Présidence française du Conseil de l’UE : ce que cela signifie pour l’action climatique


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Depuis le 1er janvierst, la France assume la présidence semestrielle du Conseil de l’UE pour la première fois en 14 ans. Cela vient après une présidence mouvementée de 6 mois tenue par la Slovénie et marque le début d’un nouveau trio de présidences avec la Tchéquie et la Suède prêtes à succéder à la France. Cette présidence du Conseil sera sans doute marquée par les élections présidentielles françaises qui auront lieu en avril.

Habituée aux slogans en trois mots, la devise de la présidence française est « Relance, puissance, appartenance », suggérant de se concentrer sur la reprise économique, affirmant l’influence géopolitique de l’UE et s’appuyant sur la cohésion européenne. En matière de changement climatique, la présidence devra progresser sur un grand nombre de propositions législatives déposées l’année dernière dans le cadre du soi-disant « Forfait adapté à 55′. Après l’accord sur la loi européenne sur le climat, le défi réside désormais dans la conception et la mise en œuvre de règles qui mettent l’Europe sur la voie rapide de la neutralité climatique d’ici 2050.

La France sera désormais dans la position privilégiée de présider et de guider l’agenda du Conseil de l’UE au cours des 6 prochains mois, en choisissant effectivement les propositions à prioriser et celles qui devraient être laissées à la prochaine présidence.

« Capitalisme responsable et durable »: tirer parti du commerce et de la consommation

L’un des principaux objectifs sera la proposition Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) pour contrer le risque de fuite de carbone (le risque qu’un pollueur se délocalise pour être soumis à des coûts d’émissions moins contraignants). Le système européen d’échange de quotas d’émission (EU ETS) prévoit déjà des allocations gratuites pour les secteurs exposés à ce risque, ainsi que des mesures financières pour compenser les coûts d’émission indirects résultant des coûts d’émissions de GES répercutés sur les prix de l’électricité. Le résultat est un signal de prix du carbone affaibli, affectant négativement les incitations à investir dans des technologies à faibles émissions, telles que le captage et le stockage du carbone. La CBAM est proposée pour la remplacer, tirant parti de l’influence commerciale de l’UE et garantissant que les produits importés dans l’Union sont traités sur la même base que ceux produits dans l’Union.

Du point de vue de Bellona, ​​il est essentiel que l’introduction d’un CBAM se fasse en conjonction avec une élimination complète des allocations gratuites et des systèmes de compensation nationaux, et que le mécanisme évalue également les émissions indirectes et intégrées associées aux produits, telles que les émissions des l’énergie utilisée. Il est essentiel d’inclure les émissions indirectes pour saisir l’intégralité de l’impact sur le climat à la frontière et pour garantir des conditions de concurrence équitables fondées sur l’impact réel sur le climat entre les producteurs de l’Union et ceux des pays tiers.

La présidence se concentrera également sur l’UE hautement politisée Taxonomie de la finance durable. Ce dossier vise à pallier l’absence d’une norme harmonisée dans le secteur financier en matière de divulgation de la durabilité des produits d’investissement. Un point clé de discorde sera la classification controversée du nucléaire et du gaz fossile sans relâche comme activités durables. La France fait depuis longtemps pression pour l’inclusion du nucléaire, et comme en témoigne la fuite de l’acte délégué complémentaire en janvier, l’inclusion supplémentaire proposée du gaz fossile sans relâche est une pilule que les Français pourraient être prêts à avaler pour y arriver. Il appartiendra désormais à la Présidence française de conduire la poursuite du processus. Bellona Europa continue de plaider pour une taxonomie crédible sur le plan climatique comme solution – plutôt qu’outil pour – l’écoblanchiment. Conformément au principe de neutralité technologique, cela signifie que le gaz fossile ne devrait pas être exempté du seuil de 100 gCO2e/kWh.

le Directive sur la taxation de l’énergie, dont la révision se fait attendre depuis longtemps, figure également parmi les priorités de la Présidence malgré l’important défi que représente l’obtention d’un accord unanime au Conseil, requis pour les questions relatives à la fiscalité. La révision de cette directive devrait rééquilibrer les régimes de taxation de l’énergie afin de garantir que les types d’énergie les plus polluants soient taxés à un taux plus élevé.

