Yémen : la santé, l’environnement et l’économie restent menacés par le pétrolier sinistré |


Lors de son premier briefing depuis juillet dernier, Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a rappelé aux ambassadeurs qu’un accord conclu en novembre avec les forces houthies, officiellement connues sous le nom d’Ansar Allah, sur la portée des travaux nécessaires pour que le navire sécurisé, avait suscité l’espoir d’une résolution rapide.

Cependant, en raison d' »obstacles politiques et logistiques », elle a déclaré que la mission d’évaluation prévue n’a pas encore été déployée.

« En conséquence, nous ne connaissons toujours pas l’état exact du navire, ni quelle serait la meilleure solution pour traiter 1,1 million de barils de pétrole dans un pétrolier vieillissant situé dans une zone écologiquement sensible de la mer Rouge », a déclaré Mme Andersen.

Des répercussions dévastatrices

Le chef du PNUE a dressé un sombre tableau des conséquences désastreuses d’une fuite de pétrole, de la santé à l’économie, affectant jusqu’à 670 000 moyens de subsistance.

Une fuite de pétrole pourrait forcer la fermeture du port vital de Hudaydah, limitant les importations de nourriture et de carburant pendant deux à trois semaines et bloquer 50% des zones de pêche, « avec un coût économique estimé à environ 350 millions de dollars sur cinq ans », a-t-elle déclaré.

Les dommages causés à l’environnement seraient considérables : « La mer Rouge est l’un des plus importants réservoirs de biodiversité de la planète », abritant des mammifères marins, des tortues marines, des oiseaux marins et de nombreuses autres espèces d’importance internationale, a-t-elle poursuivi, ajoutant que les milieux marins côtiers représentent 86 pour cent de la couverture de mangrove du pays.

Et une marée noire aurait un impact sur les pays voisins de la mer Rouge, ainsi que sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, a-t-elle déclaré.

De plus, un incendie ou une explosion pourrait exposer quelque 4,8 millions de Yéménites et 350 000 Saoudiens à des niveaux de pollution nocifs dans les 24 à 36 heures.

« Environ un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui vivent au Yémen pourraient être couvertes par ce panache de fumée », déclenchant des impacts potentiellement graves sur la santé des populations vulnérables, a précisé le chef du PNUE.

Travailler en parallèle

Pendant ce temps, le système des Nations Unies continue de soutenir la préparation, l’urgence et la planification des interventions en cas de déversement d’hydrocarbures.

Le chef de l’ONU a fait état de « quelques progrès » sur cette voie, notamment dans la mise en place de mécanismes de coordination.

Elle a spécifiquement mentionné que le PNUE et l’Organisation maritime internationale (OMI) soutenaient l’Organisation régionale pour la conservation de la mer Rouge et du golfe d’Aden (PERSGA) dans l’élaboration d’un plan d’urgence régional en cas de déversement important.

Et le gouvernement yéménite a mis en place un comité national d’urgence sur FSO Safer qui révise son plan d’urgence national avec le soutien de la PERSGA, du PNUE et de l’OMI.

Le risque demeure

Malgré les engagements des agences onusiennes et de ses partenaires, Mme Andersen a averti que « le risque demeure et la situation va se détériorer à mesure que les retards s’accumulent ».

« Même si les activités d’intervention devaient être lancées immédiatement après un déversement de pétrole, il faudrait des années pour que les écosystèmes et les économies se rétablissent », a-t-elle attesté.

En conclusion, le chef de l’ONU a exhorté les partenaires internationaux à « intensifier leurs efforts pour faire face à la situation ».

Évaluation impartiale nécessaire

Reena Ghelani, directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a averti qu’il y avait « de bonnes chances » que des gaz inflammables s’accumulent à l’intérieur du pétrolier.

Mais parce que l’ONU n’a jamais été autorisée à visiter le site, elle ne sait pas exactement quelles sont les conditions à bord, ce qui rend impossible de dire dans l’évaluation du travail ce qui peut être effectué en toute sécurité.

« C’est pourquoi l’objectif principal de la mission de l’ONU a toujours été d’évaluer l’état du navire », a rappelé Mme Ghelani, ajoutant que les experts doivent vérifier de manière impartiale les preuves et évaluer les options pour résoudre le problème « une fois pour toutes ».

Elle a souligné que l’ONU n’a aucune préférence sur la façon dont la situation est finalement résolue, tant que « cela se fait en toute sécurité ».



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