L’Inde ferme sa porte aux réfugiés birmans


A la frontière entre la Birmanie et l'Inde, dans le Mizoram, le 20 mars.

L’Inde ne veut pas sur son territoire des réfugiés birmans qu’elle considère comme des migrants «illégaux», malgré le drame qui se joue de l’autre côté de la frontière. Depuis le coup d’État militaire du 1euh février, qui a renversé de fait la chef du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, environ 3000 Birmans, dont des policiers et leur famille, refusant d’obéir à l’ordre de tirer sur les militants, avait fui la répression de la junte vers le Mizoram et les trois autres Etats indiens frontaliers avec la Birmanie – le Manipur, le Nagaland et l’Arunachal Pradesh. La plupart sont hébergés dans les villages et reçoivent l’aide des habitants et des ONG locales. La Birmanie demande aux autorités indiennes de les expulser. Les deux pays d’économiser 1 643 kilomètres de frontière.

Le ministre indien de l’intérieur, Amit Shah, a écrit le 10 mars aux responsables des États du nord-est de l’Inde pour leur demander de prendre les mesures nécessaires, de contrôler «L’afflux illégal» de Birmans en Inde, examine les migrants et lance les processus d’expulsion sans délai.

Dans le nord-est du pays, la position du gouvernement de Narendra Modi suscite la colère des habitants qui arrivent souvent à la même ethnie que les réfugiés, à la même religion, au christianisme et au même dialecte. Le chef du gouvernement du Mizoram, Pu Zoramthanga, représentant d’un parti qui défend la communauté Mizo, plaide pour l’accueil et l’aide aux Birmans et juge la communication du ministère de l’intérieur inacceptable. Il a envoyé, le 18 mars, une lettre au premier ministre, Narendra Modi.

Un «rôle équilibré et constructif»

«Le Mizoram, s’émeut-il, ne peut pas rester indifférent à leurs souffrances, l’Inde ne peut pas fermer les yeux sur cette crise humanitaire qui se déroule sous nos yeux, dans notre propre arrière-cour. » Il a exhorté le gouvernement à modifier sa politique étrangère, à fournir de la nourriture et un abri aux réfugiés. «Je n’en connais pas le nombre exact. Mais ils sont nos frères et nos sœurs », at-il déclaré à la presse.

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New Delhi respecte une position d’équilibriste à l’égard de la Birmanie, tiraillé entre sa volonté de ne pas couper les ponts avec Naypyidaw et celle de ne pas réveiller les tensions dans le Nord-Est. Depuis les années 1990, il s’appuie en effet sur les birmans généraux pour lutter contre les mouvements insurrectionnels séparatistes et indépendantistes dans cette région. D’un autre côté, New Delhi redoute que cette coopération redonne du souffle aux insurrections anti-indiennes dans le Nord-Est.

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