Lettre : Adopter une approche sectorielle des prix du carbone pour vaincre la crise climatique


Mises à jour de la lettre

Vous rapportez que Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE, cherche à éviter les guerres commerciales avec un système mondial de fixation des prix du carbone (Rapport, 14 septembre). Mais si le monde suivait cette approche, la lutte contre le changement climatique serait menacée.

Lorsque Cormann dit que « nous pouvons tirer parti de l’expérience de la fiscalité internationale pour construire un cadre inclusif pour la tarification du carbone », il souligne à juste titre l’importance de la tarification du carbone dans la lutte contre le réchauffement climatique – une position tout à fait conforme au rapport d’avril du FMI-OCDE. aux ministres des Finances du G20.

Pourtant, la proposition selon laquelle les pays utilisent un cadre purement volontaire pour s’entendre sur la meilleure façon de tarifer les taxes sur le carbone et d’autres formes de réglementation environnementale rendrait tout système mondial de tarification du carbone impraticable.

L’intervention de Cormann est en réponse au mécanisme d’ajustement des frontières carbone prévu par l’UE. La CBAM ne s’applique en effet qu’à un nombre limité de secteurs, qui figurent parmi les plus gros émetteurs de carbone : sidérurgie, ciment, engrais, aluminium et production d’électricité.

Sans un tel CBAM, les importations de ces matières premières en provenance de pays sans prix du carbone rendraient les producteurs nationaux moins compétitifs et déplaceraient la consommation vers une production à plus forte intensité de carbone à l’étranger.

La proposition n’est pas protectionniste. Il est plutôt conçu pour conduire à la création de règles du jeu équitables au niveau mondial entre les entreprises de ces secteurs. De plus, le CBAM ne devrait pas entrer en vigueur avant 2026. Cela nous donnera une occasion unique de conclure des accords sectoriels au niveau mondial, dans l’esprit du succès du Protocole de Montréal de 1987.

À cet égard, la mise en œuvre de marchés mondiaux sectoriels du carbone fournirait les fonds qui pourraient être utilisés pour éliminer progressivement les émissions de carbone : un plan coûteux lorsqu’il s’agit de moderniser les usines avec des technologies de capture et de stockage du carbone.

La proposition du secrétaire général de l’OCDE irait dans le sens inverse si les pays pouvaient prétendre qu’en raison de leurs autres efforts de lutte contre le changement climatique, les groupes concernés – qui sont en fait pleinement engagés dans la compétition internationale – n’auraient pas besoin de participer à ces des règles du jeu sectorielles équitables.

Si nous parvenions à un accord mondial, le risque de subversion des prix du carbone dans les pays qui les introduisent disparaîtrait – et les CBAM avec lui.

Si nous y parvenions, l’augmentation du stock de carbone dans l’atmosphère s’arrêterait et peut-être même s’inverserait – une priorité absolue pour le monde aujourd’hui.

Edmond Alphandéry
Ancien ministre français des Finances
Paris, France

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