Couler ou nager : les États insulaires peuvent-ils survivre à la crise climatique ? |


Malgré l’énorme baisse de l’activité économique mondiale pendant la pandémie de COVID-19, la quantité de gaz à effet de serre nocifs rejetés dans l’atmosphère a augmenté en 2002, et les six dernières années, 2015-2020, seront probablement les six plus chaudes jamais enregistrées.

Le financement climatique (soutien financier spécifique au climat) continue d’augmenter, atteignant une moyenne annuelle de 48,7 milliards de dollars en 2017-2018. Cela représente une augmentation de 10 % par rapport à la période précédente 2015-2016. Alors que plus de la moitié de l’ensemble de l’aide financière spécifique au climat au cours de la période 2017-2018 était destinée à des actions d’atténuation, la part de l’aide à l’adaptation augmente et est considérée comme prioritaire par de nombreux pays.

Il s’agit d’une approche rentable, car si l’on n’investit pas suffisamment dans les mesures d’adaptation et d’atténuation, davantage de ressources devront être consacrées à l’action et au soutien pour faire face aux pertes et dommages.


Les pénuries d'eau exacerbées par le changement climatique affectent les îles basses des Maldives.

PNUD Maldives

Les pénuries d’eau exacerbées par le changement climatique affectent les îles basses des Maldives.

Passer aux énergies renouvelables

Les PEID dépendent du pétrole importé pour répondre à leurs besoins énergétiques. En plus de créer de la pollution, le transport des combustibles fossiles vers les îles a un coût considérable. Reconnaissant ces problèmes, certains de ces pays ont réussi à passer aux sources d’énergie renouvelables.

Par exemple, les Tokélaou, dans le Pacifique Sud, couvrent près de 100 % de leurs besoins énergétiques grâce aux énergies renouvelables, tandis que la Barbade, dans les Caraïbes, s’est engagée à alimenter le pays avec des sources d’énergie 100 % renouvelables et à atteindre zéro émission de carbone en 2030.

Plusieurs PEID ont également fixé des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables : Samoa, les Îles Cook, Cabo Verde, Fidji, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Vanuatu visent à augmenter la part des énergies renouvelables dans leur bouquet énergétique, de 60 à 100 %, tandis qu’en 2018, les Seychelles ont lancé la première obligation bleue souveraine au monde, un instrument financier pionnier pour soutenir des projets marins et halieutiques durables.


La pêche durable améliore les moyens de subsistance en Haïti.

PNUD/Pierre Michel Jean

La pêche durable améliore les moyens de subsistance en Haïti.

Le pouvoir des savoirs traditionnels

Les pratiques séculaires des communautés autochtones, combinées aux dernières innovations scientifiques, sont de plus en plus considérées comme des moyens importants pour s’adapter aux changements provoqués par la crise climatique et atténuer son impact.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les résidents locaux utilisent l’huile de noix de coco produite localement comme alternative moins chère et plus durable au diesel ; les navires de mer à travers les îles de Micronésie et de Mélanésie dans le Pacifique utilisent des panneaux solaires et des batteries au lieu de la combustion interne ; les forêts de mangrove sont en cours de restauration sur des îles comme Tonga et Vanuatu pour faire face aux conditions météorologiques extrêmes car elles protègent les communautés contre les ondes de tempête et séquestrent le carbone ; et dans le Pacifique, une fondation construit des canoës polynésiens traditionnels, ou vakas, servant de transport durable de passagers et de marchandises pour les services de santé, l’éducation, les secours en cas de catastrophe et la recherche.


Des panneaux solaires sont entretenus dans une ferme à Maurice.

PNUD/Stéphane Belleros

Des panneaux solaires sont entretenus dans une ferme à Maurice.

Stratégies de survie

Alors que les PEID ont attiré l’attention nécessaire sur le sort des nations vulnérables, il reste beaucoup à faire pour les aider à devenir plus résilients et à s’adapter à un monde où le niveau de la mer monte et les événements météorologiques extrêmes.

En moyenne, les PEID sont plus lourdement endettés que les autres pays en développement, et la disponibilité du « financement climatique » (l’argent qui doit être dépensé pour toute une gamme d’activités qui contribueront à ralentir le changement climatique) est d’une importance capitale.

Il y a plus de dix ans, les pays développés se sont engagés à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour soutenir l’action climatique dans les pays en développement ; le montant que ces pays reçoivent est en augmentation, mais il existe toujours un important déficit de financement. Un article de fond récemment publié par UN News explique le fonctionnement du financement climatique et le rôle de l’ONU.

Au-delà de l’adaptation et de la résilience au changement climatique, les PEID ont également besoin d’un soutien pour les aider à prospérer dans un monde de plus en plus incertain. L’ONU, par le biais de son Programme de développement (PNUD), aide ces pays vulnérables de multiples manières, afin qu’ils puissent réussir à diversifier leurs économies ; améliorer l’indépendance énergétique en développant des sources renouvelables et en réduisant la dépendance vis-à-vis des importations de carburants ; créer et développer des industries touristiques durables et passer à une « économie bleue », qui protège et restaure les environnements marins.


Une femme récolte du sel dans une mangrove au Timor-Leste.

PNUD/Yuichi Ishida

Une femme récolte du sel dans une mangrove au Timor-Leste.

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