En Iran, un premier débat présidentiel mou et aveugle face aux problèmes économiques


Un Iranien regarde le premier débat télévisé de la campagne présidentielle, samedi 5 juin.

L’économie, censée être le sujet principal du débat de la campagne présidentielle iranienne, samedi 5 juin, a été peu évoquée. Pendant trois heures, les sept candidats, parmi lesquels cinq ultraconservateurs et deux réformateurs, ont presque tout le temps ignoré les questions économiques posées par le présentateur, pour se livrer à des règlements de comptes entre les deux camps.

Principales cibles de ces attaques : le candidat réformateur et ancien gouverneur de la banque centrale, Abdolnaser Hemmati, et le président sortant, Hassan Rohani, qui achève son deuxième et dernier mandat. « Si je deviens président, j’interdirai à M. Hemmati et certains dirigeants du gouvernement de quitter le pays et les enverrai devant la justice, comme perturbateurs économiques », a ainsi menacé l’ex-commandant des gardiens de la révolution, l’ultraconservateur Mohsen Rezaï, lors de ce premier débat télévisé.

Figure inconnue du public, M. Hemmati ne semble pas, pour le moment, capable de mobiliser les électeurs. Le candidat préféré semble, à ce jour, être le chef de la justice, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Les autres candidats ultraconservateurs vont, selon toute vraisemblance, se retirer peu avant le scrutin en faveur de ce religieux chiite.

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L’inflation (40 %) et le chômage élevé (12,4 %, chiffre sûrement sous-estimé), la chute de la monnaie iranienne, le rial (86 % en deux ans), ont été à maintes reprises évoquées par ces candidats ultraconservateurs pour encourager les électeurs à voter pour leur camp.

Le premier mandat du président Rohani (2013-2017) a été marqué par une amélioration relative de la situation économique du pays, grâce, notamment, à la signature de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran avec la communauté internationale en 2015. Ou la sortie unilatérale de Washington du « deal », en 2018, le retour des sanctions américaines contre l’Iran, la mauvaise gestion des dirigeants et la corruption endémique ont porté un coup dur à cette reprise économique. D’où les attaques virulentes des conservateurs.

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Une abstention qui s’annonce très élevée

Les deux candidats réformateurs ont concentré leurs attaques contre le religieux chiite Ebrahim Raïssi. « Avec seulement six ans d’études à l’école, comment allez-vous diriger le pays ? Accepteriez-vous de confier votre famille à un conducteur religieux qui n’a pas de permis pour un voyage ? », a demandé l’ancien vice-président Mohsen Mehr Alizadeh. Ebrahim Raïssi, qui a d’abord tenté de garder son calme, a accusé son adversaire de  » diffamation « . « Le certificat de mes études est disponible. Vous n’êtes pas lassé d’insulter et de diffamer ? », à-il rétorqué, haussant la voix.

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