Une mère ukrainienne jure de prendre une arme si la Russie envahit


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Kiev (AFP) – Debout dans la salle à manger de son appartement à Kiev, Mariana Zhaglo, mère de trois enfants, sort son long fusil de son étui kaki.

Alors que les craintes grandissent quant à une potentielle invasion des troupes russes massées à la frontière ukrainienne, cette réserviste de la défense territoriale de 52 ans insiste sur le fait qu’elle est prête à se battre pour défendre son pays.

« Nous n’attendons pas qu’ils arrivent, nous sommes prêts à leur offrir un accueil dont ils se souviendront », déclare Zhaglo, qui travaille dans le marketing et est mariée à un soldat en service.

« Je ne suis pas seule. Il y a beaucoup de femmes comme moi en Ukraine », ajoute-t-elle, ses cheveux coupés courts mouchetés de gris.

« Aucun homme ne fera ce qu’une femme peut faire pour protéger sa famille, son enfant. Elle est une force formidable. »

Mère de deux filles adultes et d’un fils de 12 ans, Zhaglo dit qu’il y a un an, elle a dépensé « entre 2 000 et 3 000 dollars » – une petite fortune dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe – pour acheter le fusil de chasse ukrainien Zbroyar Z-15 et plus équipement pour l’adapter au combat.

« Une lunette de visée, des montures, un modérateur de son », énumère-t-elle fièrement les ajouts. Selon la loi, le pistolet ne peut pas être automatique.

Zhaglo s’est engagé il y a deux ans dans la réserve et a suivi une formation de tireur d’élite.

Depuis près de huit ans maintenant, l’Ukraine est embourbée dans un conflit avec des séparatistes soutenus par la Russie qui ont pris le contrôle d’une partie de l’est du pays. La guerre – qui a commencé après que Moscou s’est emparé de la Crimée – a fait plus de 13 000 morts.

Mariana Zhaglo :
Mariana Zhaglo : « Je ne cherche pas à tuer des gens, je vais juste défendre ma maison » Sergueï SUPINSKY AFP

Les tensions ont de nouveau monté en flèche au cours des derniers mois alors que l’Occident a tiré la sonnette d’alarme sur une éventuelle invasion russe à grande échelle après que le Kremlin a envoyé plus de 100 000 soldats aux frontières de l’Ukraine.

Les autorités du pays ont cherché à apaiser les craintes d’une incursion imminente, alors même que certains médias ont évoqué le spectre d’une attaque de Kiev.

« Défendre ma maison »

Les Ukrainiens, endurcis par des années de conflit, ne paniquent pas, mais certains ont commencé à faire des réserves de nourriture et à se préparer au cas où le pire arriverait.

Un sondage cette semaine a montré que 48% des personnes interrogées pensaient qu’une invasion russe était possible.

Carte montrant les déploiements de troupes russes, les bases militaires et les installations aux frontières avec l'Ukraine
Carte montrant les déploiements de troupes russes, les bases militaires et les installations aux frontières avec l’Ukraine Patricio ARANAAFP

Zhaglo a déjà emballé son sac à dos militaire – uniforme, casque, gilet pare-balles, gants, genouillères – au cas où l’appel arriverait.

Elle s’entraîne régulièrement au tir et s’entraîne pour les patrouilles et les embuscades avec d’autres réservistes qui seraient déployés ensemble pour protéger leurs régions d’origine.

« S’il n’y avait pas eu de guerre, je n’aurais jamais pensé à m’impliquer dans ces affaires militaires », dit-elle.

Le réserviste de l’armée Oleksandr Makhov a dû quitter son domicile dans l’est de l’Ukraine pour Kiev lorsque le conflit a éclaté en 2014. Aujourd’hui, son équipement militaire est plein à craquer.

« Je ne vais pas repartir une seconde fois. Mon sac est prêt pour le combat », assure le journaliste de 35 ans. « J’ai un plan et je suis prêt. »

Mais Zhaglo admet qu’elle n’a pas encore de plan sur ce qu’il faut faire avec les enfants si la situation dégénère.

« C’est sûr que ça m’inquiète », dit-elle.

Elle espère toujours que la guerre pourra être évitée, mais attribue la crise actuelle aux ambitions « impérialistes » du président russe Vladimir Poutine.

« J’ai une très bonne attitude envers les Russes en tant que peuple, tout comme envers les Français, les Allemands ou les Chinois », déclare Zhaglo.

Mais si l’invasion arrive, elle est prête à prendre son arme.

« Je ne cherche pas à tuer des gens, je vais juste défendre ma maison », dit-elle.

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