L’emprise du Droit et de la Justice sur la Pologne faiblit


Mises à jour du Parti Droit et Justice

L’auteur est professeur de politique à l’Université du Sussex

Le gouvernement polonais, dirigé depuis 2015 par le parti de droite Droit et justice (PiS), a suscité la colère de l’UE, de l’administration Biden et d’une grande partie des médias occidentaux qui forment l’opinion. Les points sensibles sont ses réformes judiciaires et médiatiques et son approche conservatrice des questions morales et culturelles. Tout comme Bruxelles déteste ce qu’elle considère comme l’approche autoritaire du gouvernement envers l’État de droit, Washington a critiqué une mesure du PiS qui pourrait forcer un groupe de médias américain à abandonner le contrôle du principal diffuseur indépendant de Pologne.

Le PiS reste le parti le plus populaire de Pologne, mais il a perdu son soutien ces derniers mois. D’environ 40 pour cent l’été dernier, ses notes dans les sondages fluctuent maintenant entre 30 et 35 pour cent. Lors d’une élection, ce niveau de soutien le laisserait en deçà d’une majorité parlementaire.

La fortune décroissante du PiS fait suite aux critiques de sa gestion de la pandémie, à une décision controversée sur l’avortement par le tribunal constitutionnel polonais et aux tensions au sein du camp au pouvoir qui ont nui à sa cohésion et à son unité de but. Ces tensions ont atteint leur paroxysme la semaine dernière lorsque Jarosław Gowin, vice-premier ministre et ministre de l’Économie, a été limogé du gouvernement. Gowin dirige le parti Accord libéral-conservateur, le partenaire junior de la coalition du PiS. Avec certains de ses plus proches alliés, Gowin a quitté le camp gouvernemental, privant le PiS de sa majorité législative.

Le gouvernement dépend désormais des voix d’un petit caucus dirigé par Pawel Kukiz, une rock star de droite anti-establishment devenu politicien, et de divers députés non-alignés. La situation précaire du PiS est exacerbée par le contrôle de l’opposition sur le Sénat, la chambre haute de la Pologne. Pour annuler les amendements adoptés par le Sénat, le gouvernement a besoin d’une majorité absolue de tous les parlementaires, car les abstentions comptent comme des votes contre.

Les prochaines élections législatives sont prévues pour l’automne 2023. À l’heure actuelle, le gouvernement semble réticent à déclencher des élections anticipées, en partie parce qu’il est techniquement difficile de le faire sans le soutien de l’opposition, mais aussi parce qu’il serait presque certainement perdant. Le PiS place plutôt ses espoirs dans son plan de relance post-pandémie « Polish Deal ». Financé en partie par l’UE, cela comprend un large éventail de politiques ambitieuses visant à stimuler la croissance économique et le niveau de vie. PiS espère que cela changera la donne politique.

Jusqu’à présent, le « Polish Deal » a eu peu d’impact sur les électeurs. Le parti au pouvoir estime que le public l’associe à l’augmentation des primes d’assurance maladie publique qui sont nécessaires pour aider à le financer, plutôt qu’à des réductions d’impôts et des mesures de dépenses sociales dont bénéficieront la grande majorité des Polonais. De plus, le PiS estime que les doutes des électeurs reflètent les critiques des éléments fiscaux du plan par Gowin et ses alliés. C’est pourquoi le parti a décidé de risquer de perdre sa majorité parlementaire formelle. Il considère cela comme un moindre mal que d’avoir un ministre éminent sapant constamment les principaux éléments du plan.

La question de savoir si le gouvernement dispose d’une majorité parlementaire fiable deviendra plus claire lorsque le parlement reprendra à l’automne. En plus de garantir l’adoption de ses réformes fiscales et d’autres mesures, un test crucial sera de savoir si les ministres et autres personnes nommées par l’État peuvent survivre aux votes de défiance parlementaires. Si le PiS ne peut pas obtenir la majorité dans ces votes, il sera tenté d’essayer de convoquer des élections anticipées de toute façon, pour éviter l’érosion constante du soutien qui viendrait d’être au pouvoir mais incapable de gouverner efficacement.

La majorité incertaine du parti rend peu probable le maintien du PiS au pouvoir pour le reste de cette législature. S’il parvient à obtenir le passage de ses réformes à l’automne et commence à voir son soutien des sondages augmenter, le scénario le plus probable est une élection au printemps prochain. De l’issue d’un vote aussi précoce dépendrait la refonte de la démocratie post-communiste polonaise depuis 2015, un sujet qui a causé tant de tensions entre le PiS et les alliés occidentaux de la Pologne.

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