Confessions d’un champion du monde de Jam


Béatrice Bellon
IMAGES © MARYNA DANILIUK / GAILLARDISES DE L’UBAYE / CONFITURIADES

Patrice Bertrand rencontre Béatrice Bellon, de la vallée de l’Ubaye dans le Parc National du Mercantour, qui a été fait maître confiturier pour son expertise dans la confection traditionnelle.

«Habituellement, quand les gens font de la confiture, ils mélangent des fruits et du sucre, font bouillir le tout, attendent qu’elle épaississe, réduisent et placent le tout dans un bocal. Quant à moi, je travaille à l’ancienne: je fais cuire ma confiture pendant trois jours à une température inférieure à l’ébullition pour qu’elle mijote dans son propre sirop. Cela lui donne un goût de fruit, pas de sucre. C’est ce qui le différencie des autres jams. »

Béatrice Bellon, dite Béa, sait de quoi elle parle. En tant que fabricant de confitures artisanales de la vallée de l’Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence département, elle détient le titre très convoité de Championne du Monde de Jam dans la catégorie des jams traditionnels.

«Mon petit-fils de 13 ans est très fier que sa grand-mère soit une championne du monde de jam», explique ceci maître con fi turier (maître confectionneur). Sa spécialité, une confiture de groseille, cassis et fraises confites, lui a valu le prix en août dernier au Championnat du Monde de la Confiture, prestigieuse compétition internationale sous l’égide du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Cinquante-six candidats de quatre continents y ont participé et plus de 100 confitures sur le thème des fruits rouges, comme les baies et les cerises ont été dégustées à l’aveugle à huis clos par le jury.

«J’ai toujours eu une passion pour les jams. En 2014, j’ai créé ma propre entreprise », raconte Béa, qui travaillait auparavant comme assistante sociale. Les Gaillardises de l’Ubaye, son atelier d’Uvernet-Fours, hameau isolé perché à 1800 m d’altitude dans le parc national du Mercantour, produit environ deux tonnes de confiture par an.

confiture primée
IMAGES © MARYNA DANILIUK / GAILLARDISES DE L’UBAYE / CONFITURIADES

UN TEMPS DE PURE CRÉATIVITÉ

Elle travaille seule mais produit un catalogue impressionnant d’une cinquantaine de produits: confitures de fleurs et de fruits, sirops et confitures de cocktails contenant des ingrédients exotiques comme le rhum et le citron vert. Un tiers est vendu sur les marchés locaux, un tiers dans les restaurants et un troisième sur Internet.

Parmi les saveurs les plus appréciées, on trouve la framboise-chocolat et la piña colada (au rhum). Béa développe actuellement sa dernière création, une confiture orange Grand-Marnier. «J’aimerais avoir des dégustations pour mes confitures comme le vin», explique Béa, qui expédie parfois au Royaume-Uni. «La confiture n’est pas seulement pour le pain grillé au petit-déjeuner. Il y a des milliards d’utilisations. Aujourd’hui, la confiture est de plus en plus associée aux plats salés comme sucrés. Leurs arômes peuvent transformer complètement un morceau de viande. Un de mes fils est barman et utilise mes confitures dans des cocktails.

  Béatrice Bellon
IMAGES © MARYNA DANILIUK / GAILLARDISES DE L’UBAYE / CONFITURIADES

En ce moment, Béa quitte rarement son atelier car elle se prépare pour l’édition 2021 du Championnat du Monde Jam, un rendez-vous annuel d’août dans le village de Beaupuy en Haute Garonne. Elle défendra son titre et espère cette fois remporter deux catégories, «traditionnelle» et «inhabituelle».

En guise d’honneur ultime, le lauréat servira ses confitures pendant un an au Palais de l’Élysée à Paris, résidence officielle du Président. «Les juges prescrivent des fruits que les confitures doivent contenir. Cette année, nous aurons des framboises et des abricots », explique Béa. «Habituellement, nous avons trois à quatre mois pour nous préparer. Pour moi, c’est une période incroyable car c’est une période de pure créativité. J’y mets mon âme, mon cœur, mon esprit, ma détermination!

www.lesgaillardises-ubaye.fr

Du magazine France Today

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