Dublin met en garde contre une «spirale» de violences


Des affiches placardées dans les quartiers loyalistes de Belfast et annulant les manifestations prévues, à la suite de l'annonce, plus tôt dans la journée, du décès du prince Philip, duc d'Edimbourg, le 9 avril 2021.

Cette journée commémorer le 23e anniversaire de l’accord du vendredi saint, qui en 1998 avait mis fin aux «troubles», ces trois ans sanglantes qui au cours desquelles s’étaient étaient opposés républicains (principalement des catholiques, partisans de la réunification avec la République d’Irlande) d ‘une part et unionistes protestants (autrement dit «loyalistes») défendant ardemment l’appartenance au Royaume-Uni de l’autre. Le 9 avril 2021 ne sera pourtant pas placé sous le signe de la paix: depuis une dizaine de jours, des émeutes secouent l’Irlande du Nord, dans un climat de tensions exacerbées par le Brexit.

Samedi 10 avril, le premier ministre de la République d’Irlande, Micheal Martin, a mis en garde contre une «Spirale» de violences. «Nous avons le devoir, pour la génération de l’accord et pour les générations futures, de ne pas rentrer dans une spirale ramenant vers l’époque sombre des meurtres sectaires et des discordes politiques», at-il déclaré dans un communiqué. Plus de 3500 personnes ont perdu la vie pendant la période des «Troubles». «Ceux d’entre nous qui ont des responsabilités politiques ont à charge de jouer leur rôle et de s’assurer que [cette spirale] n’advienne pas », at-il ajouté.

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Tensions exacerbées par le Brexit

Depuis plusieurs jours, l’Ulster est secoué par des violences qu’il avait plus connu depuis bien des années, surtout dans des zones loyalistes à majorité protestante, où les conséquences de la sortie de l’Union européenne ont nourri un sentiment de trahison et d’amertume.

L’accord de paix signé en 1998 avait estompé la frontière existante entre cette nation constitutive du Royaume-Uni et la République d’Irlande, mais le Brexit est venu fragiliser le délicat équilibre en nécessité nécessaire pour des contrôles douaniers entre le Royaume Uni et l’Union européenne. Au terme d’âpres négociations, Londres et Bruxelles étaient parvenus à s’accorder sur une solution: le «protocole nord-irlandais», qui par un déplacement des contrôles dans les ports d’Ulster aura permis d’afficher le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande.

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88 policiers bénis

Au total, 88 policiers ont été bénis lors de ces épisodes de violence, 14 d’entre eux l’ayant été la nuit dernière, a indiqué ce samedi le service de police d’Irlande du Nord (PSNI). «La semaine a été difficile et inquiétante», a déclaré Simon Coveney, ministre irlandais des affaires étrangères. «Cet anniversaire nous rappelle les responsabilités que nous avons tous, et ce que la politique, la détermination et le dialogue peuvent accomplir», at-il ajouté.

Vendredi, plusieurs unionistes ont appelé à cesser les manifestations, par «Respect pour la reine et pour la famille royale», après l’annonce de la mort, à 99 ans, du prince Philip, époux de la reine Elizabeth II. Des heurts ont malgré tout eu lieu le même soir à Belfast. Plusieurs cocktails Molotov et autres projectiles ont été lancés sur des policiers, a ainsi indiqué le PSNI. Une voiture a également été «Incendiée et dirigée vers les policiers». Dans la ville de Coleraine (nord), la police a pour sa part dû affronter un groupe d’une quarantaine de personnes.

Des policiers tentant d'arrêter les violences entre nationalistes et unionistes, le 7 avril à Belfast.

Ces derniers jours, les violences ont en outre gagné les zones républicaines. Jeudi soir, des émeutiers ont lancé des cocktails Molotov et des pavés en direction des policiers qui bloquaient leur avancée vers les zones unionistes. Pour la première fois depuis des années, les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau.

Mercredi soir, ce sont les portes des «murs de la paix» (séparent les quartiers unionistes et républicains) qui avaient été enflammées. Unionistes et républicains du gouvernement local ont condamné de manière unanime ces violences, et les appels au calme se sont multipliés, émis par Londres, Dublin ou encore Washington.

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Le Monde avec AFP

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