Les anges de l’ère des avalanches : l’équipe de sauvetage par hélicoptère la plus élitiste au monde


Le premier à sortir de la crête, Jaccard plonge dans la poudreuse et glisse vers le bas à travers un large champ de neige. Ses deux amis suivaient à distance de sécurité, quelques dizaines de mètres derrière. Ensuite, Jaccard a tourné ses skis sur la pente à 45 degrés et a tiré à travers un col entre les collines. Il a dérapé sur des plaques de glace et s’est frayé un chemin à travers des congères, prenant de la vitesse, essayant de trouver un itinéraire dans la neige sans traces. Il a fait un tour, puis un plus large.

Puis il a senti des ennuis.

Devant, le vent s’était mis à travailler sur la poudreuse fraîche qui était tombée toute la semaine, fouettant la neige en une énorme dérive – un énorme monticule en forme d’oreiller, connu sous le nom de plaque à vent, ou plaque à vent. Jaccard avait passé assez de temps dans les montagnes pour appréhender le danger de ce genre de dérive. Le nouveau tas de neige, reposant précairement sur l’ancien manteau neigeux instable, pourrait se détacher et dévaler la pente à la moindre perturbation.

Jaccard essaya de se ralentir ; il a fait une embardée mais n’a pas pu l’éviter. Soudain, il était sur la dérive, puis il a entendu un grondement grave et inquiétant. Tournant la tête, il a vu derrière lui une fissure ouverte dans la neige, 35m en arrière, déclenchée par le poids de son corps. Il regarda la gravité s’emparer de la neige délogée, l’envoyant vers le bas de la colline. L’énorme mur blanc glissait dans sa direction.

Jaccard a grimpé au sommet d’une montée, mais l’avalanche, se déplaçant maintenant à 60 mph, l’a rapidement rencontré. Il sentit le poids immense de la vague alors qu’elle s’enfonçait dans son dos, arrachant ses skis, lui fracturant une vertèbre et le projetant en direction du sol. Alors que la neige s’accumulait tout autour de lui, Jaccard a attrapé le cordon de son airbag et l’a tiré férocement juste avant d’être complètement englouti. Le mouvement a libéré 200 litres d’air comprimé d’un cylindre en acier, qui a donné vie à un système à double airbag. Il espérait que l’appareil gonflé le porterait au-dessus des plus petits morceaux de neige et de glace, et l’empêcherait d’être enterré.

Mais ce n’était pas assez. Le torrent était implacable et Jaccard pouvait voir les blancs et bleus brillants de la neige et du ciel céder maintenant la place à l’obscurité. Pour la première fois, il sentit le froid rouler sur lui, commençant à l’enfermer, étouffant tout accès qu’il avait à l’air. Instinctivement, Jaccard plaça ses mains sur sa bouche. Puis, finalement, tout s’est arrêté.

Il était allongé face contre terre sur le ventre, les jambes allongées, incertain de la quantité de neige sous laquelle il était scellé. Avec ses mains près de son visage, une petite poche d’air s’était fortuitement conservée près de sa bouche, mais la respiration devenait déjà difficile. Puis, crépitant sur son talkie-walkie, il entendit la voix pressante d’un de ses compagnons.

« Joël, tu m’entends ?

Le microphone pendait à un cordon qui sortait de son sac à dos. Mais il ne pouvait pas répondre. Il ne pouvait pas bouger ses bras. Il est resté immobile, luttant pour respirer pendant environ trois minutes. Puis tout est devenu noir.


Guide de sauvetage vétéran Gérald Mathys

Photographie d’Yves Bachmann

Pilote d’hélicoptère Air-Glaciers Gérald Maret

Photographie d’Yves Bachmann

Au dessus de la montagne, à Sion, dans la vallée du Rhône, Gérald Maret passait cette matinée dans un bureau de l’aéroport local. Il était 11h30 le 24 janvier 2021, lorsqu’une dépêche urgente arriva : Avalanche. Roc d’Orzival. Une personne, équipée d’airbag et DVA, portée disparue.

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