L’UNICEF tire la sonnette d’alarme sur les enlèvements de femmes et d’enfants en Haïti |


Selon le directeur régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Jean Gough, « aucun endroit n’est plus sûr pour les enfants en Haïti ».

« Que ce soit sur le chemin de l’école, à la maison ou même à l’église, les filles et les garçons risquent d’être kidnappés n’importe où, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. C’est le pire cauchemar de tous les parents », a-t-elle expliqué.

L’UNICEF estime, sur la base de sources officielles, que 71 femmes et 30 enfants ont été enlevés au cours des huit premiers mois de cette année, contre 59 femmes et 37 enfants l’année dernière.

Ce nombre représente un tiers des 455 enlèvements signalés. La plupart des enlèvements ont lieu dans la capitale Port-au-Prince, et la plupart des personnes enlevées sont haïtiennes.

Montée de la violence

Depuis juin, la violence des gangs dans la région a déplacé au moins 19 000 personnes et en a touché 1,5 million.

« Les gangs criminels utilisent les enfants comme monnaie d’échange et font de l’argent grâce à l’amour des parents pour leurs enfants », a déclaré Mme Gough. « Au milieu de la pauvreté généralisée et de la criminalité généralisée, les enlèvements d’enfants sont devenus une activité lucrative. C’est odieux.

Selon des articles de presse, le Centre d’analyse et de recherche sur les droits de l’homme, une ONG basée en Haïti, a signalé près de 800 enlèvements dans le pays cette année. Au cours de la seule première quinzaine d’octobre, 119 personnes ont été enlevées.

Pas plus tard que le week-end dernier, 17 missionnaires des États-Unis et du Canada ont été kidnappés. Les missionnaires revenaient d’une visite dans un orphelinat lorsque leur bus aurait été saisi par des membres du gang des 400 Mazowo.

Concrètement, pour les enfants et leurs mères, ces actes ont un impact durable. La captivité provoque toujours un traumatisme car ils sont souvent témoins ou subissent des humiliations, des menaces et, dans certains cas, des violences.

Pour améliorer le signalement des incidents et l’assistance, l’UNICEF a soutenu l’agence nationale de protection de l’enfance (IBESR) dans la réactivation de sa hotline gratuite à utiliser en parallèle d’une ligne d’assistance gérée par la Brigade de protection des mineurs (BPM).

Combinaison de crises

Haïti est encore sous le choc d’un tremblement de terre dévastateur qui a frappé le sud-ouest du pays en août, laissant 130 000 maisons, plus de 1 000 écoles et quelque 90 centres de santé endommagés ou détruits.

De plus, l’expulsion de plus de 7 600 migrants haïtiens, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants, des États-Unis et d’autres pays des Amériques, pourrait mettre en danger des enfants et des femmes plus vulnérables.

Selon le Coordonnateur résident et humanitaire par intérim, Fernando Hiraldo, toutes ces crises constituent des obstacles à l’accès humanitaire. La situation est encore compliquée par de très graves pénuries de carburant et une offre réduite de marchandises.

Selon M. Hiraldo, la situation sécuritaire, qui était déjà précaire, s’est considérablement détériorée depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet.

Partout au pays, en septembre 2021, 4,3 millions de personnes connaissaient des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, contre 4 millions en août 2020.

Actuellement, environ 70 pour cent de toutes les écoles du sud-ouest du pays sont encore endommagées ou détruites, selon l’UNICEF.

Plus tôt ce mois-ci, s’adressant au Conseil de sécurité, Helen La Lime, Représentante spéciale et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a déclaré que le pays subit «l’une des périodes les plus chargées de son histoire récente”.

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