L’UE fait face à des choix brutaux concernant l’argent de sauvetage des entreprises contre les coronavirus


Au début de la crise des coronavirus, il est devenu tout à fait clair que les États membres de l’UE allaient devoir injecter de vastes sommes d’argent pour maintenir leurs entreprises à flot alors que la pandémie obligeait les économies à se geler profondément.

Ce support de vie ne peut pas être maintenu en place indéfiniment. Et décider comment et quand le réduire pourrait s’avérer beaucoup plus compliqué – et politiquement explosif – que de le mettre en œuvre en premier lieu.

Alors que la Commission européenne prévoit «la lumière au bout du tunnel» pour l’économie de l’UE, les ministres des finances se préparent à ouvrir un débat sur la manière dont ce processus devrait être géré. Le sujet devrait figurer lors de la réunion de l’Eurogroupe lundi.

Personne ne parle de supprimer bientôt les mesures de soutien des entreprises. L’Europe est toujours bloquée et les mouvements transfrontaliers sont sévèrement limités.

Comme le disait une note de la commission qui sera discutée à l’Eurogroupe, un «retrait brutal et non coordonné» des mesures de soutien pourrait déclencher une vague de faillites et causer des dommages économiques et sociaux durables. Au lieu de cela, à mesure que les mesures générales de soutien aux entreprises expireront, «il sera progressivement nécessaire de les remplacer par des programmes plus ciblés».

Mais l’activité économique devrait retrouver son niveau d’avant la crise au milieu de l’année prochaine. Les gouvernements devront commencer à se préparer à des choix difficiles en ce qui concerne les programmes de soutien de l’État.

Ils ne veulent pas laisser couler des entreprises solides. Mais comme l’a dit un responsable de l’UE, «les entreprises qui sont fondamentalement non viables devraient être autorisées à faire faillite à un moment donné».

Cela impliquera des jugements difficiles sur la manière dont Covid-19 a changé la structure des industries de l’UE, déterminant quels secteurs ont de bonnes perspectives et lesquels ne seront plus jamais les mêmes. L’histoire variera fortement d’un pays à l’autre, soulignant une fois de plus les risques créés par des fortunes économiques divergentes au sein des États membres de la zone monétaire.

La tâche darwinienne de déterminer quelles entreprises seront viables à long terme peut impliquer que les gouvernements font appel à des spécialistes du secteur privé pour passer au crible les chiffres, ce que certaines capitales ont déjà commencé à envisager.

Elle aura également des implications pour le secteur bancaire, qui a jusqu’ici été épargné par une flambée des prêts improductifs grâce à des régimes de soutien public massifs.

Un défi darwinien nous attend © AP

La part des prêts improductifs des entreprises dans la zone euro s’élevait à 5,23 pour cent du total des prêts au deuxième trimestre de l’année dernière, légèrement inférieure à celle du trimestre précédent, selon la note de la commission. Les chiffres des faillites sont restés contenus.

Mais «une fois que les mesures de soutien public sans précédent expireront, un certain nombre d’entreprises risquent de ne pas s’acquitter de leurs obligations en matière de dette, ce qui entraînera une augmentation des NPL et des faillites», prévient la note.

La commission jouera un rôle essentiel dans tout cela. Bruxelles a franchi plus de 3 milliards d’euros d’aides d’État exceptionnelles pendant la crise, selon les données de la Commission. L’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne représentaient les parts les plus importantes.

Mais à un moment donné, Bruxelles devra commencer à se resserrer dans le cadre d’une transition vers des conditions réglementaires plus normales.

Les responsables notent que le régime des aides d’État a été assoupli dans la bataille contre Covid-19, servant de «pont» pour aider les entreprises à survivre – pas pour les soutenir indéfiniment. Jusqu’à présent, la commission a fait preuve de flexibilité, ajustant les règles cinq fois, avec une prolongation poussée le mois dernier. «Nous n’avons pas de boule de cristal et nous continuons à surveiller la situation», a déclaré un officiel.

Mais le régime actuel de soutien massif des entreprises par les contribuables ne peut durer éternellement. «Cela va être un jugement difficile», a déclaré un autre responsable. «Je ne pense pas que quiconque considère les mesures actuelles de soutien aux entreprises comme un élément souhaitable à long terme de l’Union européenne.»

Chart du jour: la crypto éclate au grand jour

Bitcoin tente de se généraliser après des approbations directes et implicites d’institutions financières et d’entreprises de premier plan. Le FT a examiné le chapitre suivant de l’histoire courte mais dramatique de la crypto-monnaie volatile. (graphique via FT)

Partout en Europe

  • Bruxelles et Londres prévoient de mettre en place une ligne d’urgence pour faire face aux problèmes liés au Brexit en Irlande du Nord. Dans un autre signe de friction, le premier ministre britannique Boris Johnson a refusé à deux reprises dimanche de soutenir le protocole du Brexit en Irlande du Nord à la demande du radiodiffuseur américain CBS s’il s’y tiendrait. (FT)

  • La Commission européenne devrait permettre aux données de continuer à circuler librement de l’UE vers le Royaume-Uni après avoir conclu que les Britanniques avaient assuré un niveau adéquat de protection des informations personnelles. C’est loin d’être la fin de l’histoire, cependant. (FT)

  • Le Danemark est susceptible d’augmenter encore ses dépenses militaires dans l’Arctique après avoir dévoilé un investissement de 250 millions de dollars dans les capacités de surveillance au Groenland et aux îles Féroé pour contrer le renforcement militaire de la Russie dans la région. (FT)

  • L’homme derrière la fameuse «vidéo d’Ibiza» qui a fait tomber le gouvernement autrichien en 2019 a déclaré qu’il demandait l’asile en Allemagne pour échapper à la «persécution politique» dans son pays d’origine, dans une affaire qui risque de devenir une pomme de discorde diplomatique entre Vienne et Berlin. (FT)

  • L’Allemagne a pour la plupart fermé ses frontières terrestres avec la République tchèque et le Tyrol autrichien pendant au moins 10 jours dans le but de réduire les risques de transmission des variantes du virus. (DW)

À venir cette semaine

L’eurogroupe se réunit par visioconférence lundi. Les ministres de l’économie et des finances de l’UE tiendront mardi des entretiens informels en ligne, tandis que les ministres de l’éducation feront de même vendredi. Les ministres de la Défense de l’OTAN tiennent une téléconférence sécurisée mercredi et jeudi, la première depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

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