le Tribunal arbitral du sport annule la suspension de l’Iran pour son refus d’affronter Israël


Le judoka iranien Saeid Mollaei, représentant la Mongolie, lors d'une compétition à Tel Aviv, le 19 février.

Près d’un an et demi après la sanction, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a annulé, lundi 1euh mars, la suspension «illimitée» infligée à l’Iran par la Fédération internationale de judo (IJF) en octobre 2019, pour avoir contraint l’un de ses judokas à éviter d’affronter un adversaire israélien.

La juridiction sportive estime que la fédération iranienne a bien «Violations commises de sévères» des règles de l’IJF et doit être sanctionnée, mais pas avec une suspension sans limite de durée, qui n’a «Aucune base légale» dans la réglementation de la Fédération internationale.

Le TAS revient donc ce dossier diplomatiquement épineux à la commission de discipline de l’IJF, qui pourra statuer de nouveau. Dans l’intervalle, les judokas iraniens peuvent de nouveau rêver des Jeux olympiques de Tokyo, qui doivent se dérouler du 23 juillet au 8 août 2021.

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Pression des autorités iraniennes

L’affaire remonte aux Mondiaux 2019 à Tokyo. Saeid Mollaei, alors champion du monde sortant dans la catégorie des moins de 81 kg, avait simulé une blessure à la tête et s’était incliné successivement en demi-finales, puis dans son combat pour une troisième place, se classant finalement cinquième. Le judoka de 27 ans avait alors expliqué avoir subi des pressions des autorités iraniennes en ce sens, pour ne pas combattre contre un israélien en finale, en l’occurrence Sagi Muki, finalement médaillé d’or.

Le 22 octobre 2019, l’autorité du judo mondial avait banni l’Iran de toutes ses compétitions jusqu’à ce que le pays «Apporte de fortes garanties de son respect des statuts de l’IJF et que ses membres acceptent de combattre contre des Israéliens». La Fédération internationale avait estimé que les pressions de sa fédération envers le judoka iranien constituaient une violation de ses règlements concernant «Le respect de l’esprit olympique (…), du principe de neutralité politique et d’universalité », ainsi qu’une manipulation du résultat d’une compétition. Un coup rude pour l’Iran à neuf mois des Jeux olympiques de Tokyo, finalement reportés d’un an, le judo étant l’un des points forts du pays.

L’Iran interdit depuis plusieurs années à ses ressortissants d’affronter des Israéliens lors des compétitions sportives. Plutôt que de refuser ouvertement d’affronter des sportifs ou des équipes de l’Etat hébreu, les sportifs iraniens se débrouillent généralement pour perdre avant que cela n’arrive, se faire disqualifier ou fournir des certificats médicaux témoignant d’une inaptitude à la compétition . Ceux qui se montrent à affronter des athlètes ou équipes israéliennes sont sanctionnés.

Après avoir dénoncé les pressions des autorités iraniennes en 2019, Saeid Mollaei avait refusé de rejoindre son pays par crainte pour sa sécurité et s’est réfugié en Allemagne pour s’entraîner. L’an dernier, le Comité international olympique (CIO) a finalement approuvé la demande du judoka de concourir désormais pour la Mongolie.

Dans un communiqué publié lundi, la Fédération iranienne de judo a salué comme une «Grande victoire» l’annonce du TAS et assurée qu’elle «Continue de se reconnaître comme soumise aux principes de la Charte olympique et aux dispositions du statut de la Fédération internationale de judo». Elle a dit également accueillir «Favorablement les perspectives d’une amélioration de la coopération et de l’interaction avec la Fédération mondiale de judo dans ce cadre».

Mais pas plus tard que début février, le président de la fédération iranienne de judo, Arash Miresmaeili, avait renouvelé ses critiques à l’égard de M. Mollaei, après que celui-ci fut présenté en Israël pour participer à une compétition. Cité par l’agence officielle iranienne Irna, M. Miresmaeili avait alors estimé que ce tournoi n’était pas «Pas un honneur, mais une tache de honte sur le front de Mollaei» qui «A travaillé sous le drapeau mongol pour suspendre 90 000 judokas iraniens».

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Le Monde avec AFP et AP

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