Pourquoi la France n’est pas (encore) prête pour le déconfinement


Le ton de l’exécutif s’assouplit, le cap est fixé et les promesses d’un retour prochain à la vie normale se multiplient. Alors que la population étouffe, le gouvernement lui donne une bouffée d’air frais: oui, les réouvertures de certaines terrasses et lieux de culture pourront démarrer autour de la mi-mai. Comme s’il suffisait que l’Elysée tape du poing sur la table pour que le Covid-19 prenne la fuite. Pourtant, l’épidémie semble s’accrocher, restant sourde à l’échéance fixée par le président Emmanuel Macron. Alors que le gouvernement prépare son calendrier de déconfinement pour un retour à la vie (presque) normale, la France entrevoit-elle le bout du tunnel?

Les indicateurs sont stables, mais ils restent à un niveau très élevé. Le nombre de nouveaux cas s’est tenu à plus de 200 000 (230 770, contre 275 249 la semaine précédente), malgré un jour férié supplémentaire (Pâques). Au total, on comptabilise plus de 13 000 hospitalisations hebdomadaires, plus de 3 100 admissions en réanimation et plus de 2 100 décès, « la tension hospitalière se poursuit sur l’ensemble du territoire métropolitain et la mortalité est toujours en hausse », précise Santé publique France, dans son point hebdomadaire.

Les derniers chiffres ne sont pas plus encourageants. Vendredi soir, la France a enregistré 36 442 nouveaux cas, selon les données officielles. En parallèle, le Covid-19 a fait 309 morts à l’hôpital entre jeudi et vendredi. Le bilan total depuis le début de l’épidémie dépasse le seuil des 100 000 et se tient très précisément à 100 404 décès. « La troisième vague est loin d’être terminé », malgré « un certain nombre d’évolutions favorables », a commenté le premier ministre Jean Castex lors d’un déplacement à Caen vendredi.

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Des chiffres qui restent alarmants

Depuis lundi, le nombre de malades Covid-19 en réanimation s’est stabilisé au-dessus de 5 900, encore loin du pic de la première vague (7 000). Mais le chiffre reste élevé si l’on veut déconfiner le pays. Autre indicateur qui reste au rouge: le taux d’incidence qui correspond au nombre de personnes infectées sur une semaine, dans une population de 100 000 habitants. Alors que le seuil d’alerte a été fixé par le gouvernement à 250 cas pour 100 000 habitants, il s’élève à 407 selon les données disponibles au 12 avril.

Mais les effets attendus par la mise à l’arrêt du pays vont-ils changer la donne? « Nous observons un impact favorable des mesures mises en œuvre pour freiner l’épidémie en particulier dans les 16 départements qui ont été concernés dès le 16 mars », estime Daniel Levy-Bruhl de Santé Publique France, qui fait le point sur l’évolution des indicateurs épidémiologiques. Selon le spécialiste, ces départements mis sous cloche plus tôt enregistrent une diminution de l’émission du Covid-19, qui devrait se vérifier dans les autres territoires.

Pour tenir ses promesses et rouvrir le pays le plus rapidement possible, l’exécutif mise sur la vaccination. En France, la campagne d’immunisation continue de progresser, dépassant les 400000 injections quotidiennes, mais le taux de couverture vaccinale (22,8% de la population majeure avec une première dose, 8,1% avec deux) est encore relativement bas . « La vaccination est la clé pour pouvoir sortir de cette pandémie », at-il insisté, notant que le gouvernement se préparait à l’hypothèse d’une troisième dose en cas notamment de nouvelles mutations du virus.


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