Abderrahmane Bergui. Ancien arbitre international: «Il faut défendre les valeurs de l’arbitrage»


L’ancien arbitre international, Abderrahmane Bergui, est un acteur attentif de l’arbitrage. Riche d’une expérience de plus de 30 ans dans l’arbitrage, il a été membre du bureau fédéral et président de la Commission centrale d’arbitrage (CCA) lorsque la FAF était présidée par le regretté Rachid Harraigue. Actuellement président de l’association Ouled El Houma, il est bien placé pour parler de l’arbitrage, surtout en ces temps où il est décrié de partout.

-Commentaire jugez-vous la situation de l’arbitrage algérien?

Il est au creux de la vague. C’est le moins que l’on peut dire. Il traverse une période critique, conséquence directe de la démission morale et de l’incapacité de ceux qui le gèrent de l’extirper de l’environnement malsain où l’Ont confiné des individus sans foi ni loi. Des réseaux ont été mis en place pour le détourner de ses nobles missions. Etant un enjeu financier considérable, il a drainé une faune de personnes sans scrupules. L’instrumentalisation des désignations en est la parfaite illustration.

-Qu’est-ce qui se passe concrètement?

Il se passe des choses inimaginables. L’atteinte à l’intégralité des rencontres et de la compétition est permanente. Sous le regard complice d’une grande partie des acteurs du football et plus particulièrement de responsables au sein des organes et structures. L’arbitrage est gangrené à tous les niveaux. Aucun palier de la pyramide n’y échappe. Le drame, c’est regarderune voix ne s’élève pour dénoncer cette situation. A croire que la complicité est généralisée. A chaque journée de championnat c’est la même rengaine. L’arbitrage est stigmatisé, les arbitres sont accusés de corruption, des dirigeants pointés du doigt, mais au final rien ne bouge. C’est à croire que ce sinistre scénario est bien planifié et surtout protégé.

-Que faire?

Il faut sonner la révolte et chasser tous les ripoux qui ont trouvé refuge dans le football et fait fructifier leur misérable commerce. Il reste à espérer que le nouveau président de la FAF, Charaf Eddine Amara, pourra mener les réformes qu’il a annoncées, à commencer par nettoyer l’arbitrage de tous les virus qui ont sali son image. Sa première démarche sera d’opérer le grand nettoyage au niveau de la CFA. Tous ceux qui, à titres divers, ont participé à la clochardisation de l’arbitrage doivent être écartés et remplacés par des hommes intègres, propres et qui ne traînent pas de casseroles.
Les règlements de la FIFA imposent de désigner d’anciens arbitres de haut niveau à la tête de la Commission fédérale des arbitres (CFA), ce qui ne semble pas être du goût de certaines personnes qui font partie du bureau fédéral. Les compétences existantes, elles ont d’être jeunes, d’avoir officié au plus haut niveau, suivi des formations avec la FIFA et surtout de ne pas être impliquées dans la gestion et les affaires d’arbitrage au cours des dernières années . Il suffit d’une sincère volonté de changement dans le sens du bien pour que la situation se rétablisse rapidement.

-Plus facile à dire qu’à faire…

Il n’y a pas d’autres solutions. Il faut faire la guerre aux réseaux de corruption et aux hommes qui la protègent.

Le président joue gros. S’il arrive à redresser la situation de l’arbitrage, il aura rempli son contrat à moitié. Il est attendu sur ce dossier épineux. Pour réussir, il doit faire appel aux vraies compétences, des hommes propres. Je veux rassurer ceux que mon discours a toujours dérangés. Je ne suis pas demandeur d’emploi. Mon avenir est derrière moi. Ma mission a toujours été de réveiller les consciences sur les dérives. Je fonde beaucoup d’espoirs sur le président Amara pour redonner à l’arbitrage ses lettres de noblesse. Je souhaite que l’arbitrage soit définitivement réhabilité et que tous ceux qui ont été marqués, d’une façon ou d’une autre, à sa perte soient éjectés du football.

Avec d’anciens arbitres, nous comptons mettre en place un forum pour défendre les valeurs d’arbitrage et protéger les jeunes arbitres des prédateurs qui ont pignon sur rue.

Entretien réalisé par Yazid Ouahib


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