Volley-ball: qui est Jonas Aguenier, l’unique international français (encore en activité) originaire du Loiret, qui s’éclate en Italie?


À défaut d’être une terre de volley (ça pourrait changer avec les plans ambitieux de la mairie d’Orléans pour les féminines de l’ECO), le Loiret est bien une terre de volleyeurs. Christophe Meneau, appelé 407 fois en équipe de France entre 1986 et 2000, avait ouvert la voie; Jonas Aguenier, Orléanais et central comme son glorieux aîné, la prolonge depuis 2013. Son butin en bleu est éloquent : un titre de champion d’Europe (2015), deux Ligues Mondiales (2015, 2017) et des succès de prestige acquis avec la plus belle génération de l’histoire du volley français.

Inspirante, à peine croyable dans certains aspects, son histoire est pourtant méconnue chez nous : le département où il est né (en 1992) et surtout là où ce grand gaillard (2,02 m) a frappé ses premiers services, au CJF Fleury-les-Aubrais.

À l’époque, je touchais à tout: volley, tennis, parcours à pied, lutte, judo et boxe, dans mon souvenir. Il y avait une offre incroyable de sports à Fleury où on habitait. J’ai adoré cette période.

Patrick Charpentier était l’un de ses éducateurs au début des années 2000. L’ancien champion d’Europe de boxe se souvient bien de « ce garçon brun, longiligne, intelligent, avec qui c’était très intéressant de discuter », et ne se dit guère étonné par son cheminement. « Jonas, j’étais sûr qu’il faisait toujours du volley; qu’il soit pro en Italie, c’est super! Je suis content pour lui et ses parents, qui étaient très sympathiques « , raconte cette figure du sport loirétain, exilée au Canada depuis bientôt dix ans.

Deux épopées mémorables en équipe de France

Hé oui! En plus d’être international (80 sélections au compteur), Jonas Aguenier joue dans l’un des meilleurs championnats au monde depuis deux saisons, à Vérone. « Un gros coup de chance », jure-t-il. « Mon arrivée au pôle France, c’était déjà pareil! J’avais été catastrophique lors de mon essai, mais un coach a cru déceler quelque chose et m’a retenu ».

À 17 ans, il a quitté Saint-Avertin (Indre-et-Loire), est devenu le fief familial en 2004, et mis le cap plein sud, vers Montpellier, avec la crème de la relève tricolore. « Certaines années, ils prennent une douzaine de jeunes, et là, on était un groupe de 25 joueurs. À la fin de la formation, au bout de deux ans, ça fait du monde qui cherche un contrat pro. Fin juillet, je n’avais rien, et le pôle était prêt à moi garder une année de plus. C’est là que Nantes m’a proposé un contrat, et un bon en plus, avec un appartement. C’était pas loin de la maison, j’ai foncé! « 

Sur les bords de l’Erdre, il apprend le métier, « mais joue peu », durant ses trois saisons là-bas. Suffisamment, quand même, pour taper dans l’œil de Laurent Tillie, le sélectionneur national, qui l’emmène à l’Euro 2013. Le Loirétain verra la compétition… des tribunes. « J’explose vraiment la saison suivante à Cannes, grâce à un coach (le Monténégrin Igor Kolakovic) qui m’a fait totalement confiance », cadre-t-il.

Jonas Aguenier joue à Vérone depuis 2019, l’un des fleurons de la Série A italienne.
Le central vit une année 2015 un peu dingue sous le maillot bleu, avec deux épopées mémorables en Ligue mondiale et à l’Euro, que la France remporte successivement.

« En vérité, j’ai eu du mal à considérer la médaille d’or de l’Euro comme mienne, car je n’avais pas beaucoup joué durant la compétition. Je ne l’acceptais pas, même si les anciens de l ‘ l’équipe me disaient que certains seraient prêts à tuer pour être à ma place. Je me rends compte, avec le recul, qu’ils avaient raison… « 

Il rêve de Poitiers mais file à Chaumont

Au bout de son bail cannois (2014-2016), il se voit bien rejoindre Poitiers, un autre monument du volley français, mais, sur les conseils de son agent « et à reculons », l’Orléanais signe à Chaumont. « Je tombe sur un groupe extraordinaire, et on finit champion de France à la surprise générale », retrace-t-il. Là encore, après deux ans, il a des envies d’ailleurs, « lassé de jouer contre les mêmes équipes et de descendre dans les mêmes hôtels ». Jonas Aguenier rêve d’une expérience à l’étranger, sauf que les propositions n’affluent pas.

Son agent réussit quand même à le caser en Italie; pas dans la prestigieuse Série A, mais à l’échelon du dessous, à Spolete. Il se hisse en demi-finale des play-offs, mais son aventure s’arrête là, alors que son engagement aurait été prolongé en cas d’accession. Pour ne rien arrangeur, il se sépare de sa compagne, dans la même période, mais pas de sa bonne étoile.

Dans l’été (2019), Stéphen Boyer, le pointu de l’équipe de France, mais surtout mon meilleur pote, me passe son appartement à Vérone (où il joue). Je reste un peu, et je rencontre celle qui est maintenant ma femme. Après m’être terminé quelques semaines à Vérone, le club (de Série A) finit par me proposer un contrat sur plusieurs saisons, en décembre. C’est fou, non?

Son équipe a bien carburé cette saison, au point de s’inviter actuellement en play-offs.

Une saison blanche déclarée proclamée pour le panier amateur!

Raphaël Coquel

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