Le retour de l’affaire d’un agriculteur français maintient Monsanto sous les projecteurs juridiques


LYON, France (Reuters) – Un procès vieux de dix ans dans lequel un agriculteur français souffrant de problèmes neurologiques accuse Monsanto de ne pas avoir fourni d’avertissements de sécurité adéquats pour un désherbant revient devant le tribunal mercredi, ajoutant aux allégations de santé auxquelles la société appartenant à Bayer est confrontée.

Paul François, qui dit être tombé malade après avoir inhalé des vapeurs de désherbant Lasso en 2004, a remporté des décisions en 2012 et 2015 qui ont déclaré Monsanto responsable de l’intoxication, avant que le plus haut tribunal français n’infirme ces décisions et n’ordonne une nouvelle audience.

Une cour d’appel de la ville de Lyon, dans le sud-est de la France, entendra les arguments mercredi avant de rendre son verdict à une date ultérieure.

François, qui dit avoir souffert de pertes de mémoire, de maux de tête et de bégaiement, reproche à Monsanto de ne pas avoir donné suffisamment d’avertissements sur l’étiquette du produit.

« Peut-être que nous perdrons contre Monsanto, mais la vraie victoire pour moi, c’est que j’ai converti ma ferme de 200 hectares à la production biologique », a déclaré François, 55 ans, aux journalistes avant l’audience.

« Cette affaire m’a fait ouvrir les yeux et m’orienter vers une autre agriculture. »

Le lasso a été interdit en France en 2007 après que le produit ait déjà été retiré dans certains autres pays.

Bayer a déclaré qu’il ne souhaitait pas commenter spécifiquement l’affaire jusqu’à la décision rendue dans la dernière procédure.

Mais il a ajouté dans un communiqué envoyé par courrier électronique que « l’utilisation de produits phytosanitaires ne présente aucun risque pour la santé humaine lorsqu’ils sont utilisés selon les termes définis dans le cadre de l’autorisation du produit ».

Monsanto, acquis par Bayer l’année dernière, fait également face à des poursuites aux États-Unis pour des liens présumés entre le cancer et des désherbants à base de glyphosate. Lasso a utilisé une substance active différente du glyphosate.

L’année dernière, l’entreprise a été reconnue responsable du cancer en phase terminale d’un jardinier scolaire qui avait utilisé des produits à base de glyphosate.

Il fait appel de ce verdict mais fait face à un autre procès aux États-Unis le mois prochain concernant un couple souffrant d’un cancer.

En France, un tribunal a interdit le mois dernier une version de la gamme de désherbants Roundup de Monsanto pour des raisons de sécurité.

La controverse sur le glyphosate a été alimentée par une conclusion de 2015 de l’agence du cancer de l’Organisation mondiale de la santé selon laquelle la substance était probablement cancérigène.

Le glyphosate a été développé à l’origine par Monsanto, mais il n’est plus breveté et commercialisé dans le monde entier par des dizaines d’autres fabricants de produits chimiques pour les cultures.

Après un débat houleux au sein de l’Union européenne en 2017 qui a conduit à un renouvellement de cinq ans de la licence du glyphosate, le président Emmanuel Macron a déclaré que la France viserait à éliminer progressivement le désherbant en trois ans.

Reportage de Catherine Lagrange à Lyon, reportage complémentaire de Sybille de La Hamaide à Paris, rédaction de Gus Trompiz ; édité par David Evans

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