Le deuxième tour, en chiffres


Les électeurs français retournent aux urnes pour la quatrième fois en deux mois alors que les élections législatives se terminent dimanche, dans la foulée du vote présidentiel d’avril. Quelque 48,5 millions d’électeurs sont inscrits pour voter dans 572 scrutins à travers le pays, les résultats étant attendus après la fermeture des bureaux de vote à 20 heures, heure de Paris, dimanche soir. FRANCE 24 expose les chiffres clés à garder à l’esprit alors que la France boucle la saison électorale 2022.

52,49 % d’abstention au premier tour

Au total, 25 696 476 électeurs inscrits – 52,49 % du total – ont choisi de rester à l’écart lors du premier tour de ces élections législatives, qui se sont terminées dimanche dernier. Selon les chiffres de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, basé à Stockholm.

L’évolution du taux de participation au deuxième tour et son évolution seront un facteur crucial pour les résultats finaux de dimanche. De manière significative, l’abstention ne coupe pas de la même manière les suffrages exprimés pour chaque parti. La démographie de la participation électorale tend à jouer en faveur d’Emmanuel Macron et de son Ensemble de centre-droit ! (« Ensemble! »), tandis que ses principaux challengers – la coalition pan-gauchiste NUPES de Jean-Luc Mélenchon et le Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen – sont généralement plus vulnérables aux problèmes de participation car leur soutien plus jeune et plus ouvrier tend à se présenter en moindre proportion aux urnes.


Amener les abstentionnistes du week-end dernier dans les bureaux de vote ce week-end est particulièrement critique pour la NUPES, l’alliance composée de l’extrême gauche de Mélenchon La France Insoumise (« La France insoumise » ou LFI), du Parti communiste français, du Parti socialiste et des Verts (EELV). La gauche ayant réussi à se mettre d’accord sur cette large coalition avant le premier tour, il reste très peu de soutien à obtenir des électeurs qui n’ont pas déjà soutenu le NUPES à l’époque. Ses meilleurs paris pour un plus grand nombre sont de taquiner le soutien de la foule Anybody-But-Macron et les non-présentations au premier tour.

289 sièges pour la majorité absolue

Le chiffre qui prévaut dans ces élections, un peu littéralement, est de 289 – le nombre de sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale de 577 sièges. Pour la première fois en 25 ans, atteindre ce nombre sera un véritable défi pour le côté du président français, en l’occurrence l’alliance de centre-droit de Macron Ensemble !.

Le parti La République en marche de Macron (« République en marche » ou LREM) a remporté 306 sièges à lui seul en 2017, avec son allié centriste Modem qui compte 42 sièges supplémentaires. Mais ces jours de domination sont maintenant au bord du gouffre.

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Après avoir raté de peu une place lors de la finale présidentielle en avril, le porte-drapeau de gauche Mélenchon a passé deux mois à faire pression sur les électeurs pour donner la majorité à sa coalition NUPES et, au moins indirectement, lui donner le poste de Premier ministre à la place. Alors que 289 sièges restent un peu loin pour la gauche (le sondeur Ipsos-Sopra Steria projette quelque chose dans les limites de 150-190 pour la NUPES), qu’Ensemble ! peut obtenir une nouvelle majorité absolue, ou simplement relative, peut être le plus grand point d’interrogation de la soirée. Ipsos projette le transport le plus probable du centre-droit se situant entre 255 et 295 sièges.

Une majorité législative absolue, dont Macron a joui lors de son premier mandat présidentiel, lui permettrait de faire avancer son programme politique pratiquement sans entrave. Une majorité relative, ou un parlement suspendu – inhabituel en France et inédit depuis 1991 – compliquerait les choses pour Macron, nécessitant de tendre la main à d’autres partis en entrant en coalition, par exemple, avec les conservateurs Les Républicains ou en négociant des majorités une par une pour chaque projet de loi. Si la recherche d’un consensus parlementaire est naturelle dans certains pays de l’UE, elle n’est pas ancrée dans la culture politique française et rend l’impasse politique plus probable, comme le camp de centre-droit a cherché à le souligner pendant la campagne électorale toute la semaine. (Macron conserverait le droit de convoquer des élections législatives anticipées – bien que potentiellement à ses risques et périls.)

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Dans une allocution télévisée sur le tarmac avant de s’élancer mardi vers l’Europe de l’Est, Macron a lancé un appel aux suffrages, estimant qu’il était « de l’intérêt supérieur de la nation » de lui donner « une majorité solide » à la chambre basse « dans ces temps troublés ». « Rien ne serait pire que d’ajouter le désordre français au désordre mondial », a-t-il déclaré.

Les dirigeants du NUPES ont riposté, affirmant que les commentaires de Macron trahissaient son « arrogance » et un sentiment de « panique ». Mélenchon a qualifié l’appel du président sur le tarmac de « sketch à la Trump ».

marge de vote de 21 359

Le premier tour de dimanche s’est officiellement terminé avec l’Ensemble de centre-droit en tête du décompte des voix, devançant le NUPES pan-gauchiste par seulement 21 359 voix sur 23,2 millions d’électeurs.

Le NUPES est arrivé en tête d’Ensemble dans une colonne (mineure) lors de l’ouverture des élections dimanche : quatre candidats du NUPES ont été élus au premier tour – trois dans les arrondissements parisiens et un dans la Seine-Saint-Denis voisine – tandis qu’Ensemble n’a empoché qu’un siège au premier tour. la nuit, dans le nord-ouest de la Mayenne. Trois autres candidats du NUPES se voient garantir des sièges dans le second tour après que leurs seuls adversaires ont retiré leur offre cette semaine.

