Lettre : pourquoi la Norvège ne réduira pas les prix du gaz en cas de pénurie d’approvisionnement


Dans sa chronique Markets Insight (19 août), David Sheppard suggère à la Norvège de baisser le prix auquel elle vend son gaz. Mais comme Sheppard le reconnaît lui-même, la Norvège intensifie déjà l’extraction de gaz, au prix d’une perte de production de pétrole, faisant ainsi un effort modeste pour aider l’Europe à traverser la crise.

Il y a cependant des arguments contre sa proposition à la Norvège de baisser les prix. Les baisses de prix norvégiennes n’aideraient guère les utilisateurs finaux, mais profiteraient plutôt aux intermédiaires tels que les entreprises qui achètent et revendent le gaz. Bien que la Norvège soit un gros vendeur sur le marché du gaz du nord-ouest de l’Europe, son pouvoir de marché est limité. L’absence d’intégration verticale signifie que des parties de la chaîne de valeur sont séparées et libres de fixer les prix de manière indépendante.

Comme remède, Sheppard pourrait envisager des contrôles des prix en aval, mais la base de cela serait arbitraire.

Le gouvernement allemand a récemment engagé 15 milliards d’euros pour reconstituer les stocks de gaz avant l’hiver. Le but est de montrer à son public que le gouvernement de Berlin est sérieux en matière de sécurité d’approvisionnement et que la Russie n’est pas indispensable.

Une commission spéciale d’achat de gaz disposera des ressources nécessaires pour conclure des contrats de livraison, également à partir de sources éloignées.

L’opération est susceptible d’entraîner des prix du gaz naturel encore plus élevés en Europe. Vraisemblablement, les compagnies électriques et gazières allemandes favorisent des prix du gaz plus élevés afin de remplacer les molécules russes par des molécules étrangères, ce qui implique des coûts de transport plus élevés. Les entreprises ont également besoin de prix plus élevés pour financer l’expansion de l’énergie solaire et éolienne. Les structures et pratiques du marché en vigueur en Allemagne facilitent dans une certaine mesure la transmission de ces coûts élevés aux consommateurs. Mais c’est loin d’être une solution parfaite, et l’équilibre du marché est difficile.

Le problème le plus profond est la contradiction entre la volonté de payer des prix extrêmement élevés et le refus de contracter des approvisionnements à long terme à des prix plus modérés (c’est-à-dire avec le Qatar et d’autres fournisseurs).

Je crains que le résultat ne soit une crise d’approvisionnement durable avec des prix élevés. Dans cette situation, pourquoi la Norvège ou tout autre vendeur devrait-il proposer des prix du gaz plus bas ?

Øystein Noreng
Professeur émérite, BI norvégien
École de commerce, Oslo, Norvège

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