«Le sport est un formidable outil pour l’autonomie des personnes handicapées»


Michaël Jérémiasz, porte-drapeau de la délégation paralympique pour les Jeux de Rio, sur le perron de l'Elysée, en août 2016.

Dix mille pas et plus. Comment le sport a bouleversé la condition des personnes handicapées depuis cent cinquante ans. C’est ce que promet de montrer le documentaire De l’ombre à la lumière, porté par le réalisateur Philippe Fontana et le champion de tennis en fauteuil Michaël Jérémiasz, qui va incarner et raconter cette histoire en forme de road movie. Les deux amis, coproducteurs du film, ont lancé une campagne de financement participatif par la plate-forme Ulule, ouverte jusqu’au 19 mars. Entretien avec Michaël Jérémiasz.

Pourquoi ce documentaire?

Philippe Fontana, qui a beaucoup travaillé sur les questions de discrimination et de handicap, et moi avons des indignations communes, et les mêmes convictions humanistes. Nous pensons que pour changer le regard que la société porte sur le handicap et contribuer à une place plus juste des personnes handicapées dans la société, un film est un outil extrêmement puissant. Nous n’allions pas attendre que des producteurs et des diffuseurs recherchés à notre projet, alors nous avons décidé de le faire et cocréé une société de production, Les Gros Films.

Ce premier long-métrage va raconter comment le sport a changé la condition des personnes handicapées dans le monde. Pas juste le sport de haut niveau, mais l’activité physique sous toutes ses formes. Ce ne sera pas seulement un documentaire historique, chronologique. Il va être incarné par un homme de 39 ans, qui a eu un accident de ski somme toute banal, est devenu paraplégique puis champion – mais cela, c’est anecdotique -, et qui aujourd’hui évolue dans une société inadaptée à sa condition . Ce sera ma perception d’une personne avec un handicap mais qui est peut-être née au bon moment. Si j’avais eu mon accident il y a soixante-dix ans, je n’aurais survécu que quelques semaines.

Cette histoire de l’impact du sport sur la vie des personnes handicapées est peu connue…

Oui, et pas seulement du grand public. Les personnes handicapées elles-mêmes ne connaissent pas leur histoire. Je ne savais pas qu’il y a cent cinquante ans, on était des abominations divines et des monstres de foire. Je savais à peine que, pendant la seconde guerre mondiale, les juifs et les tsiganes n’ont pas été les seuls exterminés, les personnes avec un handicap étaient aussi en première ligne. Je ne savais pas qu’en France, à cette même période, on a laissé crever de faim 45 000 personnes dites folles. Peu de gens savent que le sport a été un formidable outil après la seconde guerre mondiale pour la reconstruction des blessés médullaires et des blessés de guerre. C’est toujours un formidable outil pour le prix de la confiance en soi, l’autonomie, et même l’espérance de vie. Il ya un enjeu de santé publique car les populations handicapées sont pour la plupart des sédentaires, donc développent des maladies cardio-vasculaires et vivent moins longtemps. A travers les personnes que je vais rencontrer, on montrera comment le sport nous a aidés et ce à quoi on aspire: être des citoyens de plein droit.

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