Entre inflation et soutien aux agriculteurs : la grande distribution à l’épreuve du Salon de l’Agriculture 

Suite au Salon de l’Agriculture, qui s’est tenu fin février, la grande distribution se trouve à un carrefour pour le moins délicat : dans un contexte marqué par une inflation persistante, les supermarchés multiplient les initiatives pour mettre en avant leurs engagements en faveur des petits prix, mais ils doivent aussi garantir une rémunération équitable aux agriculteurs. Mais comment concilier des prix attractifs pour les consommateurs tout en assurant une juste répartition des marges qui soutienne efficacement le monde agricole ? Eléments de réponse !

La position délicate de la grande distribution au Salon de l’Agriculture 

Le Salon de l’Agriculture s’est tenu dans un contexte tendu, et le secteur de la grande distribution se retrouve dans une position inconfortable, oscillant entre le désir de soutien et le risque de confrontation avec les producteurs. Des figures autrefois saluées comme Michel-Edouard Leclerc et Dominique Schelcher (Système U) pour leur rôle dans la lutte contre l’inflation, se voient désormais confrontés à une vague de critiques. Le mouvement de colère des agriculteurs de ce début d’année a mis en lumière des pratiques controversées : l’importation de produits étrangers, les centrales d’achat situées hors de France, et des négociations commerciales jugées violentes. « Il y a moins d’un an, Bercy nous a imposé le lancement d’un panier anti-inflation », soupire un poids lourd de la grande distribution. « Aujourd’hui, les responsables politiques nous reprochent de trop baisser les prix ». 

Dans ce contexte, une opération de déminage a été enclenchée par les distributeurs, qui choisissent de limiter leur présence publique. Carrefour, notamment, a décidé de ne pas tenir de stand au Salon pour la première fois depuis dix ans – une décision prise lors de la semaine du 15 janvier, en pleine montée du mouvement agricole, bien que l’enseigne dirigée par Alexandre Bompard nie tout lien avec cette fronde. La stratégie de discrétion s’étend aux médias, où le secteur préfère éviter les prises de parole susceptibles d’envenimer la situation. Patrick Lecercle, consultant spécialiste de la communication dans le commerce, explique : « Les Français aiment profondément les agriculteurs. Il y a une fibre émotionnelle, nostalgique, de la France d’antan. La mise en avant du fort taux de suicide dans la profession a diffusé l’idée que les grandes surfaces les tuaient, physiquement. S’exprimer publiquement est dès lors très compliqué ». 

Et si la solution consistait, plus simplement, à diminuer la part des distributeurs et à manger local ? A méditer… 

Pression gouvernementale sur la grande distribution : vers une réelle juste rémunération des agriculteurs ? 

A l’aune du Salon de l’Agriculture, le gouvernement intensifie ses efforts pour assurer une rémunération équitable aux agriculteurs dans le cadre d’un plan pour la souveraineté alimentaire française, convoquant un nouveau comité de suivi au ministère de l’Agriculture. La réunion, qui a rassemblé mardi matin les acteurs clés du secteur alimentaire, vise à démontrer la détermination de l’exécutif à exercer une pression sur les grands groupes distributeurs et industriels.

Quatre ministres, dont Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, se sont présentés face aux représentants des agriculteurs, ainsi qu’aux acteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution, pour ouvrir le dialogue. Le Maire a souligné l’engagement du gouvernement en rappelant l’implication de 150 agents de la direction des fraudes et le doublement des contrôles sur le terrain.

« Vérifier la bonne application des lois Egalim » et s’assurer du « respect des prix pour les agriculteurs » sont au cœur des préoccupations, surtout à l’approche du Salon de l’Agriculture et dans un contexte de colère grandissante chez les agriculteurs.

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