Lettre : le modèle de financement de projets en Afrique est bloqué dans les années 1990


Il n’est donc pas surprenant que la recherche de sources de financement des infrastructures africaines par David Pilling n’ait pas été particulièrement fructueuse (« Wanted :funding models to deal with Africa’s paradoxs », Special Report, 1er juin).

Il cherchait aux mauvais endroits. Même en 2021, le modèle de financement pour l’Afrique est bloqué dans les années 1990.

Fondamentalement, le modèle donne la priorité au financement en devises fortes provenant des marchés internationaux. Ces obligations doivent être adossées à des garanties souveraines, laissant au pays la quasi-totalité des risques du projet. Étant donné que ces investisseurs doivent également être remboursés en devises fortes, il existe un plafond très bas sur le nombre de projets pouvant être financés.

Ce « mythe » selon lequel le financement international est la voie à suivre a été perpétué par les institutions de financement du développement, qui elles-mêmes prêtent en devises fortes et insistent sur le fait que certains des pays les plus pauvres en subissent les conséquences (95 % du financement des infrastructures des IFD pour l’Afrique est en devises fortes ).

Alors, que faut-il faire ? Premièrement, le lien entre le financement des infrastructures et les devises fortes doit être rompu. Les gouvernements doivent insister pour que les investisseurs étrangers acceptent au moins une partie du risque de change (comme ils le font très volontiers dans des pays comme l’Inde, la Turquie, le Brésil et l’Afrique du Sud). Les IFD peuvent ici prendre les devants en offrant aux investisseurs privés des garanties de risque ou des couvertures de change synthétiques.

Deuxièmement, l’Afrique doit également reconnaître que son infrastructure peut être financée en canalisant ses propres ressources, les montants collectés au niveau national auprès des fonds de pension et des compagnies d’assurance. Voilà à quoi ressemblera l’avenir du financement des infrastructures en Afrique.

Anshul Raï
Directeur général, Nigeria Infrastructure Debt Fund, Lagos, Nigeria

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