Ministre des Finances iranien : nous devons changer le cours de notre politique budgétaire


L’écrivain est le ministre iranien des finances et des affaires économiques

En Iran, les sanctions, les fluctuations monétaires et les taux d’inflation élevés ont conduit à des performances économiques inférieures à la moyenne et à un taux de croissance négatif ces dernières années. D’autres chocs négatifs tels que la pandémie de Covid-19 et les catastrophes naturelles ont encore accru la pression budgétaire. Par conséquent, le budget a augmenté plus rapidement que l’inflation – celui de 2021 était environ trois fois supérieur à celui de 2019.

Je ne sais pas encore quel sera le résultat des négociations nucléaires actuelles de l’Iran avec les 4 + 1 à Vienne. Quoi qu’il en soit, nous devons adopter une approche prudente pour notre prochain budget afin de ne pas bouleverser l’administration de l’économie. La stratégie de notre gouvernement était d’abord de stabiliser l’économie et ensuite de stimuler une croissance inclusive. Au cours des derniers mois, une partie du premier objectif a été atteint, l’inflation point à point diminuant sur une base mensuelle (passant d’une augmentation de 3,8 % à 1,6 %). Le cadre budgétaire 2022, qui commence avec le nouvel an iranien le 21 mars, doit poursuivre cette stratégie.

Compte tenu des obstacles actuels liés aux sanctions à l’exportation de pétrole brut, la stratégie du gouvernement précédent pour financer le déficit budgétaire croissant a accru notre dépendance à l’égard du marché obligataire. Le remboursement et le règlement de ces dettes incombent à la nouvelle administration. Nous avons également essayé, au cours de nos sept mois au pouvoir, de vendre plus de pétrole dans le cadre des restrictions existantes (avec une augmentation de 40 %) et d’augmenter les recettes fiscales.

La récente prolifération du budget iranien est le résultat direct d’une augmentation des dépenses courantes du gouvernement, alors que ses investissements dans divers secteurs ont diminué. Ceci, ainsi que l’incertitude généralisée sur l’économie du pays en raison de la pandémie, a également entraîné une baisse des investissements du secteur privé. Cela s’est à son tour traduit par un investissement net négatif ces dernières années, compromettant gravement la production future et le bien-être des ménages.

Dans ce contexte, et en réponse aux inégalités croissantes, le nouveau gouvernement a cherché à modifier le cap de la politique budgétaire. Notre objectif est de promouvoir la croissance économique, la stabilité des prix et la croissance inclusive. Nous recherchons également des réformes institutionnelles pour améliorer la discipline financière et réduire les dépenses.

Ainsi, notre budget pour 2022, qui est déjà approuvé par le parlement, comprend un certain nombre de réformes structurelles. Nous réduirons les taux d’imposition des sociétés de 5 % et réduirons notre dépendance à l’égard des obligations. Nous espérons réduire le déficit budgétaire en augmentant les salaires des employés du gouvernement à des taux inférieurs au taux d’inflation. Nous prévoyons également une augmentation des revenus d’exportation du pétrole.

Le nouveau budget iranien est conçu pour promouvoir une croissance équitable, notamment en augmentant les investissements publics. Le secteur public doit jouer un rôle plus actif dans l’investissement dans le capital physique. L’acquisition d’immobilisations est passée de 24 % en 2012 à 14 % en 2021 mais, dans le nouveau budget, la part des crédits pour l’acquisition d’immobilisations a augmenté de 4 %. Il s’agit d’une étape essentielle dans le renforcement de l’investissement public.

Nous souhaitons également réduire la croissance des dépenses courantes. Dans le budget 2021, cela s’élevait à environ 60 %. Ce pourcentage a été réduit à 38 % dans le nouveau projet de loi.

Enfin, nous prévoyons d’augmenter les recettes fiscales. Malgré la réduction des taux d’imposition des sociétés, le gouvernement a accru sa dépendance à l’égard des recettes fiscales durables au lieu de dépendre principalement du pétrole. Cela s’est produit grâce à des réformes substantielles du système fiscal ainsi qu’en augmentant la transparence financière pour réduire l’évasion fiscale et en introduisant un impôt sur les plus-values.

Nos modèles suggèrent que le nouveau budget de l’Iran conduira à des résultats positifs à moyen terme pour des variables telles que la production, l’investissement, l’emploi et l’inflation. L’approche adoptée dans le budget 2021 devrait réduire considérablement l’inflation au cours des trois prochaines années. De plus, l’investissement total et la production non pétrolière augmenteront plus rapidement.

Inutile de dire que le gouvernement est déterminé à maintenir la masse monétaire et la base monétaire sous contrôle strict. Cela nécessitera des réformes importantes dans le secteur bancaire, ainsi que dans des domaines extérieurs au budget de l’État (tels que les fonds de pension, le fonds national de richesse, etc.). Les négociations en cours à Vienne pourraient potentiellement conduire à des résultats économiques positifs pour l’Iran, en particulier dans le secteur bancaire et les changes. Nous sommes prêts à tout scénario qui émergera, pessimiste ou autre.

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