Le point de vue des candidats français sur les politiques agricoles de l’UE expliqué – EURACTIV.fr


Les candidats aux élections présidentielles françaises ont présenté leurs plans pour l’avenir de l’agriculture lors du salon international de l’agriculture de février, le Salon de l’agriculture. EURACTIV France examine leur lien avec la politique de l’UE.

L’accent de Macron sur la souveraineté de l’UE

Le président français Emmanuel Macron – désormais réélu – a été salué par de nombreux acteurs du monde agricole pour son rôle dans les négociations de l’année dernière sur la politique agricole commune (PAC), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023.

La nouvelle réforme ouvrira la voie à une PAC plus juste, plus verte et plus performante. Il offre également une plus grande autonomie aux États membres à travers les plans stratégiques nationaux (PSN).

Les maîtres mots du quinquennat de Macron étaient l’indépendance et la souveraineté alimentaires, qui ont pris une importance nouvelle lorsque la pandémie a frappé et, plus récemment, la guerre en Ukraine.

Pour réaliser cette vision, le dirigeant français négocie avec la Commission européenne pour réduire les restrictions environnementales prévues dans la politique alimentaire et agricole phare de l’UE, la stratégie Farm to Fork.

Bien que cette stratégie ne soit pas contraignante, elle vise à réduire de moitié l’utilisation et les risques de pesticides, à réduire de 20 % l’utilisation d’engrais et à voir 25 % des terres cultivées en bio d’ici 2030.

Macron a annoncé vouloir revoir ces objectifs de l’UE dans son programme électoral présenté le 17 mars.

Le président français souhaite également ajuster la stratégie de l’UE de la ferme à la fourchette, basée sur un monde « avant la guerre en Ukraine », car elle pourrait entraîner une « réduction de 13% de la production », selon certaines études récentes.

« L’Europe ne peut pas se permettre de produire moins », a-t-il souligné.

Macron veut « adapter » EU Farm to Fork au monde de l’après-guerre en Ukraine

Le secteur agricole français visera « l’indépendance agricole », en donnant la priorité à la productivité par rapport aux objectifs de l’agriculture durable dans le Green Deal de l’UE pour faire face à une Europe post-guerre en Ukraine, a déclaré le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse jeudi 17 mars.

Pécresse privilégie aussi la souveraineté

La candidate de droite Valérie Pécresse des Républicains fait également de la production un axe important de sa campagne.

Pécresse semble être le candidat le plus vocal pour la stratégie européenne de la ferme à la fourchette, faisant écho aux études d’impact qui prédisent une baisse de la production européenne, mais aussi une baisse de 16 % des revenus agricoles et une hausse de 17 % des prix alimentaires.

Cette stratégie, inscrite dans le Green Deal européen, « prévoit l’attrition de la ferme européenne en coupant drastiquement ses moyens de production d’ici 2030 », a-t-elle expliqué dans un discours à Villers-le-Lac le 13 janvier.

A l’instar de Macron, elle entend mettre en place « une véritable taxe carbone aux frontières de l’Union européenne » et rétablir « l’équité environnementale dans nos échanges ».

La mesure de Pécresse imposerait des tarifs douaniers supplémentaires lors de l’importation d’un produit dont les normes dans le pays d’origine seraient moins restrictives que dans l’UE. Elle rappelle que « 15% des produits importés ne s’y conforment toujours pas ».

Tirer parti des plans nationaux

La candidate d’extrême droite Marine Le Pen du Rassemblement national a également critiqué la politique de la ferme à la fourchette.

Cela « menace gravement la souveraineté alimentaire des États membres de l’UE », a-t-elle expliqué dans son émission. Selon elle, de telles contraintes pourraient accroître les importations et générer un impact social et environnemental qui serait « catastrophique ».

Eric Zemmour, un autre candidat d’extrême droite, considère la stratégie de l’UE comme un obstacle à la puissance agricole de la France.

