HUMEUR. Le sport ne se cache plus


Ce sont des signes qui ne trompent pas, et qui se multiplient désormais aux quatre coins de la planète, à intervalles de plus en plus réguliers. Ce sont aussi des signes qui rassurent, et qui démontrent bien que, non, le monde du sport ne vit plus dans sa bulle, claquemuré dans ses fondements poussiéreux, obnubilé par des valeurs et des organisations dont il a hérité à la fin du XIXe siècle. S’il a pu un temps s’imaginer «à part», à l’abri des bruits du monde extérieur, uniquement voué à suivre le mouvement de la mondialisation, à devenir toujours plus grand, plus puissant, plus spectaculaire et plus riche, le voilà aujourd’hui rattrapé par les nombreuses réalités qui s’imposent à nos sociétés. Et contraint de facto à se remettre en question sur bon nombre de thèmes qui ne doivent effectivement échapper à personne. Surtout pas au sport, qui n’est jamais rien d’autre que le miroir d’une société.

Ces signes qui ne trompent pas, ce sont ces lignes qui bougent. Trop doucement, peut-être, mais sûrement. Un petit coup d’œil dans les derniers soubresauts de l’actualité sportive suffit à s’en convaincre. Le 24 mars, les footballeurs de la sélection norvégienne ont dénoncé la situation des travailleurs migrants au Qatar, qui accueillera la Coupe du monde en 2022. Le 3 avril, la Ligue majeure de baseball (MLB) a retiré à la ville d’Atlanta l ‘organisation du prochain All-Star Game en réaction à une loi électorale controversée de l’État de Géorgie, jugée discriminatoire pour la population noire. Le lendemain, le coureur suisse Michael Schär a été mis hors course du Tour des Flandres pour avoir jeté un bidon à des spectateurs hors de la zone prévue à cet effet, comme stipulé par le nouveau règlement de l’Union cycliste internationale (UCI), respectueux de l’environnement. Le même jour, en soirée, le footballeur français de Valence Mouctar Diakhaby a quitté le terrain, suivi par ses coéquipiers, après avoir essuyé une insulte raciste de la part d’un joueur de Cadix. Le 6, le porte-parole du Département d’Etat américain Ned Price a indiqué que les Etats-Unis, qui accusent la Chine de persécuter les Ouïghours, envisage une discussion avec leurs alliés sur la question d’un boycott des JO d’hiver de Pékin en 2022.

Ce n’est donc plus une vague hypothèse, mais un fait: le monde du sport ne se contentera pas du banc de touche au XXIe siècle. Il sera là où on l’attend et où on l’aime: au cœur des débats.

Laisser un commentaire