«Cela apaise les tensions»: à Evry-Courcouronnes, une compétition de sport pour régler les rivalités entre quartiers


Le rendez-vous avait été donné, via les réseaux sociaux, ce samedi à 15 heures. Sur la petite piste d’athlétisme du stade Jean-Moulin d’Evry-Courcouronnes (Essonne), les premiers compétiteurs s’échauffent, tandis que d’autres s’inscrivent en fonction de leur tranche d’âge. En tout, ils seront un centaine à se rassembler pour ces premiers Jeux olympiques d’Evry 2021.

Le principe est basique: être celui qui franchira la ligne d’arrivée en premier. Mais l’enjeu va bien au-delà d’un cours simple. «On voulait passer du temps ensemble, changer les jeunes de leur routine, expliquer Malamine, alias Malason, animateur jeunesse et sport et« grand frère »à Evry, à l’origine de l’événement. Cela fait du bien de faire du sport, de passer un bon moment, surtout que ce n’est pas évident avec le confinement. »

Le champion Ladji Doucouré vient les encourager

Ce dernier reconnaît être surpris par le nombre de participants. Alors pour éviter tout risque, en pleine crise sanitaire, des masques sont distribués à tous ceux qui n’en portent pas. «Au départ, on voulait limiter leur nombre à une vingtaine, mais nous avons eu un tel retour que nous n’avons pas pu nous y résoudre», se justifie Malason.

Des jeunes venus de tous les quartiers de la ville. Là où d’ordinaire ils s’affrontent à coups de pied et de batte de base-ball, ce samedi, si les vannes fusent, c’est toujours le sourire aux lèvres. Comme lorsque Malason demande à un jeune garçon de lui donner un chiffre compris entre 1 et 6. «Sept», répond l’adolescent. «Lui, il vient forcément du Champtier-du-Coq», taquine un de ses adversaires avant de rejoindre son groupe d’amis en riant aux éclats.

La rivalité entre quartiers ne disparaît pas mais se joue différemment. «Elle est beaucoup plus saine», confirme Ladji Doucouré. Le champion du monde du 110 mètres haies est venu apporter son soutien à cette initiative. L’ancien athlète de haut niveau parraine depuis 2014 l’association Golden Blocks, qui œuvre pour un accès au sport à tous.

«Transformer ces confrontations en quelque chose de positif»

«Dans les villes populaires, la question de l’identité est très clairement identifiée. Les jeunes se revendiquent d’une classe ou d’un quartier par exemple. Le but de ces rencontres est de transformer ces confrontations en quelque chose de positif. Via le sport. Au final, sur leur demande de se surpasser pour être le meilleur et non plus de s’affronter. »

Evry-Courcouronnes, ce samedi.  Les cours se sont enchaînées tout l'après-midi. / LP / Nolwenn Cosson
Evry-Courcouronnes, ce samedi. Les cours se sont enchaînées tout l’après-midi. / LP / Nolwenn Cosson

A 13 ans, Enzo a survolé sa catégorie. Issu du quartier des Pyramides, l’adolescent n’a eu aucune difficulté à battre ses adversaires. «Mais ce n’est pas possible, il ne peut pas avoir 13 ans, restent incrédules plusieurs des spectateurs. C’est un daron en vrai. Il a plus de muscles que nous tous réunis. »

L’adolescent, lui, n’est pas peu fier de sa victoire. «J’étais très confiant dès le départ. Je sais que je cours très vite, c’est comme ça depuis que je suis né, affirme-t-il. C’est vraiment bien organisé un tel événement. Cela permet de participer à une compétition, de gagner devant du monde. Cela fait du bien. »

D’autres rendez-vous envisagés dans les mois à venir

Si aucune fille n’a foulé la piste, plusieurs mamans étaient au bord pour encourager les participants, à l’image de Khady. «La crise sanitaire ne facilite vraiment pas les choses, les jeunes ne sortent plus, regrette-t-elle. Là, ils se retrouvent. Cela permet d’apaiser les tensions. C’est dès le plus jeune âge qu’il faut agir. Qu’ils prennent conscience que se battre ne mène à rien. Et que, s’ils veulent s’affronter, ils peuvent le faire en courant. Ça évite de bénir des jeunes et de traumatiser des familles. »

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Dans les prochains mois, si la situation sanitaire le permet, d’autres initiatives devraient voir le jour dans la commune. «Cette première était un peu déstructurée, on avait surtout envie de se retrouver, admet Malason. Pour les prochaines, on veut vraiment organiser un événement très carré. »

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