quand et comment le gouvernement va trancher


La situation sanitaire du pays s’assombrit à mesure que le nombre de cas de Covid-19 augmente et que les variants du virus montent en puissance. Pourtant, le gouvernement attendra encore quelques jours pour décider ou non d’un nouveau confinement.

Après avoir longtemps dessiné un plateau, les contaminations représentent à nouveau en France. Cette courbe inquiétante est en partie dopée par la montée en puissance, encore limitée mais qui devrait s’accélérer, des différentes variantes du virus au sein de la population, à commencer par les variants britannique et sud-africain déjà secondés par une déclinaison brésilienne, et peut-être, demain, californienne. L’obscurité de ce panorama a vite réintroduit dans les têtes des scientifiques et sur les bureaux des politiques, l’idée d’un nouveau reconfinement du pays.

Si aucun allègement du dispositif n’est à l’évidence à l’ordre du jour, la possibilité d’un nouveau confinement ne l’a cependant pas requis emporté sur le maintien du système de couvre-feu à ce stade. Le silence persistant de l’exécutif d’un pu interroger l’opinion. Cependant, selon nos informations, le gouvernement entend bien réserver sa réponse quelques jours au moins et fait valoir plusieurs raisons pour motiver ce délai. Selon nos informations, Emmanuel Macron ne s’exprimera pas cette semaine au sujet d’un éventuel reconfinement, sauf en cas d’explosion soudaine des cas de Covid-19.

Chiffres et considérations politiques

Tout d’abord, les autorités doivent maîtriser l’ensemble des données permettant de jauger au plan national l’effet de l’avancement du couvre-feu à 18h. Ce mardi, son entrée en vigueur atteindra son dixième jour et les chiffres seront alors plus fiables. De plus, le gouvernement prend en compte des motifs plus ou moins directement politiques.

Premièrement, il doit rechercher une nouvelle fois l’adhésion des Français à un confinement, alors que leur lassitude est de plus en plus grande, et leur scepticisme face à la stratégie de l’exécutif de plus en plus demandé. De surcroît, tant l’Elysée que Matignon s’inquiètent des risques psycho-sociaux associés à un reconfinement. Emmanuel Macron a d’ailleurs répondu il y a dix jours à la lettre ouverte d’une étudiante de l’IEP de Strasbourg, et un échangé avec un groupe d’étudiants de l’Université Paris-Saclay ce jeudi.

Frein juridique

Les jeunes ne sont pas les seuls à témoigner d’un réel désespoir devant un fléau épidémique et social dont on ne voit pas le bout. Les commerçants redoutent qu’on leur impose une fois de plus de fermer leur enseigne. Bercy milite d’ailleurs, dans les réflexions en cours, pour que les boutiques restent ouvertes. « Les commerçants ont du mal à accepter un nouveau confinement. Il reste un traumatisme du mois de novembre avec la distinction des commerces essentiels / non essentiels, qui a été vécu comme une injustice », nous glisse-t-on au ministère des Finances.

Enfin, le dernier frein est juridique: le gouvernement veut éviter d’affronter des dépôts de recours supplémentaires devant le Conseil d’État, comme l’avaient fait certaines associations cultuelles et membres du clergé en novembre dernier. D’autant que les statistiques actuelles, avec un nombre de contaminations quotidiennes établies autour de 20.000 contre 50.000 en octobre, pour le moment et les modestes qu’il y a quelques mois.

Les pistes à l’étude

Enfin, sur le strict plan sanitaire, le sommet de l’État assure examinateur de près trois chiffres: l’évolution des variantes, le différentiel entre les entrées et les sorties à l’hôpital et dans les unités de réanimation, et l’avancement de la vaccination.

Quant aux pistes décrites par l’exécutif, elles n’ont plus rien pour surprendre. Soit le statu quo, c’est-à-dire le maintien d’un couvre-feu national à 18h, soit un confinement sur le modèle « allégé » du second, avec les commerces fermés mais les écoles ouvertes. Soit le confinement strict du printemps.

Les discussions agitent une dernière hypothèse, celle soulevée ce dimanche sur notre plateau par le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. Elle consiste soit à allonger une semaine les vacances scolaires de février, soit à décider d’une période de vacances unique pour le pays (au lieu du traditionnel découpage en trois zones), du 6 février au 8 mars.

Après le Conseil de défense

En tout cas, l’exécutif exclut de prendre une quelconque décision dans l’immédiat. Le Conseil de défense doit d’abord se tenir mercredi matin. Mais il devrait pas apporter de réponse définitive car Emmanuel Macron veut attendre de juger des résultats de quinze jours du couvre-feu pour arrêter son idée. Si l’économie d’un troisième confinement est retenue, le président de la République l’annoncera d’ailleurs lui-même, comme il avait fait les deux fois précédentes. L’entourage du Premier ministre, Jean Castex, a pour sa part demandé que celui-ci s’adresserait aux Français cette semaine.

Robin Verner avec le service politique de BFMTV

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