Opinion: La France est sur une trajectoire de collision dangereuse avec sa population musulmane
Tu ne pouvais vraiment pas inventer ça.
En France, les femmes musulmanes utilisant leur libre arbitre et exerçant leurs droits fondamentaux à porter ce qu’elles choisissent de porter sont considérées comme un risque pour la sécurité. La tentative de la France de libérer et de sauver apparemment les femmes musulmanes de nous-mêmes et de nos foulards est un projet raciste et colonial déguisé en défense des valeurs laïques du pays. Le projet accumule les torts islamophobes sur les femmes musulmanes.
En effet, il est misogyne et haineux de forcer les femmes à retirer le hijab – autant qu’il est misogyne et haineux de forcer les femmes à porter le hijab.
Dans seulement deux ans, la France accueillera également les Jeux olympiques, destinés à rassembler les nations dans un spectacle uni d’inclusivité sur la scène mondiale. Une interdiction du hijab, source de division et de discrimination, ne fait que mettre en lumière à quel point la France est mal à l’aise dans la construction d’un État multiculturaliste moderne.
Le projet de loi va maintenant être révisé par l’Assemblée nationale, qui devrait avoir le dernier mot. Tout cela signifie que, pour l’instant, les femmes musulmanes qui font du sport avec le hijab se voient accorder un délai supplémentaire pour le faire, le projet de loi ne pouvant être adopté dans son état actuel.
Les tentatives visant à interdire aux femmes musulmanes de porter le hijab lorsqu’elles font du sport sont considérées par de nombreuses femmes et militantes musulmanes à qui j’ai parlé comme une page tirée directement du livre de jeu des talibans afghans et du régime iranien en refusant aux femmes leur propre agence. Cette interdiction est considérée comme bien plus que de nier aux femmes le droit de faire du sport, si ce n’était pas assez scandaleux.
L’interdiction du hijab sportif vise à déshumaniser, minimiser et effacer davantage les femmes musulmanes françaises qui choisissent de porter le hijab. Cela fait des femmes musulmanes des cibles de l’islamophobie sexiste sanctionnée par l’État et de la haine de droite.
Notre campagne a fait la une des journaux au Royaume-Uni et a attiré l’attention des médias du monde entier. Cependant, si nous étions trois femmes musulmanes françaises, nous n’aurions probablement pas été autorisées à entrer dans l’espace public ou politique du pays de la même manière – simplement parce que nous portons le hijab.
On m’a dit que je ne pouvais pas entrer dans le bâtiment du parlement à cause de mon hijab. J’ai expliqué que j’étais journaliste, là pour interviewer un politicien. Oui, je suis une femme musulmane portant le hijab, mais je suis aussi britannique – « Je suis aussi britannique que le poisson-frites », ai-je dit à la réceptionniste dans l’espoir qu’elle comprendrait que mon hijab n’avait rien à voir avec ce que je fais. mon boulot. La réceptionniste avait l’air horrifiée et confuse, puis m’a dit que je pouvais procéder à mon entretien.
En Europe, il existe une formule gagnante éprouvée pour les politiciens qui espèrent attirer les électeurs de la frange de droite avant les élections nationales. Et cela implique de transformer les femmes musulmanes et nos choix vestimentaires en football politique. De nombreux politiciens européens populistes en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, au Danemark, aux Pays-Bas et en Suisse, et bien sûr en France, ont utilisé cette tactique pour attirer les électeurs. Ils fouillent dans les garde-robes des femmes musulmanes et en sortent le hijab, le niqab et la burqa comme des expositions censées menacer le tissu même des valeurs et du mode de vie occidentaux.
En France, nous sommes bien sûr déjà venus ici. Plusieurs fois. En 2004, la France a interdit le port du hijab dans les écoles aux côtés des croix chrétiennes et des kippa, portées par les juifs pratiquants. L’interdiction a été imposée, selon l’État, au motif que les institutions de l’État sont censées être « religieusement neutres ».
En 2016, les autorités de 15 villes et communes de France ont interdit le « burkini », un maillot de bain modeste tout-en-un qui couvre tout le corps sauf le visage. Encore une fois, l’interdiction a été imposée pour soi-disant défendre les valeurs laïques de la France.
Le message a suscité de nombreuses critiques de la part de femmes musulmanes et d’autres soulignant le double standard d’une actrice américaine blanche, riche et célèbre, félicitée pour avoir porté un foulard comme choix de mode – tandis qu’une femme musulmane française choisissant de porter un foulard dans son propre le pays fait face à des restrictions sur ses choix de vie et ses mouvements et peut être condamné à une amende et criminalisé par l’État. Vogue France a ensuite supprimé la publication Instagram.
C’est à cette hypocrisie que la France doit faire face. Refuser aux femmes musulmanes nos droits au nom du maintien de la soi-disant neutralité est une feuille de vigne pour intégrer davantage le sectarisme anti-musulman et la misogynie contre les femmes musulmanes. Les femmes musulmanes françaises ne le défendent tout simplement plus, et beaucoup plus de femmes musulmanes en dehors de la France non plus. Nous appelons collectivement du temps sur ce racisme et cette islamophobie.
Le football et le sport nous appartiennent à tous, quelle que soit la façon dont nous choisissons de nous habiller. Laisse-nous jouer.