Une Allemande jugée pour avoir rejoint l’EIIL et réduit en esclavage une femme yézidie | Nouvelles de l’EIIL/ISIS


Une Allemande qui s’est rendue en Syrie à l’âge de 15 ans pour rejoindre le groupe armé ISIL (ISIS) a été jugée pour avoir aidé et encouragé des crimes contre l’humanité.

Leonora Messing, aujourd’hui âgée de 21 ans, a comparu mardi devant le tribunal de la ville de Halle, dans l’est de l’Allemagne, soupçonnée d’avoir, avec son mari de l’EIIL, réduit en esclavage une femme yézidie en Syrie en 2015.

Au cours du procès, qui devrait durer au moins jusqu’à la mi-mai et se dérouler à huis clos, Messing devra également faire face à des accusations d’appartenance à un groupe armé et de violation de la loi sur les armes.

L’affaire très médiatisée a suscité une introspection en Allemagne sur la façon dont une adolescente d’une petite ville s’est endoctrinée et a rejoint la cause de l’EIIL.

Messing s’est enfuie de chez elle à Sangerhausen pour la partie de la Syrie contrôlée par l’EIIL en mars 2015.

une vue extérieure du tribunal de district de HalleUne vue extérieure du tribunal de district de Halle à Halle, Allemagne [Jens Schlueter/AFP]

Après avoir atteint Raqqa, alors le principal bastion de l’EIIL en Syrie, elle est devenue la troisième épouse d’un ressortissant allemand originaire de cette région.

Le père de Messing, un boulanger du village allemand de Breitenbach, n’a appris que sa fille s’était convertie à l’islam qu’en ouvrant son ordinateur abandonné et en lisant son journal après sa disparition.

Six jours après sa disparition, son père reçoit un message l’informant que sa fille s’est convertie et qu’elle est « arrivée au califat ».

« C’était une bonne élève », a déclaré son père, Maik Messing, à la chaîne de télévision régionale MDR en 2019.

« Elle avait l’habitude d’aller dans une maison de retraite pour faire la lecture aux personnes âgées. Elle a participé au carnaval en tant que majorette. C’est à ce moment-là que beaucoup de gens que nous connaissons l’ont vue pour la dernière fois.

Messing menait une double vie et visitait, apparemment à l’insu de ses parents, une mosquée de la ville occidentale de Francfort qui était dans le collimateur du service de renseignement intérieur allemand.

Un microphone est vu à l'intérieur de la salle d'audience de haute sécurité du tribunal de district de HalleUn microphone est vu à l’intérieur de la salle d’audience de haute sécurité du tribunal de district de Halle [Jens Schlueter/AFP]

Elle fait partie des plus de 1 150 personnes qui ont quitté l’Allemagne à partir de 2011 pour la Syrie et l’Irak, selon les conclusions du gouvernement.

Son cas a fait l’objet d’une attention particulière en raison de son jeune âge et parce que son père a accepté d’être suivi pendant quatre ans par une équipe de journalistes de la chaîne publique NDR.

Dans le cadre du rapport, il a rendu publics des milliers de messages qu’il a continué à échanger avec sa fille, offrant de rares aperçus de la vie quotidienne sous l’EIIL, mais aussi éventuellement de ses tentatives de se libérer.

Les procureurs affirment que Messing a participé à la traite des êtres humains après que son mari a « acheté » puis « vendu » une femme yézidie de 33 ans.

Messing, qui avait donné naissance à deux filles, s’est retrouvée détenue dans un camp contrôlé par les Kurdes dans le nord de la Syrie.

Rapatriement

En décembre 2020, elle a été rapatriée dans l’une des quatre opérations ramenant 54 personnes, pour la plupart des enfants, en Allemagne.

Bien qu’elle ait été arrêtée à son arrivée à l’aéroport de Francfort, Messing a ensuite été libérée.

L’Allemagne a été condamnée à plusieurs reprises par ses tribunaux à rapatrier les femmes et les enfants des membres des groupes armés.

Un tribunal de Berlin avait exigé en octobre 2019 qu’une Allemande et ses trois enfants soient ramenés, arguant que les mineurs étaient traumatisés et ne devaient pas être séparés de leur mère.

Selon les estimations officielles, il y a environ 61 Allemands encore dans des camps dans le nord de la Syrie, ainsi qu’une trentaine de personnes ayant un lien avec l’Allemagne.

En novembre, un tribunal allemand a été le premier au monde à rendre une décision reconnaissant les crimes contre la communauté yézidie comme un génocide, dans un verdict salué par les militants comme une victoire « historique » pour la minorité.

Les Yézidis, un groupe de langue kurde originaire du nord de l’Irak, sont depuis des années persécutés par les combattants de l’EIIL qui ont tué des centaines d’hommes, violé et réduit en esclavage des milliers de femmes et recruté de force des enfants comme combattants.

Syrie ISIL enfantsDes femmes et des enfants marchent dans le camp kurde d’al-Hol dans le gouvernorat de Hassakeh, dans le nord-est de la Syrie, où sont détenues des familles de combattants étrangers de l’EIIL [File: Delil Souleiman/AFP]



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