Sayragul Sauytbay dénonce l’horreur des camps chinois | International | DW


L’Union européenne a pris des sanctions contre les dirigeants de la région chinoise du Xinjiang, ce lundi 22 mars, pour la persécution des musulmans Ouïghours. Des sanctions rares -une première depuis 1989- pour violations des droits humains, prises en concertation avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada. Les sanctions européennes cohérentes en une interdiction de se rendre dans l’UE et un gel des avoirs détenus dans l’Union européenne.

Pékin réplique

Pékin a répliqué en sanctionnant dix personnalités européennes, dont plusieurs élus du Parlement européen, accusés « de porter gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et de propager des mensonges et de la désinformation« . Les Européens et leurs familles seront interdits de séjour en Chine, à Hong Kong et Macao.

Réécouter → Plus d’un million de musulmans internés en Chine – Magazine Droits et libertés du 15 avril 2019.

A l’origine de cette affaire: les accusations de travail forcé, voire même de stérilisation forcée dans les camps pour les Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. La Chine rejette toutes ces accusations, décrivant ces lieux comme des « centres de formation professionnelle« .

La Chine rejette régulièrement les accusations de violations des droits humains

La Chine rejette régulièrement les accusations de violations des droits humains

Forcée à « enseigner« 

Sayragul Sauytbay est elle passée dans ces camps. Elle a déjà raconté son histoire de nombreuses fois. Mais quand elle en parle, l’émotion est toujours forte, les larmes lui montent aux yeux rapidement. Il y a un peu plus de trois ans, en pleine nuit, elle raconte avoir été enlevée dans sa ville natale du district d’Aksu, dans l’ouest du Xinjiang. Un sac sur la tête, elle est emmenée dans un camp.

« Il y avait environ 2.500 détenus, des femmes, des hommes, des enfants », énumère-t-elle. « Le plus jeune avait 13 ans, le plus vieux 84 ans. Comme je parle ouïgour, kazakh et chinois, j’ai été obligé d’enseigner. » Des enseignements, comme les intimés le gouvernement chinois, que cette femme dénonce.

Propagande politique

« Les détenues écrire encore et encore » J’aime le Parti communiste « , » Je suis heureux « et » J’aime l’Etat et le chef du parti Xi Jinping « . pendentif haute et les répéter des heures « , assure-t-elle.

Sayragul Sauytbay parle de « conditions inhumaines« , de »tortures« et de »violences« . Elle porte même des accusations d’agressions sexuelles et de violes. « Ils prenaient les filles et les jeunes femmes la nuit et les ramenaient le matin. On pouvait alors voir dans quel état elles étaient ».

Un million de détenus

Sayragul Sauytbay a finalement été libérée, avant de fuir en Suède. Il est impossible de vérifier ses dires. Le pouvoir chinois, lui, rejette catégoriquement les accusations, comme il l’a d’ailleurs fait encore ce lundi.

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La Chine parle de centres de formation professionnelle destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours

La Chine parle de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours

Mais les recherches prévues notamment par des groupes de défense des droits de l’homme et des chercheurs indépendants se sont concentrés qu’environ un million de Ouïghours et de membres d’autres minorités ethniques sont détenus dans ces camps depuis 2016.

Malgré les menaces et les accusations de mensonges, Sayragul Sauytbay promet, elle, de continuer à parler et à raconter. Il faut maintenir la pression contre le régime chinois pour que tout cela cesse, dit-elle.

Le témoignage de Sayragul Sauytbay a été recueilli par Ruth Kirchner, de la radio-télévision publique allemande ARD.



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