Rugby à 5, basket 3×3, beach-hand …: le sport nivernais prépare le terrain pour retrouver ses licenciés


«Nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été un calendrier de réouverture progressive pour […] le sport », s’est avancé Emmanuel Macron, mercredi 31 mars. Mais dans les instances sportives nivernaises, on prend avec précaution les annonces du chef de l’État. Et intérêt. Pour, en cas de reprise, être prêt à accueillir des licenciés frustrés depuis des mois.

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La tentation du rugby à 5

Michel Gelot, président du comité de la Nièvre de rugby, écarte l’idée d’une reprise du rugby classique avant le début de la saison prochaine. «Les joueurs ont plus l’habitude des chocs, perdent les bons réflexes pour les plaquages… Et ils ont besoin d’une réathlétisation importante. Pas celle chacun dans son coin, celle avec des contacts. »Alors le rugby nivernais a un plan de reprise,« pour remettre le plus rapidement un ballon dans les mains des joueurs »: le rugby à 5.« On a des projets de tournois pour les jeunes et les seniors, plutôt en juin », explique Michel Gelot.

Retrouver, par la pratique du rugby à 5, le goût des échanges. C’est important de rejouer pour notre sport. C’est même vital pour notre société.

Il y a le jeu, d’abord. Un rugby à toucher, avec beaucoup d’évitement. «Une autre forme de rugby. Certains pensent que ce n’est pas du rugby. Dans ce contexte, c’est le meilleur moyen de retrouver une activité collective. »Il y a l’esprit. «Les clubs ont envie de renouer avec la camaraderie. On perd notre sociabilité », déplore Michel Gelot, prudent (« il faudra l’accord du ministère des Sports et de la Fédération française de rugby) et enthousiaste («profitons de l’occasion pour faire découvrir une autre forme de rugby»).

Contrairement au rugby plus traditionnel, où les différences de niveaux physiques empêchent les affrontements entre équipes de niveaux trop inégaux, le rugby à 5 est plus enclin à l’ouverture. «On peut envisager de retrouver sur un même tournoi des équipes de Nevers, Saint-Léger, Pougues, Vauzelles, Clamecy, Châtillon-en-Bazois… Et le rugby à 5 étant un sport mixte, on peut mêler joueurs et joueuses», se félicite Michel Gelot, animé d’une mission: «Retrouver, par la pratique du rugby à 5, le goût des échanges. C’est important de rejouer pour notre sport. C’est même vital pour notre société. »

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Tournois, foot-pétanque, foot-golf …

«L’erreur serait de ne pas être prêt, au cas où», annonce Nicolas Trepka, conseiller technique départemental au district de la Nièvre. Comme la ligue régionale, le district envisage d’organiser un tournoi, «façon Ligue des Champions. Pour les poules, on réunait d’abord trois ou quatre équipes sur un site, avec des matchs de deux périodes de quarante minutes. On ferait s’affronter les équipes d’un même niveau. Ensuite, cela dépendrait du nombre de dates disponibles, évidemment. »Au bout, pas de coupe aux grandes oreilles, juste« le plaisir de rejouer au pied ».

«Chez les seniors, beaucoup ont découvert une autre vie, sans le football. On perd des licenciés. Les clubs restent sur deux saisons difficiles. Avec un tournoi, sur récupérerait certains joueurs sur le point de lâcher, sur leur redonnerait ce plaisir de se dire « je suis convoqué avec les copains » », souligne Nicolas Trepka. «La fédération envisage d’avancer l’ouverture des licences pour la saison prochaine, à début mai plutôt que début juin. On veut vite retrouver nos licenciés. »

Les clubs de football sondés mi-avril

Pour les clubs, la perspective d’un tournoi serait aussi l’occasion de préparer la saison suivante. «Même si c’est un tournoi sans enjeu, on doit laisser les clubs se préparer. Et avec la perspective d’une reprise début août du championnat, en Régional 1 notamment, ça veut dire une reprise en juillet. Donc s’ils ont pu s’activer dès mai, juin, c’est tant mieux. »Les équipes de jeunes pourraient, elles aussi, profiter de ce type de tournoi de circonstance. «On ne veut forcer la main à personne, mais on devine une envie chez les joueurs et les clubs. »Ils seront sondés, mi-avril, dans le cadre d’une visio avec le quartier.

