DOCU. Raymond Mayer : « à Wallis, les chants et danses délicats l’actualité et l’Histoire »


Raymond Mayer n’était pas destiné à devenir ethnomusicologue. Sa rencontre avec le territoire de Wallis et Futuna transformé en sa vie. Muni de son appareil photo et de sa caméra Super 8, il est subjugué par les danses et les chants de cet archipel. Découvrez le portrait de « Celui qui est devenu musicologue » dans ce nouvel épisode de « Vos photos, notre histoire ».

Raymond Mayer a 22 ans lorsqu’il pose les pieds pour la première fois à Wallis. Il découvre le territoire en 1969, dans le cadre de son service national. Il devient professeur à l’internat de l’archipel, qui accueille 100 filles et 100 garçons de tous les villages de Wallis et Futuna.

VPNH Raymond Mayer interne

Raymond Mayer pose devant l’internat de Wallis lors d’une photo de classe entre 1969 et 1971



©Bonne Compagnie

Raymond se doit d’enseigner les programmes de l’éducation nationale. En histoire, il parle de Vercingétorix. En géographie, ses cours concernent la France hexagonale, il évoque également la flore des pays tempérés et une faune qui n’existe pas à Wallis. Ce paradoxe le laisse perplexe. Le jeune professeur décide d’apprendre la langue locale pour mieux appréhender son nouvel environnement. Mika et Potapu, responsables des activités parascolaires, l’initient jour après jour au wallisien.

Raymond Mayer, Mika et Potapu - VPNH

Raymond Mayer entouré de Mika (à droite) et de Potapu (à gauche) devant l’internat de Wallis



©Bonne Compagnie

C’est grâce à sa compréhension de la langue vernaculaire que Raymond découvre avec étonnement la « production de grandes fêtes à danses« . Pendant ces danses, les textes chantés durent plusieurs heures. Ces textes changent d’une fête à l’autre. Les paroles contiennent des éléments d’actualités locales et internationales tout comme un journal télévisé. « Cette tradition vivante incorpore toutes les informations nouvelles. » La diversité des thèmes retenus est incroyable. Le cricket, la cueillette de fleurs ou la recherche de l’âme sœur sont chantés. Les « danses de plaisanteries » exposent les ragots du village avec un droit de réponse à la fête suivante. Toute la vie quotidienne du pays est contée dans les danses.

Danse wallisienne - Raymond Mayer - VPNH

Danse wallisienne



©Bonne Compagnie

VPNH - Américains à Wallis 2e GM

Américains débarquant à Wallis pendant la Seconde Guerre Mondiale



©Bonne Compagnie

Lorsque les États-Unis entrent en guerre après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, les soldats américains débarquent à Wallis, qui devient une base militaire stratégique lors de la Seconde Guerre mondiale. Près de 6 000 Américains, soit autant que la population locale, s’installent sur l’île. Les textes des danses retracent le passage des Américains sur le territoire. Comme par exemple, l’arrivée d’une matière inconnue de leur civilisation : le fer et l’importation de nouvelles machines comme les réfrigérateurs.

Tralala (ter) – J’ai appris par le fusil – Les chars d’assaut qui roulent avec fracas – Ce fer qui tue l’homme ! – Tilili (ter) – J’ai appris par la musique américaine – Les machines – Qui grelottent de froid – Des machines à glace – Qui font naître le froid !

Refrain d’un chant wallisien retranscrit par Raymond Mayer

Raymond revient en France hexagonale au terme de son service national. Il reprend un poste d’enseignant dans un collège de l’Aveyron. Quelques années après, il suit un cursus universitaire pour devenir ethnomusicologue à Lyon, où il retrouve des étudiants wallisiens. Il retourne plusieurs fois dans l’archipel océanien dans les années 80 puis au début des années 2000. Son lien avec l’archipel ne s’est jamais estompé.

Un film écrit et réalisé par Martin Courcier

Production Bonne Compagnie

Durée 14 minutes – © 2022

Prime La petite histoire de Raymond Mayer



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