Une « Marche des libertés » contre l’extrême droite dans 140 villes en France


Un manifestant face à un gendarme mobile, le 12 novembre 2018, à Paris.

Après une et demi de crise sanitaire, qui a compliqué l’organisation de manifestations, la « Marche des libertés » offre une sorte de grand rattrapage pour les militants politiques et syndicaux, activistes écologistes et associatifs de divers secteurs.

Ils appellent à défiler ensemble samedi 12 juin dans près de 140 villes de France, afin d’énoncer « les attaques contre les libertés » qui se multiplient, selon eux, à cause de la montée de l’extrême droite et de lois « liberticides ». A Paris, après une conférence de presse à 12 h 45, la « Marche » partira à 14 heures de la place de Clichy, pour rejoindre la place de la République par le boulevard Magenta.

CGT, FSU, le Syndicat de la magistrature, ou encore l’UNEF, du côté des syndicats ; la Ligue des droits de l’homme, la Cimade, Oxfam, ou encore Attac, du côté des ONG ; Youth for Climate et France nature environnement pour les défenseurs du climat ; tous les partis de gauche : ce sont en tout plus de 100 organisations qui seront représentées.

Selon les initiateurs de l’appel : le député Insoumis Eric Coquerel et le porte-parole de Générations, Thomas Portes, le sujet des libertés s’est imposé de lui-même. Car ils estiment que la montée de l’extrême droite dans le pays, qui est selon eux aussi électorale que culturelle, est actuellement un thème majeur de colère pour les gauches, surtout en l’absence, pour l’heure, d’une alternative forte, de ce côté-ci de l’échiquier politique, à Marine Le Pen et Emmanuel Macron en vue de l’élection présidentielle de 2022.

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Gauche divisée

« La très grande diversité m’impressionne. Ça montre qu’il y a un souci d’autoritarisme du pouvoir, et une pression idéologique et électorale de l’extrême droite qui touche tout le monde », estime Eric Coquerel, qui reconnaît que l’ampleur de la mobilisation dans la rue samedi est imprévisible. Pour Thomas Portes, également président de l’Observatoire national de l’extrême droite, la marche à une « importance capitale » : « On sent sur le terrain que les gens (de gauche) en ont marre de prendre des coups. »

La diversité de la mobilisation, à confirmer sur le terrain, ne pourra cependant pas faire oublier les divisions qui minent la gauche, même sur les sujets qui concernent la laïcité, les libertés ou la sécurité, a choisi la liberté inconcevable il y a plusieurs années.

La participation des chefs socialistes, Olivier Faure, communiste, Fabien Roussel, et du potentiel candidat à la présidentielle écologiste, Yannick Jadot, à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, le 19 mai, a profondément secoué les partis de l’intérieur . Au point que le PS et le PCF ont signé un appel à mobilisation séparé de l’appel initial, dont le texte déplore que « reprendre ses idées ne constitue plus un interdit ».

Manifestation contre des lois « liberticides »

Les manifestants s’élèvent aussi samedi contre le gouvernement et la droite, qu’ils accusent de courir derrière l’extrême droite. Ils visent « les lois liberticides » du gouvernement, comme la loi « sécurité globale » et certains de ses articles, par exemple celui qui punit « la provocation à l’identification » des forces de l’ordre, censuré par le Conseil constitutionnel le 20 mai.

Ils fêteront le nouveau désaveu par le Conseil d’État jeudi au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, conspué à gauche. La haute juridiction a annulé plusieurs dispositions-phares du schéma du maintien de l’ordre, dont la technique de la « nasse » et l’obligation faite aux journalistes de quitter les manifestations.

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Le Monde avec l’AFP

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