Marchons, marchons ! Les défenseurs du climat et de la justice sociale se mobilisent à travers la France


Des milliers de personnes sont descendues dans les rues des grandes villes de France samedi après-midi pour « Marcher pour l’avenir » et réitérer l’importance de la justice sociale et de la lutte contre le changement climatique. Beaucoup pensent que l’environnement n’a pas pesé assez lourd dans le débat qui a précédé le premier tour des élections présidentielles de dimanche.

De Paris, Lyon, Bordeaux, Rennes, à Montpellier… des dizaines de groupes écologistes, antiracistes, féministes et associatifs se sont réunis pour partager leur message commun avec le cri de ralliement « justice, climat, égalité et paix ».

83 événements ont été organisés à travers la France, avec quelque 300 associations impliquées, dont Alternatiba, Greenpeace, Les Amis de la Terre, #NousToutes et la Fondation Abbé Pierre.

« C’est un rassemblement exceptionnel », a déclaré à l’AFP Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre.

« C’est pour montrer qu’à la fin de ce mandat présidentiel, et au début d’un nouveau, tous ces problèmes ont la même cause. Et même si on ne peut pas parler directement des candidats aujourd’hui, c’est l’occasion de discuter les thèmes qui ont été oubliés pendant la campagne. »


La loi française stipule que les candidats ne sont pas autorisés à faire campagne la veille de l’élection, et un black-out médiatique est en vigueur.

Malgré cela, le candidat vert Yannick Jadot a été repéré parmi les marcheurs, tandis que le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a également appelé à une brève rencontre, a indiqué son équipe.

A Paris, on a pu apercevoir des supporters des Gilets jaunes défiler aux côtés des défenseurs du climat pour une participation de plus de 5 000 personnes selon la police, plus proche de 35 000 selon les organisateurs.

Des banderoles indiquant « Alerte rouge pour un avenir plus vert » ou « Isolons les logements, pas les gens » pouvaient être vues dans la foule.

Les manifestants tiennent des pancartes lisant "Climat en péril" au cours d'une "Chercher" marche pour appeler les candidats à la présidentielle à prendre en compte l'urgence climatique à Paris, France, le 9 avril 2022.
Des manifestants tiennent des pancartes indiquant « Climat en danger » lors d’une marche « Look up » pour appeler les candidats à la présidentielle à prendre en compte l’urgence climatique à Paris, France, le 9 avril 2022. REUTERS – BENOIT TESSIER

alerte rouge

Pour Astrid, 26 ans, il n’y a pas de temps à perdre face au réchauffement climatique.

« C’est un cri du cœur, pour qu’ils se rendent compte que nous sommes sérieux à ce sujet et que nous ne nous soucions pas du reste. C’est une urgence, c’est pour notre survie. Les animaux pourront peut-être survivre mais nous ne le ferons pas. pouvoir s’adapter », a-t-elle déclaré à France Info.

Après un rassemblement massif le 12 mars, le slogan « Look Up » est apparu, s’inspirant du film « Don’t Look Up » réalisé par Adam McKay, avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence et Meryl Streep parmi d’autres célébrités.

La production Netflix met en lumière sous un jour cruel la politique des temps modernes et les conséquences désastreuses qui attendent l’humanité face à un changement climatique débridé.

Pour les organisations impliquées, le film a réussi à « remettre les grands enjeux dans le débat public ».

Fin du monde tel que nous le connaissons

A Lyon, où environ 2 000 personnes se sont rassemblées, les mots « ne jetez pas d’huile sur le feu », et « ils détruisent les vivants, détruisons les puissants », s’affichaient à côté de la grande planète symbole de Greenpeace.

« Fin du monde, fin du mois, même combat », lit-on sur une autre banderole du groupe paneuropéen Alternatiba, l’un des principaux organisateurs de l’événement.

Sous le soleil de Bordeaux, certains manifestants ont exprimé leur inquiétude face au dernier rapport scientifique publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU le 4 avril.

« Quoi qu’il arrive dans les urnes, c’est trop tard. Les experts du GIEC nous ont donné trois ans pour inverser la tendance concernant les missions carbone », porte-parole de « Il est encore temps » et militant écologiste réseau Extinction Rebellion.

Cette pensée est prédominante dans l’esprit de nombreux manifestants, alors qu’ils font face aux sombres perspectives du rapport pour la planète appelant à un changement radical de la structure économique.

« C’est très effrayant », a déclaré Julie, 26 ans, aux médias français lors du rassemblement à Paris. « Il y a eu des rapports pendant des années et ils n’ont pas été pris en compte. Aujourd’hui, la conclusion est incontournable, c’est maintenant ou jamais.

Ouvre les yeux, lève les yeux

« L’urgence climatique est désormais indéniable ; mais au lieu de faire face à la vérité et de prendre ses responsabilités, les dirigeants politiques et les multinationales détournent délibérément le regard, voire gâchent l’espoir même d’un avenir juste et supportable », ont écrit les organisateurs sur Facebook.

Les citoyens sont donc incités à « ouvrir les yeux, considérant les cinq prochaines années comme décisives pour redresser la barre ».

« Le fait qu’on voit beaucoup de jeunes ici me donne de l’espoir », a déclaré Chloé à France Info. « Nous n’avons pas le choix, si nous ne faisons rien, nous nous heurterons au mur.

« Nous devons changer notre mode de vie, et cela doit être accompagné par nos politiques, cela ne peut pas être que des actions individuelles », renchérit Serge, chercheur en biologie.

« Quand on voit que prendre l’avion est moins cher que le train, alors il faut prendre une décision politique ».

Une chose sur laquelle la plupart des personnes présentes s’accordent est que les années à venir seront cruciales pour l’environnement, peu importe qui sera élu au pouvoir lors des élections.

« On essaie de faire marcher les gens avec nous, mais c’est vraiment dur », raconte Nicolas, militant d’un groupe citoyen.

« Beaucoup de gens ont le Covid, et d’autres se rétablissent après avoir attrapé le Covid. Il y a aussi beaucoup de partisans des partis politiques qui se reposent après la période de campagne. »

« Aujourd’hui, c’est un échauffement pour la période post-électorale », dit-il.



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