Ukraine : tiraillée entre l’Occident et la Russie


Paris : Prise en sandwich entre la Russie et l’Union européenne, l’Ukraine est déchirée entre son ancien maître soviétique et l’Occident – dont elle veut faire partie – depuis son indépendance en 1991.

Dominé par la Russie

L’Ukraine vote massivement pour l’indépendance de l’Union soviétique en ruine lors d’un référendum le 1er décembre 1991. Le président russe Boris Eltsine le reconnaît le lendemain et une semaine plus tard, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie signent un accord établissant la Communauté des États indépendants (CEI).

Après l’effondrement définitif de l’URSS le 25 décembre 1991, l’Ukraine passe les cinq années suivantes à tenter de se dégager de son géant voisin qui la domine depuis trois siècles.

Kiev est tiède à propos de la CEI, la considérant comme un stratagème russe pour ramener les anciennes républiques soviétiques dans son orbite.

Moscou, Washington et Londres signent un accord à Budapest le 5 décembre 1994 pour respecter l’indépendance de l’Ukraine, sa souveraineté et ses frontières.

Traité d’amitié avec Moscou

La Russie et l’Ukraine signent un traité d’amitié et de coopération en 1997 mais celui-ci ne lève pas toute l’ambiguïté qui assombrit leurs relations.

Le traité résout un différend épineux sur le partage de la flotte ex-soviétique de la mer Noire qui est ancrée à Sébastopol en Crimée.

guerre1-1645699234339

Un manifestant tient une pancarte lors d’une manifestation à la porte de Brandebourg, après que le président russe Vladimir Poutine a autorisé une opération militaire dans l’est de l’Ukraine, à Berlin, en Allemagne, le 24 février 2022.
Crédit d’image : Reuters

La Russie reste propriétaire de la plupart des navires, mais accepte de payer un loyer à l’Ukraine pour utiliser le port de Sébastopol.

Le Kremlin est profondément opposé à l’adhésion de l’Ukraine ou de toute autre république ex-soviétique à l’OTAN et il est capable de pointer une arme économique sur la tempe de l’Ukraine.

La Russie reste le partenaire commercial le plus important de l’Ukraine, et Kiev est totalement dépendante du pétrole et du gaz russes.

Un pro-occidental survit à un empoisonnement

En 2004, l’élection présidentielle ukrainienne entachée de fraude est remportée par le candidat soutenu par la Russie, Viktor Ianoukovitch.

Mais après des manifestations de rue sans précédent, l’élection est annulée.

La victoire le 26 décembre du leader de l’opposition pro-occidentale Viktor Iouchtchenko marque le début d’une nouvelle ère politique en Ukraine après une décennie sous la coupe de Leonid Koutchma pro-moscovite.

Iouchtchenko est victime d’une mystérieuse attaque à la dioxine, qui le défigure, pendant la campagne mais survit.

Dès son arrivée au pouvoir, Iouchtchenko exprime le souhait de l’Ukraine d’adhérer à l’UE, malgré l’opposition de Bruxelles et de l’OTAN.

Mais en 2008, l’OTAN provoque l’ire de Moscou lorsque ses dirigeants déclarent que l’Ukraine pourrait un jour rejoindre l’alliance.

Les deux voisins traversent plusieurs guerres commerciales et affrontements, le plus spectaculaire étant celui du gaz en 2006 et 2009 qui perturbe l’approvisionnement énergétique de l’Europe.

Insurrection pro-UE

Le président Viktor Ianoukovitch arrive au pouvoir en février 2010 et entame un rapprochement rapide avec la Russie, tout en affirmant que l’intégration à l’UE reste une priorité.

Mais sous la pression du Kremlin, il refuse à la dernière minute de signer un accord avec l’UE en novembre et opte plutôt pour un accord commercial avec Moscou.

Le demi-tour déclenche un mouvement de protestation pro-européen de masse centré sur la place centrale de Kiev, le Maïdan.

La révolte de rue s’achève en février 2014 avec la fuite de Ianoukovitch vers la Russie et sa destitution, après la mort d’une centaine de manifestants dans de violents affrontements.

Crimée puis Donbass

La Russie riposte en déployant ses « petits hommes verts polis » en Crimée – qui s’avèrent être des troupes russes – puis en annexant la péninsule.

Le 16 mars 2014, un référendum organisé par Moscou approuve la prise de contrôle de la Russie.

L’annexion provoque la pire crise diplomatique entre l’Occident et la Russie depuis la chute de l’Union soviétique et de lourdes sanctions sont imposées à Moscou.

Puis en avril, des séparatistes pro-russes s’emparent de sites clés dans le Donbass, une région industrielle majoritairement russophone dans l’est de l’Ukraine. Les affrontements dégénèrent en guerre en mai.

Kiev et l’Occident pensent que Moscou a conçu la campagne séparatiste en représailles au penchant pro-occidental de l’Ukraine.

Quelque 14 000 personnes meurent dans le conflit.

Accumulation puis invasion

Depuis fin 2021, Moscou a massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l’Ukraine, alimentant les craintes d’une invasion.

Lundi, le président russe Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des deux républiques séparatistes autoproclamées de Donetsk et Lougansk.

Trois jours plus tard, les forces russes envahissent l’Ukraine et Poutine avertit l’Occident des « conséquences horribles » s’il interfère.

Laisser un commentaire