« C’est dans l’intérêt de nos agriculteurs de cultiver, il faut nourrir les humains […] Nous étions le premier pays exportateur, nous ne sommes plus que le troisième », a-t-il déclaré au Salon français de l’agriculture après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Mais Le Pen a reconnu les plans stratégiques nationaux comme l’un des éléments positifs de la dernière PAC en cours de négociation. « Cette évolution de la PAC est le signe que les États sont déterminés à reprendre en main le destin de leur agriculture », a-t-elle déclaré.

Cette augmentation de l’aide nationale va « restaurer notre balance commerciale agricole, de plus en plus menacée par des importations bas de gamme et parfois frauduleuses », a-t-elle déclaré. Sous la gouverne de Le Pen, le budget ira principalement vers l’élevage, la production de protéines végétales, le maraîchage et l’arboriculture, a-t-elle ajouté.

Les deux candidats d’extrême droite souhaitent également interdire l’importation des produits agricoles ne respectant pas les normes de production françaises, ce sur quoi presque tous les candidats sont d’accord.

Or, alors que Le Pen veut « exclure l’agriculture du champ des accords de libre-échange » – avec quelques « accords sectoriels » sur certains produits – Zemmour entend mettre un terme à toutes les négociations en cours et à venir.

« Nous devons arrêter d’importer des produits que nous n’avons pas le droit de cultiver en France », a déclaré Zemmour au Salon de l’Agriculture. Le Pen veut aussi « rendre la mention d’origine obligatoire ».

PAC pour l’environnement

Pendant ce temps, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et le candidat des Verts Yannick Jadot veulent une profonde réforme des politiques agricoles, nationales et européennes. Mélenchon a promis de modifier le plan stratégique national « d’ici août 2022 au plus tard ».

Les deux défendent une PAC qui aiderait à la transition écologique de l’agriculture – en commençant par redistribuer la redistribution budgétaire et en mettant fin aux aides à l’hectare comme c’est le cas actuellement.

Mélenchon propose de réduire les aides aux plus grosses exploitations en diminuant « l’aide à l’hectare » et en introduisant un plafonnement tout en doublant le budget alloué aux petites et moyennes exploitations.

Jadot souhaite cependant que l’aide soit conditionnée à la densité animale pour lutter contre l’agriculture industrielle, développer les systèmes de prairies et cultiver des légumineuses.

Pour stopper les importations et les exportations de matières premières qui nuisent aux agriculteurs locaux, il compte sur « un système de remboursement des aides de la politique agricole commune ».

Alors que tous les candidats veulent développer et soutenir l’agriculture biologique, Mélenchon entend doubler le budget des aides à la reconversion et au maintien de l’agriculture biologique – des mesures déjà prévues dans le plan stratégique national. Il a ajouté qu’une autre partie du budget serait consacrée à l’amélioration du bien-être animal et à l’élimination progressive de l’élevage industriel.

Mélenchon et Jadot sont les seuls à s’engager à éliminer progressivement les pesticides, plaidant pour une interdiction totale de l’UE d’ici 2030 par rapport à la réduction actuelle de 50 % prévue dans la stratégie de l’UE.

Macron présente un programme axé sur la souveraineté

Le président français Emmanuel Macron, qui a récemment confirmé sa candidature à la réélection, a présenté le programme électoral qui, espère-t-il, créera « une nation indépendante dans une Europe plus forte ».

Lors d’une conférence de presse jeudi 17 mars, Macron a proposé sa vision pour la France, …

Une « politique agricole et alimentaire commune » ?

Le candidat communiste Fabien Roussel souhaite transformer la PAC en une politique agricole et alimentaire commune prenant en compte les besoins alimentaires et environnementaux.

Jean-Lassale, candidat du parti Résistons !, veut rediriger les aides vers « les agriculteurs qui respectent leur terre et leurs animaux, pas la spéculation foncière ou les friches ».

La candidate socialiste Anne Hidalgo, pour sa part, souhaite 30 % d’agriculture biologique d’ici 2030.

[Edited by Alice Taylor]



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