En charge du tryptique développement-animation-pratique, Nicolas Trepka s’est évertué, déjà, à trouver d’autres formes de football. Du foot-pétanque et du foot-golf ont déjà été mis en place dans les clubs. «On est au bout de ce qu’on peut tenter pour faire du football sans contact. L’idée, là aussi, c’est de faire jouer les gens au football. Un autre footbal, certes. Mais c’est l’occasion de développer de nouvelles pratiques. »

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Handball et basket-ball: portes de sortie en extérieur

Pascal Guérin, président du comité de la Nièvre de handball, l’assure: «On est au taquet. »Au taquet, pour profiter de la moindre éclaircie au printemps et à l’été. «Jouer en salle, c’est impensable. Mais on a des idées: hand à quatre, beach-handball… », deux formes de ce sport qui ont en commun de pouvoir s’adapter facilement en extérieur (le beach-handball, appellation trompeuse, ne se limite pas à la plage) . «Même si les clubs préfèrent le hand traditionnel, plus tôt il y aura une reprise, mieux ce sera. Et c’est la seule porte de sortie qu’on peut envisager. »Des webinaires ont été mis en place« pour garder un lien ». Mais rien ne vaut le terrain.

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«Dans l’idéal, on aimerait que les clubs organisent des tournois en extérieur pendant l’été. C’est souvent une période d’activité pour notre sport », passé de 800 à 600 licenciés dans la Nièvre. Mi-juin, le comité départemental espère que se tiendra la Nuit du handball à Prémery. «C’est au conditionnel, mais c’est impensable de ne pas s’y préparer. Sur un des kits de buts de main. Jouer, c’est aussi mobiliser les bénévoles, qu’on craint de perdre », poursuit Pascal Guérin.

Draguer les non-licenciés

Pour l’érosion des licenciés, le handball souhaite ouvrir ses activités aux non-licenciés. «On ne sera pas les seuls à vouloir les draguer. On espérait reprendre en janvier puis en mars… Que de temps passé à élaborer des actions qui n’ont pas pu se faire. Et maintenant, on espère reprendre en juin. »Avec le risque, encore, de faire tout ça pour rien.

Nous avons demandé aux comités de faire l’inventaire des terrains en extérieur utilisables.

Bernard Depierre (président de la ligue de basket-ball)

La Fédération française de basket-ball a demandé aux ligues et aux comités de réflexion à des «pratiques alternatives». Autrement dit, à du panier en extérieur. «Nous avons demandé aux comités de faire l’inventaire des terrains en extérieur utilisables», rapporte Bernard Depierre. «Deux départements ont bien avancé, la Côte-d’Or et l’Yonne», précise le président d’une ligue BFC qui a perdu 25% de ses licences avec la crise.

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«On cherche à se sortir du guêpier et à organiser des événements pour garder les licenciés dans le coup. Pour, on souhaite organiser des tournois de 3×3, qui ne mèneraient à aucun titre, ils permettraient juste aux clubs de reprendre contact avec leurs licenciés et c’est déjà beaucoup. Les clubs ont été sondés. »

En attendant, la ligue s’efforce d’organiser régulièrement des réunions en visio sur des thématiques autour de notre sport, pour les dirigeants. Mais ça ne vaut pas le terrain… », reconnaît Bernard Depierre. Prévu le 8 mai à Dijon, le tournoi open 3×3 a été repoussé, «fin mai. On n’est encore sûr de rien, mais il faut être prêt. »

Owen Gourdin
owen.gourdin@centrefrance.com

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