« La Coupe du monde prend des airs de Ligue des champions »


tune Coupe du monde offre l’occasion de mettre à jour la hiérarchie des nations du football, quitte à prendre pour argent comptant les résultats de la compétition en perdant de côté ses aléas. Les partitions et les qualifications livrent une vérité ambiguë, mais définitive.

Au Qatar, le proverbial « il n’y a plus de petites équipes » n’a été confirmé qu’au sens où… il n’y en a plus en quarts de finale. Les huit formations survivantes ne comptent qu’une surprise relative, le Maroc, et les absences majeures résultant d’une certaine logique.

L’échec de l’Allemagne peut ainsi être mis sur le compte de son manque de réalisme, à rebours des clichés, malgré 23 tirs par match, record pour la phase de groupes, et des objectifs attendus (un indicateur de la probabilité de marquer en fonction de la qualité des occasions) très élevée.

Le Maroc, porte-étendard

La Nationalemannschaft avait largement les moyens de passer, et même d’accomplir un bon parcours. L’Espagne aussi, mais son modèle basé sur la possession de balle (77 %) paraît à bout de souffle. La valse à mille passe ne donne plus le tournis à personne. Après un trompeur 7-0 initial contre le Costa Rica, la stérilité de la Roja est allée jusqu’à l’incapacité à inscrire un seul de ses tirs au mais face au Maroc. Les détracteurs du « handball » espagnol peuvent donc parader.

La Belgique a payé le prix de ses dissensions internes, un motif classique de sabordage en phase finale. Cette génération exceptionnelle est restée aux portes de la consécration, et sort par la petite.

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Dans cette Coupe des mondes si géopolitique, le Maroc porte à la fois l’étendard du « monde arabe » et celui de l’Afrique. Sa victoire contre l’Espagne récompense un effort rare, sur le continent, pour développer les infrastructures… et rallier les binationaux : 14 des 26 joueurs appelés au Qatar sont nés à l’étranger.

Le parcours marocain compensera-t-il les déceptions de la Tunisie, du Cameroun ou du Ghana ? Les Amériques centrale et du Nord ont encore plafonné, et l’Asie, du Proche-Orient à l’Extrême-Orient, n’a pas passé l’épreuve des huitièmes. L’Arabie saoudite n’a pas survécu à son exploit contre l’Argentine. Le Japon et la Corée du Sud ont un temps entretenu l’idée enthousiaste que des joueurs surmotivés, formant un collectif solidaire jusqu’au sacrifice, capable de renverser des montagnes. La Croatie et le Brésil ont douché ces espoirs.

La puissance européenne

Les deux continents historiques du football maintiennent donc leur ascendant. L’Amérique du Sud, avec le Brésil et l’Argentine, et l’Europe, avec 5 équipes sur 8 (6 en 2018, 4 en 2014). La domination européenne ne s’exerce pas seulement sur le tableau final : 73 % des joueurs (602 sur 830) participant au tournoi évoluent dans ses championnats, la moitié dans ceux du « Big 5 » (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie et France ), indique une étude de la FIFA et de l’Observatoire du football. Pour comparaison, seuls 17 des 130 joueurs des sélections de la zone Afrique appartiennent aux clubs africains. Les clubs européens disposent des meilleures infrastructures de formation, ils concentrent aussi les meilleurs footballeurs du monde entier.

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