L’équipe de France boucle dans le Khumbu — Deux nouvelles routes, trois amis perdus » Explorersweb


Ce qui devait être un succès à célébrer est devenu un triste hommage à leurs partenaires, pour qui tout espoir est désormais perdu. Le Groupe français d’excellence alpine (GEAM), composé de huit personnes, dirigé par Stéphane Benoist, avait pour objectif d’ouvrir de nouvelles routes dans la vallée du Khumbu. La semaine dernière, l’équipe s’est divisée en deux, visant des objectifs différents – avec des fins radicalement différentes.

La tragédie se déroule

Thomas Arfi, Louis Pachoud et Gabriel Miloche ont opté pour le Mingbo Eiger (6 070 m), un sommet satellite de Kangtega, au sud de l’Ama Dablam. Ils ont passé deux jours à la base de la face ouest du pic pour vérifier les conditions sur leur itinéraire prévu. Puis, le 26 octobre, ils ont commencé à remonter le couloir qui coupe le côté gauche du mur. A 17h11, ils se présentent depuis leur site de bivouac. Ils ont dit qu’ils se sentaient bien. C’était la dernière fois que leur équipe à domicile a entendu parler d’eux.

Empreintes laissées par les alpinistes disparus, vues de l’hélicoptère. Photo: Services d’hélicoptère Kailash

La Fédération française des clubs de montagne (FFCAM) ​​n’a ménagé aucun effort pour tenter de localiser les trois jeunes grimpeurs. Le pilote expert Claudio Mittner a repéré le sommet depuis les airs dimanche et lundi. Pendant ce temps, une équipe népalaise d’élite comprenant Mingma G, Vinayak Malla, Ang Dawa Sherpa, Tsering Sherpa et Pemba Gyalzen s’est rendue au pied de la montagne pour commencer une recherche au sol.

Tout cela en vain. Les pilotes n’ont trouvé aucune trace, à l’exception des empreintes de pas des alpinistes sur la crête du sommet. Cela suggérait que l’équipe avait fait demi-tour à 5 900 m. Malheureusement, une avalanche qui s’est déclenchée à environ 6 000 m a balayé la ligne descendante d’empreintes de pas. Fait révélateur, du matériel de bivouac gisait éparpillé parmi les débris. Les sauveteurs au sol n’ont pas eu plus de chance, à notre connaissance. Mingma G a déclaré que les recherches se poursuivraient aujourd’hui, selon Carlos Garranzo.

Les alpinistes népalais continuent de rechercher les trois hommes disparus, mais il s’agit au mieux de récupérer leur corps maintenant. Photo: Services d’hélicoptère Kailash

Nouveau parcours sur Cholatse

Aujourd’hui, leurs partenaires de l’équipe GEAN – Pierrick Fine, Pauline Champon, Pierrick Giffard, Anouk Felix-Faure et le chef d’expédition Stéphane Benoist – ont révélé qu’ils avaient gravi une nouvelle voie sur la face nord de Cholatse. Ils sont restés sur la montagne pendant « six jours de froid glacial et de verticalité » entre le 25 et le 29 octobre. Ce dernier jour, l’alarme a sonné pour leurs amis du Mingbo Eiger.

Durant ces six jours, l’équipe a ouvert une superbe ligne de 1 600 m qu’ils ont classée ED, VI, M5+, WI5. Le bonheur qu’ils auraient ressenti de leur succès s’est toutefois rapidement assombrie lorsqu’ils ont entendu parler de l’avalanche.

Maintenant de retour chez eux en France, ils ont partagé quelques détails et photos sur le nouvel itinéraire, qu’ils ont nommé « Frères d’armes », en hommage à leurs camarades perdus.

« Louis, Gab et Thomas ont laissé un grand vide », ont-ils écrit. « Cette belle chute les a attirés au sommet du Mingmo Eiger non escaladé, puis les a malheureusement emmenés. »

En plus de la nouvelle route sur Cholatse, Fine, Champon et Giffard ont déjà ouvert une ligne sur Nare ri Shar (6 005 m), très proche du malheureux Mingbo Eiger.

L’équipe du GAEM nouveau parcours sur Cholatse, ‘Brothers In Arms’.

Ama Dablam : si proche, si loin

A quelques centaines de mètres au nord, des dizaines de grimpeurs s’alignent sur des cordes fixes et enfilent l’Ama Dablam. La plupart de ceux qui sont actuellement sur la montagne ont effectué leur rotation d’acclimatation au camp 2. Ils attendent maintenant au camp de base le signal pour commencer leur poussée vers le sommet. Certains s’appuieront sur un supplément d’O2 jusqu’au sommet de 6 812 m et grimperont soutenus par un assistant personnel ou un guide. À moins de changements soudains de la météo, il y aura des nouvelles du sommet dans les prochains jours.

Bien sûr, chaque personne a le droit de gravir l’Ama Dablam ou tout autre sommet à sa guise, en essayant de rester le plus en sécurité possible et de maximiser les chances de succès. En même temps, le style compte. Sur la route normale, Ama Dablam est relativement sûr et les grimpeurs dépendent du travail et du leadership de leurs guides Sherpa. En termes d’alpinisme, une telle réalisation se classe bien en deçà de ceux qui ont tracé une nouvelle ligne sur la face nord du Cholatse ou qui ont tenté le Mingbo Eiger.

Au fil du temps, peu de gens penseront aux trois jeunes alpinistes prometteurs qui ont perdu la vie sur l’un des centaines de sommets non escaladés du Khumbu, tous éclipsés par la taille et la célébrité de l’Everest.

L’équipe de France il y a quelques jours, lors du trek d’approche. Photo : GEAN

A propos de l’auteur

Angela Benavides

Angela Benavides

Journaliste senior, auteur publié et consultant en communication. Spécialisé en alpinisme de haute altitude, avec un intérêt pour tout ce qui entoure la montagne : de l’économie à la géopolitique. Après cinq ans à explorer des gammes professionnelles lointaines, je suis revenu à ExWeb BC en 2018. Je me sens comme chez moi depuis !

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