Actualités : Rencontrez les Chasseurs Alpins, l’unité d’infanterie de montagne d’élite de l’armée française, 08-février-2022


Que faut-il pour survivre en montagne ? Les producteurs de vidéos de l’OTAN l’ont découvert alors qu’ils passaient une journée et une nuit avec les Chasseurs alpins (« chasseurs alpins »), l’unité d’infanterie de montagne d’élite de l’armée française. Pendant 24 heures, ils ont marché profondément dans les Alpes françaises, où ils ont installé un camp et organisé des exercices d’entraînement sur un terrain montagneux difficile. Les opérations militaires dans les Alpes ne sont pas pour les âmes sensibles, et les Chasseurs montrent à quel point une formation exigeante est payante en expertise.

Entretien avec le Lieutenant Benoit, Commandant de Section du 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins

Depuis combien de temps êtes-vous dans l’armée française ?

Je suis en service depuis cinq ans maintenant. J’ai rejoint l’armée française en 2016 en tant qu’officier de réserve pendant mes études et, après l’obtention de mon diplôme, j’ai décidé de rejoindre le service actif via l’Académie militaire de Saint Cyr.

Depuis combien de temps êtes-vous au service du Chasseurs alpins Plus précisément?

Après l’Ecole Militaire et une année à l’Ecole d’Infanterie, j’ai choisi de servir dans 13e bataillon de chasseurs alpins en 2019. J’ai donc été chef de peloton dans les Troupes de Montagne pendant deux ans.

Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le Chasseurs alpins?

J’ai eu plusieurs options à la fin de l’école d’infanterie, dont les unités de parachutistes ou le Légion étrangère (Légion étrangère française), mais j’étais profondément convaincu que travailler avec des gens dans des conditions difficiles comme la montagne serait très intense et intéressant. Je voulais aussi relever de nouveaux défis, comme approfondir mes connaissances dans le domaine de l’alpinisme et du combat, et travailler dur pour rejoindre les commandos de montagne.

Vous avez toujours aimé la montagne ? Quel est votre premier souvenir d’ascension d’une montagne, de ski ou d’être dans les Alpes ?

J’ai découvert la montagne et l’alpinisme assez tard. Mes parents préféraient le climat tropical à la neige, j’avais donc plus d’occasions de nager que de skier ! Je n’ai vraiment découvert la montagne qu’en école de commerce grâce à mon camarade de classe qui possédait une maison familiale dans la vallée du Mont-Blanc. L’histoire d’amour avec cet environnement a commencé à partir de là.

Lorsque nous voyons votre unité s’entraîner dans les montagnes, avec tous les bruits forts des coups de feu, cela rappelle la scène d’avalanche de Mulane. Vous entraînez-vous aux avalanches ? Que faites-vous pour prévenir une avalanche ou réagir si une avalanche se produit ?

Bonne référence ! En effet, nous nous entraînons régulièrement :

  • Tout d’abord, pour éviter les avalanches ! Pour cela, nous recevons et délivrons des instructions précises pour comprendre d’où viennent les avalanches. Cela permet de repérer plus facilement les conditions de neige ou de terrain dangereuses qui pourraient compromettre l’activité.
  • Deuxièmement, savoir mener des recherches de victimes d’avalanches.

Nous sommes formés pour la sécurité avant tout, car notre but final est d’amener une troupe vers un certain objectif afin de remplir une mission, pas de repousser les limites du freestyle.

Que se passe-t-il si un igloo s’effondre ?

Cela ne devrait pas arriver ! Mais juste au cas où, nous avons des procédures pour éviter les blessures ou les pertes. En effet, pour des raisons tactiques et de sécurité, il y a toujours quelqu’un qui surveille à l’extérieur et vérifie qu’il n’y a pas de problème particulier avec la construction.

Le principal problème auquel nous devons faire face plus fréquemment est le manque d’oxygène dans les igloos. Pour aider à cela, nous utilisons un bon outil pour alerter le responsable : une bougie. En effet, chaque igloo a une bougie allumée toute la nuit. S’il s’arrête de brûler, cela peut signifier qu’il y a un manque d’oxygène et c’est bon signe pour aller vérifier si tout le monde va bien à l’intérieur.

Quel est votre article préféré dans votre kit repas prêt-à-manger (MRE) ? Combien de calories devez-vous manger pour maintenir votre force lorsque vous faites de la randonnée en montagne tout le temps ?

Nos kits MRE ne sont pas illustratifs de la meilleure gastronomie française mais ils sont tout de même savoureux et complets (environ 3 200 kcal), notamment ceux que nous recevons lorsque nous partons en alpinisme (qui sont majoritairement des kits MRE déshydratés, mais aussi des kits spéciaux développés pour les grands froids ). Mon article préféré dans ce type de kit est probablement la barre de chocolat ! Je le garde toujours pour me détendre lors d’une pause.

Racontez-nous une histoire amusante de votre temps de travail avec le Chasseurs alpins!

