Atténuation de La Nina: quelles conséquences planétaires?


Par Regis CREPET, météorologue

L’anomalie froide des eaux de surface de l’océan Pacifique, que l’on appelle « La Nina » par opposition à son inverse, El Nino, commence à s’estomper comme prévu. Cependant, les modèles numériques envisagent son léger maintien tout au long de l’année. Quelles seraient les conséquences pour les prochains mois?

La Nina 2020-2021 avait démarré fort en décembre, avec une anomalie de la température des eaux du Pacifique plongeant à -1,3 ° C, soit la plus forte Nina depuis 2010. Les conséquences en sont bien connus, avec notamment un refroidissement planétaire qui s’est vérifié. Ainsi, la température moyenne mondiale a baissé au niveau de 2014 en février, c’est à dire avant les années chaudes records consécutives au puissant El Nino de 2015-2016.

Carte: anomalies de température des eaux de l’Océan Pacifique au début du mois de Mars

Un refroidissement temporaire de la planète

Dans un communiqué de presse, l ‘Organisation Météorologique Mondiale (OMM) indique que « La Niña a pour effet de refroidir temporairement les températures à l’échelle mondiale. Cependant, elle n’a pas suffi à empêcher que 2020 soit l’une des trois années les plus chaudes jamais constatées. C’est au cours de la deuxième année de leur apparition que les anomalies La Niña et El Niño ont le plus précis sur les températures moyennes mondiales. Il reste donc à voir dans quelle mesure l’épisode actuel influencera les températures mondiales en 2021.  » A ce jour, on constate que le mois de février a été le mois le plus frais à l’échelle planétaire depuis 2014.

L’OMM indique également que, « mais alors que le phénomène La Niña provoque généralement un refroidissement, les températures des terres émergées devraient être supérieures à la normale dans la plupart des régions du monde de février à avril 2021. » Ces prévisions sont corroborées par le MetOffice, qui prévoit une année 2021 moins chaude que les précédentes, mais pouvant se situer tout de même dans les 10 plus chaudes depuis 1850 (la modélisation du MetOffice envisage la 6ème position), avec une moyenne planétaire qui serait entre 0,91 ° C et 1,15 ° C au-dessus de la période 1850-1900 (0,30 ° C à 0,54 ° C au-dessus de la moyenne 1981-2010), avec une estimation médiane de 1,03 ° C.

Quelle évolution pour les prochains mois?

Selon la NOAA, l’Administration météorologique américaine, il y a environ 60% de chances de passage de La Niña à une période « neutre » pendant le printemps de l’hémisphère nord 2021 (avril-juin). Malgré ce retour à la normale, des continueront à être observées sur les températures ainsi que sur les régimes de demander et de tempêtes.

Cette transition vers une période neutre semble fiable jusqu’à l’été. Les modèles envisagent ensuite une suite de cette phase neutre au moins pendant l’été dans l’hémisphère nord. Pour la suite, les prévisions pour septembre-novembre sont d’une moins bonne fiabilité avec un 45-50% pour la reprise d’une faible La Niña et 40-45% pour la poursuite d’une phase neutre, avec une très faible chance pour El Niño.

En résumé, l’année 2021 sera une année oscillante entre La Nina et le « Neutre », avec une possible reprise de La Nina pour l’hiver 2021-2022.

Quelles conséquences climatiques?

Hormis l’impact sur les températures planétaires, qui s’annoncent moins chaudes en 2021, la poursuite d’une faible Nina ou d’une phase neutre serait propice à une nouvelle saison cyclonique active dans l’océan Atlantique Nord. Cette perspective est donc inquiétante pour les zones concernées (Antilles, Caraïbes …) après une record saison 2020. Par ailleurs, cette configuration serait propice à un été chaud et très sec en Amérique du Nord, à un hiver austral très pluvieux en Australie et à une mousson indienne très active. Pour l’Europe, le lien de causalité entre la Nina et les prévisions pour l’été sont moins nettes: il conviendra de suivre la mise à jour de nos prévisions saisonnières à ce sujet.

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