La nouvelle politique de l’UE peut faire la différence pour la sécurité des journalistes


Cette semaine, la Commission européenne publiera une recommandation aux États membres de l’UE pour assurer la sécurité des journalistes dans toute l’Union européenne. En attendant de voir les détails de la recommandation, il est essentiel qu’elle ait un poids suffisant pour améliorer ce que font les États membres pour faire face à ce qui constitue une menace majeure pour la démocratie.

Le journalisme de qualité est sous pression comme jamais auparavant. Les tensions économiques, les ingérences politiques, le volume et la rapidité des fausses nouvelles sont devenus un défi quotidien pour de nombreux journalistes.

Malgré ces pressions, les journalistes sont intervenus lorsque nous en avons le plus besoin. Pendant la pandémie mondiale, la confiance dans les nouvelles a augmenté de 6 points de pourcentage selon le dernier rapport d’actualités numériques de l’Institut Reuters.

Et c’est vers les médias de service public que les gens se sont tournés pour obtenir des nouvelles et des informations fiables et dignes de confiance. Alors que la crise s’installait, la portée des bulletins d’information du soir des Membres de l’UER a été multipliée par 2,5 les jours de pointe.

Notre désir d’informations fiables augmente, mais celles qui nous les apportent sont attaquées – en ligne et hors ligne.

Les conséquences peuvent être dévastatrices. L’année dernière, 50 journalistes ont été tués dans le monde en faisant leur travail. La plupart ont été sciemment ciblés et délibérément assassinés. Récemment, Peter R. De Vries a été abattu à Amsterdam. Quelques semaines auparavant, Giorgos Karaivaz avait été assassiné à Athènes. Les membres de l’UER ont également ressenti les effets de première main. NOS aux Pays-Bas a été contraint de retirer toute la marque de ses camions satellites après avoir été confronté à de nombreuses menaces et intimidations. Les coûts de sécurité de SVT – la télévision suédoise – ont quadruplé au cours des cinq dernières années – dont une grande partie pour la protection personnelle. Le personnel des radiodiffuseurs de pays allant de l’Italie à la France, l’Espagne et l’Allemagne a été attaqué pour sa couverture de la pandémie de coronavirus. Il y a un peu plus d’une semaine, à Ljubljana, des protecteurs anti-vaccination ont fait irruption dans la salle de rédaction de RTV Slovenija.

Les attaques contre les journalistes et les professionnels des médias restent trop souvent impunies. La recommandation de la Commission européenne doit lutter contre l’impunité de ces crimes. Des enquêtes et des poursuites rapides et efficaces doivent être menées pour garantir que les auteurs soient traduits en justice.

L’explosion de la consommation en ligne a entraîné ses propres problèmes : le trolling en ligne, les abus et les agressions. C’est particulièrement aigu pour les femmes : selon une étude menée par l’UNESCO, 73 % des femmes journalistes ont été victimes d’hostilité en ligne.

La Recommandation du Conseil de l’Europe de 2016 sur la protection du journalisme et la sécurité des journalistes adopte une approche globale et approfondie de la sécurité et de l’intégrité des journalistes. L’UER espère voir cette approche globale se concrétiser dans la recommandation de la Commission.

L’action proposée par la Commission européenne devrait aller de pair avec des règles européennes strictes pour les plateformes en ligne dans la loi sur les services numériques. Les plateformes numériques doivent assumer une plus grande responsabilité dans la suppression des contenus illégaux, qu’il s’agisse de menaces, d’intimidation ou de tout autre harcèlement. Ils devraient également permettre aux gens de signaler et de signaler plus facilement les activités et contenus illégaux en développant des outils pour le faire. Leurs procédures de traitement et de résolution des plaintes doivent être transparentes, faciles à utiliser et efficaces. Et bien que l’IA ou d’autres technologies puissent être utiles pour identifier et éliminer les contenus illégaux, ce ne sont pas des tâches qui devraient être laissées aux seules machines : il doit y avoir une surveillance humaine appropriée.

Pour obtenir une vue fiable sur l’étendue de la violence en ligne contre les journalistes, les plateformes numériques doivent effectuer une collecte de données prescrite – et pour aider à lutter contre la violence sexiste, ces données doivent être ventilées par sexe.

Les règles applicables aux plateformes numériques ne sont efficaces que si elles sont correctement appliquées. Les régulateurs des médias doivent avoir le pouvoir de sanctionner la non-conformité – des amendes significatives au minimum. Les plateformes en ligne devraient également être obligées de soumettre aux autorités compétentes des rapports réguliers indiquant comment elles ont appliqué les actions requises.

La recommandation de la Commission est un élément essentiel d’un vaste mouvement visant à améliorer l’environnement des journalistes – en ligne et hors ligne. L’UER souhaite contribuer à faire avancer la future loi sur la liberté des médias et à façonner les politiques de l’UE telles que le plan d’action européen pour la démocratie et la loi sur les services numériques. Ce dernier, tout en s’attaquant au contenu illégal, devrait également veiller à ce que les plateformes ne se mêlent pas du contenu de médias déjà réglementés. Comme le commissaire Breton l’a récemment déclaré, ce qui est illégal hors ligne doit être illégal en ligne et ce qui est légal hors ligne doit également être légal en ligne. Les plateformes ne doivent pas avoir de contrôle éditorial sur de tels contenus médiatiques légaux.

L’UER est également impliquée dans la plate-forme du Conseil de l’Europe pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes. Nous soutenons les activités de l’ONU, de l’UNESCO, de l’OSCE et des ONG défendant la liberté d’expression. Plus tard ce mois-ci, j’ai le plaisir de me joindre à la conférence Public Broadcasters International où les médias de service public du monde entier lanceront un appel à l’action contre la violence envers les journalistes.

Chaque jour, des collègues doivent mettre leur sécurité et leur bien-être en jeu pour s’assurer que les gens ont accès à des informations fiables et fiables qui constituent le fondement de nos démocraties ici en Europe. Nous ne pouvons qu’attendre la recommandation de la Commission européenne rendant leur travail moins risqué.



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