Reprenant l’accent mis par la COP26 sur la finance climatique, la France a choisi de mettre l’accent sur le capitalisme vert. Une exception notable cependant est la nécessité de réorienter les capitaux vers des technologies critiques à faible émission de carbone, y compris le CSC pour l’industrie lourde. C’est particulièrement décourageant car cela devrait être au cœur de l’approche de la France en matière d’atténuation du climat en tant que nation industrielle de premier plan.

Restructuration de l’architecture climatique de l’UE

La présidence française sera confrontée à la tâche difficile de gérer l’approche du Conseil concernant le paquet Fit for 55, qui comprend une refonte de l’architecture climatique de l’UE, notamment une proposition de deuxième système d’échange de quotas d’émission pour les transports et les bâtiments et l’inclusion des émissions hors CO2 de l’agriculture à fusionner dans le Règlement UTCATF d’ici 2030.

Principalement, en tant que grande nation agricole, la présidence française s’attachera à donner la priorité aux projets de la Commission concernant l’agriculture et Agriculture du carbone, en s’appuyant sur son travail domestique sur le « Label Bas Carbone ». Avec la Commission Mécanisme de certification d’élimination du carbone devant être proposé d’ici la fin de l’année, il est clair que la présidence française cherchera à influencer les processus pour qu’ils reconnaissent le potentiel d’élimination du carbone des sols agricoles. Bellona se méfie de tels efforts, car le stockage du carbone dans les sols est hautement réversible et extrêmement difficile à surveiller et à vérifier.

Économie circulaire

Sur la circularité, trois grands dossiers législatifs seront abordés : le Régulation de la batteriela Initiative de produits durables et le Stratégie de l’UE pour des textiles durables. Un thème central est la nécessité de réduire l’empreinte carbone des produits tout en préservant l’autonomie stratégique de l’Union, notamment pour les batteries. Cela entraînera probablement des travaux importants sur le Règlement sur les transferts de déchets.

En ce qui concerne les textiles et les produits durables, il sera important de s’assurer que l’impact climatique réel de ces produits est ancré dans la réalité, avec des reflets précis des flux de carbone et de leurs émissions associées. Ce n’est pas parce qu’un produit est recyclable ou biodégradable qu’il est durable.

Transports et Bâtiments

le Directive sur la performance énergétique des bâtiments sera un point clé à l’ordre du jour d’une conférence ministérielle qui sera organisée en mars, pour accélérer l’utilisation des énergies renouvelables dans les bâtiments tout en luttant contre la précarité énergétique.

En outre, des progrès devront être réalisés sur la Normes CO2 pour les voitures et les camionnettes. Une question litigieuse est susceptible d’être la date d’élimination progressive de la vente des moteurs à combustion interne, proposée pour 2035, qui a déjà suscité des opinions opposées au sein du Conseil. Bellona insiste sur le fait qu’en raison de la longue durée de vie de ces véhicules, la date d’élimination devrait être avancée à 2030 afin que d’ici 2050, l’ensemble du parc de véhicules soit à zéro émission.

Finalement, le Règlement sur les infrastructures de carburant de remplacement et les stratégies associées pour les secteurs de l’aviation (ReFuel EU) et du transport maritime (FuelEU) seront également à l’ordre du jour de la présidence française.

Que manque-t-il ?

En tant que grand pays industriel et candidat retenu au Fonds d’innovation, une omission notable est le rôle du captage et du stockage du carbone, essentiel pour permettre la décarbonisation des industries lourdes et le déploiement de l’élimination du dioxyde de carbone. le Forfait marché du gaz et le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe pourrait servir à sortir du gaz fossile et donner un rôle clé aux réseaux d’infrastructures CO2, mais cela ne semble pas être une priorité pour cette présidence.

Dans l’ensemble, ces six mois s’annoncent chargés pour la présidence du Conseil et pour toutes les parties prenantes concernées.

Pour en savoir plus sur le forfait Fit for 55, veuillez consulter les articles ci-dessous :

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