Élections législatives françaises
Élections législatives françaises © FRANCE 24

Gagner un district au premier tour n’est pas une mince affaire (seulement quatre y sont parvenus en 2017). Il faut obtenir plus de 50 % des voix et le soutien d’au moins 25 % des électeurs inscrits. La fidèle d’extrême droite du Rassemblement national Le Pen est une candidate qui s’est rapprochée cette fois-ci : en lice pour sa réélection, elle a remporté 53,96 % des voix au premier tour, mais n’a pas atteint le quota d’électeurs inscrits en raison d’un faible taux de participation. Le Pen affrontera dimanche un candidat du NUPES pour le siège du nord du Pas-de-Calais.

Soixante et un districts opposeront la gauche à l’extrême droite

En effet, le district de Le Pen n’est que l’un des 61 qui verront un candidat d’extrême droite du Rassemblement national affronter un candidat du NUPES dimanche soir. Cette perspective s’est avérée difficile pour le camp Ensemble de Macron. Alors que les résultats du premier tour arrivaient le soir des élections, les poids lourds du centre-droit ont trahi une certaine ambivalence sur les émissions télévisées quant à savoir qui soutenir dans ces courses.

Depuis 20 ans en France, la convention veut que les partis traditionnels mettent de côté leurs animosités et s’unissent pour garder l’extrême droite du pouvoir chaque fois que l’occasion se présente. Cette tradition, connue sous le nom de Front républicain, a vacillé ces derniers temps. Mais les électeurs de gauche soutiennent qu’ils ont contribué à la réélection de Macron contre Le Pen en avril sur cette base et se hérissent de la réticence apparente de son camp à rendre la pareille maintenant.

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La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a cherché à remettre les pendules à l’heure lundi matin. Elle a suggéré que l’ambivalence d’Ensemble était due à « très peu » de candidats NUPES d’extrême gauche – moins « qu’on ne pouvait compter sur une seule main ».

« Soyons clairs », a déclaré Grégoire. « Pas un seul vote pour le Rassemblement national. »

Que cela compte comme une approbation retentissante dans le contexte de l’abstention record est une autre affaire.

Réalisations débloquées : 15, 58, 60, 185…

Après s’être qualifié pour le second tour dans 206 circonscriptions, le Rassemblement national devrait remporter plus qu’assez de sièges pour former un groupe parlementaire officiel pour la première fois depuis 1986, lorsqu’une expérience de représentation proportionnelle a donné au parti national du fondateur Jean-Marie Le Pen Front et ses alliés 35 sièges. Les sondeurs Ipsos-Sopra Steria projettent que l’extrême droite de Marine Le Pen pourrait remporter entre 20 et 45 sièges, contre huit en 2017.

Le seuil pour un groupe parlementaire – qui apporte plus de temps de parole à la Chambre, un financement public pour embaucher du personnel parlementaire et un meilleur accès aux installations parlementaires – est de 15 sièges.

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Au-delà de ces bases, un nombre de sièges plus élevé adoucit les privilèges disponibles. Un minimum de 58 députés est requis pour émettre une motion de censure, qui suscite un débat en salle et entraîne un vote. Le seuil pour contester une loi par saisine du Conseil constitutionnel est de 60 députés. Enfin, pas moins de 185 députés sont tenus de demander qu’une question soit soumise à un référendum d’initiative partagée à l’échelle nationale.

Les postes de trois ministres en jeu

Quinze ministres du gouvernement, plus de la moitié des 28 nommés le mois dernier après la réélection de Macron, ont mis leurs postes ministériels en jeu en jetant leur chapeau sur le ring parlementaire. Par convention, un ministre en exercice qui se présente aux élections et perd doit renoncer au poste de gouvernement. La plupart des candidats à cette élection – avec en tête la Première ministre Élisabeth Borne, candidate dans le Calvados – ont avancé confortablement et devraient gagner leurs circonscriptions pro-Macron dimanche.

Mais trois, en particulier, font face à des duels de second tour difficiles contre des candidats du NUPES qui ont largement dépassé leurs scores au premier tour : le ministre des Services publics et chef du LREM de Macron Stanislas Guerini et le ministre délégué à l’Europe Clément Beaune, tous deux en lice. à Paris, et la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin, qui se présente dans la banlieue de l’Essonne au sud de la capitale française.

42°C

La météo peut sans doute être un facteur chaque fois que les électeurs sont appelés aux urnes un week-end de printemps pour la quatrième fois de suite. Mais la saison électorale du printemps 2022 en France se termine avec le pays qui se prépare à une vague de chaleur précoce record. Le service météo de Météo-France alerte sur des températures encore jamais enregistrées en un mois de juin français. Le mercure devrait grimper entre 35 et 40 ° C dans une grande partie de la France continentale, avec une bande du sud-ouest au centre de la France qui devrait voir 40 à 42 ° C.

Cette chaleur devrait se briser d’ici dimanche, le jour où les électeurs de France métropolitaine se rendront aux urnes. Mais la façon dont le temps torride affectera la participation au deuxième tour – qu’il s’agisse d’empêcher les candidats de se serrer la main et d’embrasser des bébés jusqu’à raviver les préoccupations climatiques – sera un autre facteur à tirer des chiffres alors qu’ils arriveront dimanche soir.

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