Les rebelles yéménites attaquent un aéroport international saoudien


(Ryad) Les rebelles houthis du Yémen ont attaqué mercredi l’aéroport international d’Abha dans le sud de l’Arabie saoudite en affirmant avoir visé des objectifs militaires alors que la coalition menée par Riyad a évoqué un «crime de guerre» mettre en danger des civils.


Anuj CHOPRA avec Shatha YAISH à Dubaï
Agence France-Presse

Cette escalade intervient à contre-courant d’une tentative d’appréciation établie par la révision de la politique américaine sur le Yémen qui laisse entrevoir l’espoir d’une reprise du processus de règlement politique conflit durant plusieurs années.

«Une attaque lâche a été lancée par la milice terroriste des houthis contre l’aéroport international d’Abha. Un avion au sol a subi un incendie, qui a été maîtrisé », a indiqué la télévision d’État saoudienne El-Ekhbariyah.

Des «mesures ont été prises pour protéger les civils», ajoute la chaîne citant la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui soutient militairement le gouvernement yéménite depuis 2015 face aux rebelles.

«Crime de guerre»

Elle n’a pas fait état de victime ni précisé si l’appareil avait des passagers à bord.

La coalition avait indiqué plus tôt avoir intercepté deux drones armés lancés vers le sud du royaume par les rebelles houthis, qui sont soutenus par l’Iran.

Dans la capitale yéménite Sanaa qu’ils contrôlent, les houthis ont annoncé avoir ciblé une aire de stationnement de l’aéroport utilisée pour «attaquer militairement le peuple yéménite».

Quatre drones de type Samad-3 et un engin de type 2k ont ​​été utilisés et ont atteint leurs cibles avec précision, a annoncé sur Twitter un porte-parole des insurgés.

L’avion de ligne se développe en stationnement dans cet aéroport qui avait déjà été pris pour cible à plusieurs reprises par les houthis, selon la coalition.

«Prendre pour cible l’aéroport d’Abha est un crime de guerre et met en péril la vie de voyageurs civils», a ajouté El-Akhbariyah, citant la coalition.

Le gouvernement yéménite s’est empressé de dénoncer l’attaque. Le ministre de l’Information Mouammar al-Iryani a évoqué sur Twitter une opération téléguidée par l’Iran pour «déstabiliser la région», en référence au grand rival régional de Riyad.

«Le régime agressif d’Arabie saoudite a ignoré tous nos appels à ne pas utiliser les aéroports civils pour de fins militaires», a répliqué le porte-parole des houthis.

«Cette opération est une réponse aux raids aériens (de la coalition) et au blocus imposé à notre peuple», at-il ajouté.

Mardi, le «ministre» des Affaires étrangères des Houthis avait déclaré que les opérations des insurgés visant l’Arabie saoudienne étaient envisagées en riposte aux raids de l’aviation saoudienne au Yémen.

«Riposte»

«J’ai un message à la nouvelle administration américaine et aux Saoudiens: arrêtez vos attaques et nous arrêtons nos attaques. C’est aussi simple que ça », avait clamé Hicham Charaf.

Il avait par ailleurs indiqué que les rebelles étaient intervenus dans la région de Marib, à l’est de Sanaa, contre des «mouvements de groupes extrémistes» venus renforcer les forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

L’aviation saoudienne est intervenue contre les rebelles et «nous nous sommes trouvés dans l’obligation de riposter», avait-il affirmé, en référence déjà à des tirs de drones armés en direction de l’Arabie saoudite.

Les États-Unis ont appelé dimanche les houthis «à cesser immédiatement les attaques qui touchent les zones civiles à l’intérieur de l’Arabie saoudite et à mettre un terme à toute nouvelle offensive militaire au Yémen».

Le nouveau président américain Joe Biden a révisé la politique de son pays à l’égard du conflit, cessant de soutenir militairement les opérations de la coalition au Yémen et retraité les houthis d’une liste d’organisations terroristes.

Mais Washington a réaffirmé son engagement à aider les Saoudiens à protéger leur territoire des attaques étrangères.

À son tour, Paris a appelé mardi les houthis à mettre un terme à leurs «actions déstabilisatrices», se disant «très préoccupée» par leur offensive sur Marib et dénonçant «l’escalade en cours, tant au Yémen qu’à venir de l’Arabie saoudite ».

La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, selon des organisations internationales, et provoqué la pire crise humanitaire actuellement dans le monde, d’après l’ONU.



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