Les réunions de printemps du FMI manquent d’ambition pour un monde en crise


L’écrivain est le sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires humanitaires

Lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale cette semaine, nous pouvons nous attendre à des mesures de soutien à la reprise pandémique des pays à revenu faible et intermédiaire qui sont louables mais sont bien en deçà de ce qui est nécessaire.

Un résultat probable sera une allocation de jusqu’à 650 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux du FMI, la monnaie de réserve du fonds qui est utilisée pour compléter les réserves officielles des membres. Une pause prolongée sur les paiements du service de la dette pour les pays les plus pauvres et un engagement des pays riches à aider à financer la distribution mondiale des vaccins Covid seront probablement également convenus.

Toutes ces mesures seront les bienvenues. Mais ils ne seront que marginalement utiles pour les pays où la fin de la pandémie est loin d’être terminée. Ils n’empêcheront certainement pas la mise en garde de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, d’une «dangereuse divergence» entre les économies de devenir une réalité.

Les projections du FMI montrent une reprise prolongée et difficile pour les pays en développement. La plupart ont peu de chances de vacciner suffisamment de personnes pour obtenir l’immunité collective avant 2023. Leurs coussins financiers sont presque épuisés, menaçant la première augmentation de la pauvreté mondiale depuis 1990. Déjà 270 millions de personnes sont confrontées à la famine.

Il n’est pas trop tard pour élever l’ambition des réunions de printemps. Ils pourraient être utilisés pour déclencher une action immédiate et définir l’ordre du jour de manière à reconnaître l’impact à long terme de cette crise et à l’adapter en termes d’échelle, de portée et de durée.

Le FMI et la Banque mondiale ont augmenté leurs prêts l’an dernier. Ils doivent maintenant s’engager publiquement à au moins maintenir leurs flux à ce niveau élevé pendant les cinq prochaines années. Cela nécessitera un accord entre les institutions et leurs actionnaires sur une utilisation plus créative de leurs bilans combinée à des engagements de financement de nouveaux actionnaires si nécessaire.

Deuxièmement, une restructuration fondamentale ou une dépréciation de la dette est nécessaire pour un nombre important de pays en développement. Le cadre commun pour le traitement de la dette convenu par le G20 en novembre dernier a du potentiel, mais n’a guère abouti à ce jour. Les actionnaires devraient demander au FMI et à la Banque mondiale d’appliquer le cadre et de s’attaquer plus activement au problème de la dette, par exemple en faisant participer les créanciers privés récalcitrants.

Troisièmement, ni les futures pandémies ni les changements climatiques ne peuvent être gérés si les pays en développement ne sont pas engagés dans le processus. Les institutions financières internationales doivent adapter leur modèle économique historique axé sur les pays. Le moment est venu pour les actionnaires de demander aux dirigeants des IFI de produire des propositions ambitieuses pour relever ces défis mondiaux.

Enfin, le soutien international aux pays pris au piège de la fragilité économique et des conflits reste fragmenté et a donné des résultats mitigés. Les réunions devraient expliquer comment les IFI et l’ONU peuvent mieux se coordonner sur les États fragiles sur les plans social, politique et économique.

Pendant la pandémie, il y a eu des exemples de solidarité et de collaboration intelligente; le développement de vaccins est peut-être le meilleur. Alors que les pays riches passent de la gestion des crises à la mise en forme de la reprise, ce serait une erreur de considérer la crise persistante dans les pays les plus pauvres du monde comme le problème de quelqu’un d’autre.

Certains diront que ces propositions étendent le mandat des IFI. Mais maintenir la faible réponse que nous avons vue jusqu’à présent serait un échec moral et un manque de prévoyance. Outre le risque évident de laisser le virus libre de circuler, il ouvre la possibilité à des crises secondaires – faim, conflit et déplacement – de se répandre dans la vie de tous, partout. Les réunions de printemps ont le potentiel de déterminer si cet automne est le début de la fin de la pandémie ou le début d’une phase plus complexe et dangereuse pour le monde.

Masood Ahmed, président du Center for Global Development, est co-auteur de cet article

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