Je me souviens quand j’ai essayé pour la première fois avec d’autres potes de faire du ski alpin le plus vite possible avec une pulka tout équipée attachée à nous (une sorte de gros traîneau qui nous servait à transporter du matériel spécial lors de certaines missions sur la neige). Des plongeons mémorables ce jour-là !

Ski ou snowboard ?

Le ski, assurément ! Il offre un plus large éventail de possibilités.

Quels sont tes passe-temps? Que faites-vous pour vous divertir, vous et votre unité, au sommet d’une montagne la nuit ?

Le passe-temps principal des soldats est de parler et de partager des histoires tout en buvant du café. Pendant la soirée et la nuit, c’est aussi le moment propice pour que les subordonnés partagent des choses avec leurs supérieurs (comme des difficultés, des problèmes personnels ou de bonnes nouvelles).

Savez-vous quelque chose sur l’histoire de la Chasseurs alpins? Depuis combien de temps l’unité d’infanterie de montagne existe-t-elle ? Y a-t-il des traditions uniques que vous perpétuez ?

Le corps de Chasseurs alpins fait partie d’une plus grande entité appelée « Chasseur à pied», créé par le duc d’Orléans en 1838 et célèbre à l’origine pour la rapidité et l’esprit particulier de la troupe (plus tard défini par le maréchal Lyautey). Les premiers bataillons de Chasseurs alpins ont été créés en 1888. Ils étaient 12 pendant la première guerre mondiale. De nos jours, il n’en reste que trois.

En effet, nous avons des traditions originales comme :

  • On ne dit pas « jaune» (jaune) mais «jonquille» (nom d’une fleur jaune commune dans les Alpes).
  • On ne dit pas « rouge » (rouge) mais « bleu-cerise» (littéralement bleu-cerise), sauf pour décrire :
    • la couleur du drapeau français ;
    • la plus haute distinction française (la Légion d’honneur); et
    • les lèvres d’un être cher.

Rencontrez-vous des animaux sauvages dans les montagnes?

Bien sûr, surtout en été. Chamois et bouquetins (types de chèvres de montagne), marmottes, choucas et autres oiseaux, et même les loups sont de bons amis à nous !

Ces dernières années, nous avons vu les effets croissants du changement climatique sur les environnements enneigés, avec la fonte des glaciers et le déplacement des terres. Comment le changement climatique affecte-t-il les opérations du Chasseurs alpins? Que faites-vous pour aider à préserver l’environnement naturel?

Les principaux problèmes que nous rencontrons à cause du changement climatique sont les conséquences sur nos « installations » de formation. L’entraînement sur neige et glaciers est de moins en moins sûr. Pour pouvoir s’entraîner suffisamment longtemps dans de bonnes conditions, il faut monter plus haut, ce qui n’est pas très pratique pour les manœuvres, surtout avec de jeunes militaires qui sont encore en apprentissage.

La montagne est notre domaine d’expertise. Nous respectons ce terrain et nous faisons tout pour neutraliser notre impact sur celui-ci (on comprend bien que les montagnes ne sont pas des poubelles par exemple).

De plus, notre bataillon est profondément engagé dans la réduction de nos besoins énergétiques par la rénovation des installations et l’augmentation de la production d’électricité durable (notamment grâce à la première chaudière biomasse de l’armée). En effet, nous avons réduit notre facture énergétique de 40 % depuis 2011.

Dans la vidéo, vous parlez de maîtriser votre peur tout en étant dans cet environnement isolé, sur le flanc d’une montagne loin de toute aide. Comment maîtriser sa peur ?

En tant que commandant de peloton, c’est probablement le plus facile car vous n’avez pas le droit de laisser votre peur dominer. Comme l’a écrit Michel Menu, un célèbre chef scout, à propos de la relation entre les chefs et leurs subordonnés : « Si vous ralentissez, ils s’arrêtent. Si vous montrez une faiblesse, ils craquent. Si vous vous asseyez, ils se couchent… Mais si vous montrez la voie, ils dépassent vos attentes. Si vous les aidez, ils donnent leur sang.

Pour tout soldat, c’est surtout une question d’expérience. Plus vous allez dans les montagnes et faites face au danger et à la solitude, mieux vous êtes capable de les gérer. La peur disparaît également lorsque vous sentez que vos camarades et la personne responsable feront tout pour vous – et sont suffisamment compétents – si quelque chose se passe. Nous avons notre propre concept de « fraternité d’armes » dans les montagnes. Nous l’appelons « l’esprit de corde» (que l’on pourrait probablement traduire par « l’esprit de la corde ») en référence à la corde créant un lien particulier entre les personnes attachées ensemble lors de l’alpinisme.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous de faire partie de l’Alliance de l’OTAN ?

Pour moi, c’est surtout faire partie d’un immense groupe d’Alliés qui s’entraînent ensemble afin d’être prêts à coopérer si nécessaire. C’est aussi une réelle opportunité de découvrir des cultures différentes et de partager des expériences.

Y a-t-il autre chose que nous devrions savoir sur le Chasseurs alpins?

Venez voir par vous-même! Nous sommes toujours ravis d’accueillir de nouveaux arrivants ! Le « accueil aimable» (« accueil convivial ») fait définitivement partie de nos traditions.

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