Chômage, invalidité, cumul emploi-retraite : les seniors loin d’être égaux face à leur fin de carrière – France




Olivier Petit Morin, demandeur d’emploi

Chômage, invalidité, cumul emploi-retraite : les seniors loin d'être égaux face à leur fin de carrière
(Le Télégramme)

« Diplômé dans l’aéronautique, j’ai 58 ans. J’ai fait une belle carrière qui, malheureusement, s’est arrêtée il y a cinq ans à cause du rachat de la société. J’ai fait un burn-out sévère et il a fallu que je me relève. Après deux ans au chômage, j’ai été directeur général dans les énergies renouvelables, poste perdu en raison de la covid. Depuis mi-2021, j’ai été inscrit à Pôle emploi, puis, en fin de droits. Je vis avec 530 € par mois d’allocations. J’ai accompagné des enfants dans le TGV et maintenant, je travaille dans un aéroport, toujours avec des contrats précaires ».

C’est culturel en France : les seniors, on n’en veut pas !

« Si la loi passe, ma retraite sera repoussée. Dire que les seniors ne sont pas embauchés parce qu’ils ont des prétentions élevées, c’est de la foutaise. C’est culturel en France : les seniors, on n’en veut pas ! ».

Ce Lyonnais fait partie des 6 % de 55-64 ans au chômage, un taux plus faible que le reste de la population, mais une tranche d’âge pour laquelle il est plus difficile d’en sortir.

Martine Joliff, qui est partie plus tôt avec une décote

« Je suis partie à 61 ans avec une décote. Il me manquait quatre ans. J’ai fait beaucoup de temps partiel en tant que professeur d’histoire-géo contractuel dans le privé. Après impôts, je n’ai même pas 850 € par mois. Ce n’est pas mirobolant, mais c’est mieux que rien. J’ai un mari qui a une bonne retraite. Ça va parce qu’on a de l’épargne ».

« J’ai décidé d’arrêter parce que j’en avais ras-le-bol et parce que mon mari, qui à huit ans de plus que moi, était déjà à la retraite. Lui est parti à 60 ans, il fait partie de ces cadres de banque virés avec un pactole parce que la banque contient les trop chers et pas assez agiles ».

Pour éviter que l’assurance-chômage ne soit utilisée par certaines comme fin de carrière, le gouvernement va réduire, à partir du 1er février, de 36 à 27 mois la durée maximale d’indemnisation des plus de 55 ans.

Marie-Ange de Moura, en invalidité

« J’aurai 61 ans en mai. J’ai fait toute ma carrière comme infirmière en clinique, puis, en Ehpad. Depuis l’année dernière, je suis en invalidité après avoir été licenciée pour inaptitude. J’ai interdiction par le médecin du travail de travailler plus de 10 heures par semaine. Ou, un poste d’infirmière de 10 heures, ça n’existe pas ; donc, je pense que je vais rester au chômage jusqu’à la retraite. Mes problèmes de santé sont liés à mon travail par le port de charge : j’ai été activé sept fois des épaules ».

« Ne plus travailler, au début, ça m’a coûté. Mais, maintenant, je m’y fais très bien. J’ai regardé les annonces du gouvernement et ils n’ont pas changé le fait qu’à 62 ans, je devrais toucher ma retraite à taux plein en tant qu’invalide ».

Chômage, invalidité, cumul emploi-retraite : les seniors loin d'être égaux face à leur fin de carrière
(gouvernement.fr)

En 2020, les départs pour invalidité, inaptitude, handicap, pénibilité et amiante s’élèvent à 16 % du total.

Abdelkader

« hyperactifs »

« J’ai eu plusieurs vies en tant qu’électricien et agent téléphonique. J’ai aussi eu des bars, restaurants et discothèques… J’ai pris ma retraite le 1er octobre 2019, à l’âge de 66 ans et deux mois. Dix semaines après, j’ai eu un très grave accident et je suis resté paralysé ».

« Petit à petit, j’ai recommandé à marcher et je vis normalement. Grâce au réseau seniorsavotreservice.com (site d’emploi pour seniors et retraités), j’ai trouvé un CDI à temps plein, dans un complexe hôtelier, où je gère toute la maintenance. J’ai un très bon salaire en plus de ma retraite ».

Pour moi, le travail, c’est aussi sacré que la vie

« Je fais ça parce que j’aime les gens. Pour moi, le travail, c’est aussi sacré que la vie. Je ne me vois pas lever le matin et attendre l’heure de la soupe. Je suis un hyperactif de 70 ans ! ».

Actuellement, le cumul emploi-retraite bénéficie à 500 000 retraités. Avec la réforme, il doit permettre de créer des droits supplémentaires à la retraite.

Brigitte

qui complète ses revenus

« Je fais cinq heures de ménage par semaine chez des particuliers, ainsi que deux heures de télétravail administratif auprès d’un de mes ex-employeurs, une pharmacie. Cela me permet de gagner 500 € en plus de ma retraite de 1 600 € net. Je ne suis pas en difficulté car je suis propriétaire à Caen, mais je veux pouvoir faire face à des dépenses imprévues, comme un changement de voiture… Divorcée, je vis seule et à mon âge, les banques ne me demanderont plus d’argent » .* Ces témoins ont préféré ne pas donner leur nom de famille.

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