Il est prématuré de commencer à s’inquiéter pour un président Le Pen – POLITICO


Mujtaba Rahman est à la tête de la pratique Europe d’Eurasia Group et chroniqueuse pour POLITICO Europe. Il tweete à @Mij_Europe.

La violente confrontation sur la réforme des retraites entre le président Emmanuel Macron et le peuple français a fait craindre que le pays ne vienne voter pour un président Marine Le Pen – le chef du Rassemblement national d’extrême droite – à la quatrième fois de demander en 2027 .

La spéculation est prématurée.

Tant au niveau international qu’en France, les commentateurs ont suggéré que la chute de la popularité de Macron et le chaos dans les rues offrent un large boulevard à Le Pen pour remporter le poste dans quatre ans.

Mais les fondamentaux qui l’ont contrecarrée dans le passé – le système à deux tours, son programme économique incohérent et ses liens passés avec le président russe Vladimir Poutine – restent largement inchangés. Le fait que Macron soit constitutionnellement interdit de se présenter à nouveau rendra également sa tâche plus difficile, ouvrant le champ 2027 à des candidats inattendus – un peu comme Macron l’était en 2017 – et à des politiciens centristes populaires, comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippe.

Les spéculations croissantes sur un futur président Le Pen sont compréhensibles, cependant, et plusieurs facteurs favorisent une course plus réussie de l’extrême droite lors des prochaines élections.

Pour commencer, la France éjecte méthodiquement les présidents sortants, la réélection de Macron l’année dernière étant une rare exception. Au cours des trois dernières décennies, le pays a jugé – et répudié – les dirigeants du centre droit, du centre gauche et du centre.

Seules la droite populiste, xénophobe et anti-Union européenne – représentée par Le Pen – et la gauche radicale, anticapitaliste, anti-UE et anti-OTAN, représentée par Jean-Luc Mélenchon, restent inexpérimentées. Et de manière inquiétante, une grande partie de la classe ouvrière française est ouverte aux arguments anti-élite et anti-UE que les deux adoptent largement.

Les scores de Le Pen au premier tour lors des trois dernières élections présidentielles ont également augmenté régulièrement – ​​passant de 18% à 21,3% à 23% – tandis que son score au second tour est passé de 34% en 2017 à 41,5% en 2022. Fait intéressant, une opinion récente les sondages font également d’elle la deuxième politicienne la plus populaire du pays, avec 32% d’approbation.

Le grand groupe de 88 députés de Le Pen à l’Assemblée nationale a également donné à son parti une nouvelle visibilité et respectabilité. Elle a demandé à ses partisans inexpérimentés de paraître sérieux et d’éviter les explosions xénophobes afin de donner l’impression d’un parti qui est prêt pour le gouvernement – bien qu’avec un certain succès, mais pas complet.

Le fait que Le Pen ait démissionné de son poste de président du parti l’année dernière et ait organisé l’élection de son jeune protégé Jordan Bardella pourrait également l’aider ici. L’objectif de Le Pen est d’attirer des électeurs plus jeunes, éloignés de plusieurs générations des origines de son parti sous le régime de Vichy, collaborateur nazi, de 1940 à 1944. Et comme le Premier ministre italien Giorgia Meloni, elle espère enfin éloigner son parti des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. .

Il y a donc tout lieu de croire que Le Pen sera une candidate sérieuse en 2027 et qu’elle a de fortes chances d’atteindre le deuxième tour à deux candidats pour la troisième fois consécutive.

Une banderole est accrochée à l’Arc de Triomphe à Paris, alors que les manifestations se poursuivent | Anne-Christine Poujoulat/AFP via Getty Images

Mais les obstacles à une victoire de Le Pen restent redoutables.

Premièrement, le champ de bataille politique – divisé en trois parties entre une gauche radicale, un centre réformiste pro-UE et une droite populiste-nationaliste – n’a guère bougé l’année dernière.

De plus, la popularité de 32% de Le Pen est en fait un peu inférieure à ce qu’elle était par rapport aux sommets qu’elle avait atteints en 2021 et 2022. Selon un récent sondage IFOP, son vote potentiel aux élections législatives est de 26% – en hausse de 9 points par rapport à la dernière juin mais dont de nombreuses voix sont allées à son rival ultranationaliste Eric Zemmour l’an dernier.

Ainsi, le problème fondamental de Le Pen reste le même : où obtient-elle les voix pour porter son score présidentiel au premier tour au-dessus des 50 % nécessaires pour gagner ?

Un candidat centriste pourrait espérer gagner en élargissant sa base de premier tour, capturant les votes modérés de gauche et de droite. Le Pen, cependant, appartenant à l’extrême droite, devrait prendre une partie de la droite conservatrice et au moins une partie de la gauche anti-UE et anti-système. Mais sans Macron dans la course, davantage de gauchers sont susceptibles de revenir à voter pour un candidat centriste ou de centre droit pour « bloquer » l’extrême droite et Le Pen.

Pendant ce temps, ses liens passés avec la Russie de Poutine, y compris des prêts favorables à son parti toujours à court d’argent, restent un handicap potentiel.

Et peut-être que le plus grand handicap de Le Pen est de sa faute : son programme économique confus.

Bien que Macron l’ait mise en pièces sur les questions économiques lors des débats télévisés de 2017 et 2022, Le Pen n’a toujours pas modifié son programme, qui promet des dépenses plus élevées et des impôts plus bas, avec une promesse peu convaincante d’équilibrer les comptes en réduisant les dépenses pour les « immigrés ». ”

Alors qu’elle a abandonné l’engagement de son père de quitter l’UE, une grande partie de son programme, y compris la « préférence nationale » – qui enfreint les règles du marché unique de l’UE en donnant la préférence aux entreprises et entreprises françaises par rapport aux concurrents étrangers, y compris européens – enfreindrait sur, ou directement en contradiction avec le droit de l’UE.

Les espoirs de Le Pen de gagner en 2027 reposeraient donc sur une combinaison improbable de facteurs – une crise économique profonde, une guerre civile autodestructrice entre les successeurs potentiels de Macron au centre et un concours de second tour entre elle-même et Mélenchon ou certains autre candidat de la gauche radicale.

Cette combinaison n’est pas impossible, mais elle reste invraisemblable.

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