tandis qu’une étude de l’Université Royal Roads de 2018 a trouvé des microplastiques dans chaque lot de mollusques et crustacés de l’île de Vancouver analysés. Une autre étude révèle que les saumons de retour en Colombie-Britannique ingèrent jusqu’à 90 particules de plastique par jour.

Cela soulève des inquiétudes croissantes quant aux risques potentiels pour la santé humaine – qu’il s’agisse de cancers, d’une diminution de la fertilité et de la fonction immunitaire, de troubles du développement chez les enfants ou de l’augmentation des taux d’obésité chez les adultes.

La bonne nouvelle, c’est que les gouvernements du monde entier, dont le Canada, commencent à s’attaquer au problème. Cependant, ce n’est que l’acte d’ouverture d’un avenir qui nécessite une réglementation plus large et plus stricte des plastiques. Dans sa forme actuelle, l’interdiction proposée par Ottawa, bien qu’utile, peut faire mieux.

Premièrement, il contient des échappatoires et des exemptions qui réduiront leur efficacité. Par exemple, ils autorisent la fabrication de plastiques à usage unique – si les plastiques sont ensuite exportés vers d’autres pays. Mais cette attitude « pas dans mon jardin » oublie que l’océan ne tient pas compte des frontières nationales – la pollution plastique à un endroit peut contribuer, et contribue effectivement, à la pollution plastique dans le monde entier.

Autre problème, la définition des pailles et couverts « à usage unique » est liée à leur durabilité dans l’eau chaude. Les fabricants pourraient contourner l’interdiction proposée en concevant les leurs pour qu’ils soient plus épais et plus durables, évitant ainsi d’être classés dans la catégorie « à usage unique ». Ironiquement, cela pourrait aggraver le problème si les produits nécessitent plus de plastique pour être produits, sont toujours jetés après un seul repas et mettent encore plus de temps à se dégrader dans l’environnement. Cette définition doit être peaufinée.

En outre, l’interdiction proposée des sacs de caisse en plastique à usage unique devrait être élargie pour inclure les sacs de produits en plastique à usage unique qui enchevêtrent et étouffent également les espèces marines. Les consommateurs devraient pouvoir transporter des sacs de produits réutilisables ou se passer de sacs, comme ils le font en France depuis 2017.

Enfin, le projet de règlement n’interdit pas non plus l’utilisation d’additifs plastiques toxiques, tels que les phtalates et les bisphénols, dans les contenants à emporter. Le Canada reconnaît que certains sont toxiques pour la santé humaine, mais l’interdiction actuelle de leur utilisation dans certains produits pour enfants ne va pas assez loin. L’interdiction des bisphénols et des phtalates toxiques dans les contenants alimentaires à usage unique est nécessaire.

Cependant, même si ces quatre changements sont apportés, la responsabilité d’agir du Canada ne s’arrête pas. Nous avons besoin d’un programme de surveillance pour évaluer l’efficacité de l’interdiction proposée et pour déterminer quels articles en plastique à usage unique seront inclus dans les futures interdictions (par exemple, les bouteilles d’eau). Nous devons également nous attaquer à d’autres formes de pollution plastique grave, telles que les engins de pêche abandonnés qui dévastent les environnements marins.

Nous avons besoin de normes pour les plastiques compostables et biodégradables – afin que les consommateurs sachent si les plastiques «verts» annoncés se composteront ou se dégraderont réellement. Nous avons besoin qu’Ottawa collabore avec les provinces et les municipalités sur des initiatives telles que des systèmes de remboursement des consignes de conteneurs, l’installation d’écrans de captage des eaux pluviales et l’éducation du public.

L’interdiction proposée par le Canada des plastiques à usage unique commencera à nous éloigner d’une économie qui cause des ravages dans l’écosystème. Il reste encore beaucoup de travail à faire mais, pour l’instant, il semble qu’un avenir sans plastique pourrait enfin être à portée de main.

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